De retour de Pékin, Emmanuel Macron tape du poing sur la table. Il menace la Chine de droits de douane imminents pour sauver une industrie européenne prise en étau.
Fini les courbettes diplomatiques. De retour de son quatrième voyage officiel en Chine, le président français a troqué les sourires de façade pour un ultimatum clair et net. Dans un entretien accordé aux Échos, Emmanuel Macron ne mâche pas ses mots : si Pékin ne réduit pas drastiquement son excédent commercial, l’Europe sortira l’artillerie lourde « dans les tout prochains mois ».
On ne parle plus ici de négociations à l’horizon 2030, mais d’une réaction d’urgence. L’objectif est d’enrayer une machine économique chinoise qui menace d’engloutir l’industrie du Vieux Continent.
L’Europe prise en étau entre Washington et Pékin
Le constat de l’Élysée est alarmant et le président français assure que c’est une « question de vie ou de mort » pour nos usines européennes. Le déficit commercial avec l’Empire du Milieu a dépassé les 300 milliards d’euros l’an passé. Un chiffre vertigineux, symbole d’une Union européenne coincée entre deux géants.
D’un côté, la Chine inonde le marché de produits subventionnés (voitures électriques, tech, machines-outils). De l’autre, les États-Unis de Donald Trump ont verrouillé leurs frontières avec des tarifs douaniers prohibitifs (environ 47 % malgré un accord récent). Résultat mathématique ? L’Europe devient le déversoir mondial des surcapacités chinoises.
« Nous sommes devenus le marché d’ajustement et c’est le pire des scénarios », fustige le chef de l’État.
Pour Emmanuel Macron, l’Union européenne doit cesser d’être naïve et calquer sa réponse sur le modèle américain en imposant, si nécessaire, des barrières tarifaires strictes.
À lire aussi : L’Europe va subir « des arrêts de production imminents » dans ses usines : cette entreprise de semi-conducteurs sonne l’alerte
La stratégie du « produisez chez nous ou payez »
Mais attention, l’idée n’est pas seulement de fermer la porte. La stratégie française repose sur un chantage à l’investissement assumé. Vous voulez vendre vos smartphones, vos batteries et vos voitures électriques aux consommateurs européens ? Très bien, mais venez les fabriquer ici.
Emmanuel Macron appelle à inverser la logique des 25 dernières années. À l’époque, Airbus ou EDF devaient transférer leurs technologies pour accéder au marché chinois. Aujourd’hui, ce serait au tour de BYD, CATL, Xiaomi, Xpeng ou encore SAIC (MG, Maxus) de venir poser leurs valises sur le sol européen.
Les secteurs visés sont stratégiques, comprenant la mobilité électrique avec les batteries et le raffinage du lithium, l’énergie avec l’éolien et le photovoltaïque, ainsi que la technologie, notamment la robotique industrielle et l’électronique grand public.
Cependant, le président pose une ligne rouge : ces investissements ne doivent pas être « prédateurs ». Pas question de créer de nouvelles dépendances ou de laisser Pékin piller le savoir-faire local.
L’Allemagne, le frein à main de l’Europe ?
Pour que cette menace de droits de douane soit crédible, l’Europe doit parler d’une seule voix. Et c’est là que le bât blesse.
Si la France pousse pour une ligne dure, l’Allemagne hésite encore et Berlin, dont l’industrie automobile dépend lourdement de ses exportations vers la Chine, craint des représailles immédiates. « L’Allemagne bouge (…) mais elle n’est pas encore totalement sur notre ligne », reconnaît Emmanuel Macron.
À lire aussi : Pour réduire leur dépendance à la Chine, les industries européennes bientôt contraintes de se fournir en partie en Europe ?
Pour sortir de l’impasse, le président français prône une relance massive de la compétitivité européenne via le rapport Draghi : simplification administrative, union des marchés de capitaux et, surtout, une politique monétaire de la BCE moins focalisée sur l’inflation et plus soucieuse de la croissance.
La balle est désormais dans le camp de Pékin. Sans geste fort de leur part, la guerre commerciale pourrait bien s’intensifier avant l’été.
👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google Actualités, abonnez-vous à notre canal WhatsApp ou suivez-nous en vidéo sur TikTok.