Microsoft a-t-il fait preuve d’abus de position dominante ? En incluant son application Teams dans sa suite Office, le géant du numérique ne laisserait aucune chance à ses concurrents comme Slack ou Zoom d’être installés par les utilisateurs : de quoi potentiellement constituer une entrave au droit de la concurrence européen, estime la Commission européenne qui a adressé des griefs préliminaires à l’entreprise américaine.
Microsoft a-t-il trop favorisé Teams, au détriment de ses concurrents Slack et Zoom dans l’univers de la vidéoconférence ? C’est ce que laisse entendre la Commission européenne, qui a remis ce mardi 25 juin à la société américaine des « griefs préliminaires ». Il s’agit de la dernière étape avant que Bruxelles ne prenne une décision définitive dans le cadre de son enquête ouverte depuis juillet 2023 contre Microsoft. Selon l’exécutif européen, le géant de Redmond a donné à son application de vidéoconférence Teams un « avantage indu », qui a nui à ses concurrents, à savoir Slack et Zoom.
Ses clients, une fois abonnés à Office 365 ou Microsoft 365, n’auraient pas le choix d’accéder à Slack et Zoom, estime la Commission. « Si cet avantage indu est confirmé, la conduite de Microsoft serait illégale au regard de nos règles de concurrence », a précisé Margrethe Vestager, la commissaire européenne en charge de la Concurrence, citée dans le communiqué.
Des changements insuffisants pour rétablir la concurrence ?
L’enquête pour abus de position dominante avait commencé en juillet 2023, après la plainte de Salesforce déposée trois ans plus tôt – cette société est propriétaire de Slack, un concurrent de Teams. Pour Sabastian Niles, son président cité par le Financial Times, les accusations préliminaires portées contre Microsoft constituent « une victoire pour le choix des clients et une affirmation que les pratiques de Microsoft avec Teams ont nui à la concurrence ».
En octobre dernier pourtant, Microsoft avait annoncé séparer son application Teams de ses suites Office 365 et Microsoft 365, pour l’Europe. Cette scission avait été appliquée au monde entier en avril dernier. Les clients de Microsoft peuvent désormais acquérir la suite Office 365 et Microsoft 365 sans l’application de visioconférence, à un prix inférieur. Mais « à titre préliminaire, ces changements sont insuffisants pour répondre à (nos) préoccupations et il est nécessaire de modifier davantage le comportement de Microsoft pour rétablir la concurrence », écrit la Commission dans son communiqué.
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Microsoft risque une amende salée
Le problème de concurrence se poserait particulièrement dans ses services à la demande (Software as a service, SaaS) de ses offres de cloud computing (informatique en nuage). Bruxelles « craint que, depuis avril 2019 au moins, Microsoft ait lié Teams à ses principales applications SaaS, restreignant ainsi la concurrence ». Cette restriction « a pu être exacerbée par les limitations d’interopérabilité » entre les logiciels de Microsoft et les applications de visioconférence concurrentes comme Slack et Zoom.
Microsoft « a maintenant la possibilité de répondre aux préoccupations » de Bruxelles – donc à ces « griefs préliminaires », par écrit ou oral. La Commission, une fois ces commentaires reçus, pourra prendre une décision finale, qui pourrait aboutir à une amende allant jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial de Microsoft.
Réagissant à l’annonce, Brad Smith, à la tête du géant du numérique, a rappelé que sa société avait « dégroupé Teams et pris des mesures initiales en matière d’interopérabilité ». L’entreprise déclare auprès du Financial Times « apprécier la clarté supplémentaire apportée aujourd’hui ». Elle compte « trouver des solutions pour répondre aux préoccupations restantes de la Commission ».
Depuis plusieurs mois, l’Europe examine de très près les activités du géant du numérique, dont notamment son investissement colossal dans OpenAI.
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Source :
Communiqué de la Commission européenne du 25 juin 2024