pourquoi le RER A et le métro parisien risquent le black-out

pourquoi le RER A et le métro parisien risquent le black-out



Une bombe à retardement numérique menace les transports parisiens. La justice vient de condamner Alstom à corriger un bug critique qui pourrait paralyser le RER A et plusieurs lignes de métro dès janvier 2038.

Le scénario semble à peine incroyable, mais la menace est pourtant bien réelle. Le 19 janvier 2038, une partie des transports en commun d’Île-de-France pourrait cesser de fonctionner. C’est la conclusion bien réelle d’un jugement rendu par le tribunal administratif de Paris le 13 novembre dernier, comme l’explique l’Informé.

Au cœur de l’affaire se trouve un « bug de l’an 2038 » dissimulé dans le code des rames fournies par Alstom. Une défaillance qui a poussé la RATP à traîner le géant ferroviaire devant les tribunaux pour éviter la paralysie d’un tiers de son réseau.

Une découverte par pur hasard

L’histoire commence bêtement le 5 octobre 2017. Lors d’une maintenance de routine sur un train MI09 (ceux à deux étages du RER A), des techniciens de la RATP tentent d’entrer une date postérieure à 2037 sur la console de bord. Impossible : le système bloque.

En creusant, la régie découvre le pot aux roses. Les ordinateurs de bord utilisent une architecture 32 bits signés, incapable de représenter une date au-delà du 19 janvier 2038 à 3 heures 14 minutes et 7 secondes.

Pour comprendre : c’est quoi ce « bug de 2038 » ?

Les systèmes informatiques anciens (dits « 32 bits ») ne stockent pas la date comme nous l’écrivons, mais comme un nombre de secondes écoulées depuis le 1er janvier 1970. Le problème, c’est que ce compteur a une fin.

Il arrivera à saturation le 19 janvier 2038 à 03h14 et 07 secondes. Une seconde plus tard, le chiffre « débordera » vers une valeur négative. Résultat : l’ordinateur croira subitement qu’on est retourné le 13 décembre 1901. Pour un logiciel de train qui gère la sécurité et les horaires, ce saut dans le passé provoque un plantage immédiat.

Pire encore, la justice a souligné qu’Alstom avait inséré des lignes de code pour empêcher manuellement la saisie de dates problématiques, qualifiant cette manœuvre de « vice volontairement masqué ».

Plusieurs lignes de métro et du RER A concernés

Ce qui n’était au départ qu’un souci sur le RER A s’est transformé en crise industrielle majeure. Après audit, il s’avère que le bug contamine une grande partie des livraisons d’Alstom effectuées entre 1989 et 2014. Si rien n’est fait, le bug menace de paralyser le RER A (rames MI09 et MI2N), véritable colonne vertébrale des transports européens avec 1,4 million de voyageurs quotidiens.

Le problème s’étend bien au-delà et huit lignes de métro sont touchées. La liste comprend les lignes 1, 2, 4, 5, 6, 9, 11 et 14 équipées de différents modèles comme le MP05 ou le tout récent MP14. Six lignes de tramway sont également concernées (T3, T3b, T5, T6, T7 et T8).

Alstom au pied du mur : 5 ans pour réparer

Le tribunal n’a pas été tendre avec le constructeur français. Il rejette l’argument d’Alstom selon lequel la RATP aurait dû connaître ces limites techniques, la justice a imposé un calendrier de réparation ultra-serré sous peine de sanctions financières lourdes.

Le plan de bataille imposé est clair. Le constructeur dispose d’abord de douze mois pour établir un état des lieux complet, suivis de vingt-quatre mois pour développer et tester une solution technique. Enfin, le déploiement sur l’ensemble du parc devra être réalisé dans les deux années suivantes.

L’épée de Damoclès est financière et chaque mois de retard coûtera 100 000 euros à Alstom. Si le problème n’est pas intégralement réglé d’ici novembre 2030 (soit dans 5 ans), l’astreinte grimpera à 1 million d’euros par mois. Pour l’heure, Alstom a annoncé faire appel de la décision, tandis que la RATP garde le silence. La course contre la montre numérique est lancée.

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