Microsoft, le partenaire clé d’OpenAI qui a investi des milliards dans la start-up d’IA, a décidé de quitter son siège d’observateur du conseil d’administration d’OpenAI, soupçonné en Europe et aux États-Unis de pratiques anti-concurrentielles. Un gage de bonne volonté pour le géant des logiciels, qui fait l’objet d’une enquête rapprochée des autorités antitrust, de part et d’autre de l’Atlantique ?
C’est un poste sans droit de vote qui lui permettait d’avoir accès à des informations hautement confidentielles : Microsoft renonce pourtant à sa position d’observateur au sein du conseil d’administration d’OpenAI, l’entreprise à l’origine de ChatGPT. C’est ce qu’on apprend dans une lettre envoyée mardi 9 juillet à la société dirigée par Sam Altman : le géant américain des logiciels précise qu’il démissionne avec effet immédiat, rapporte l’agence de presse Reuters, ce mercredi 10 juillet. « Au cours des huit derniers mois, nous avons été témoins des progrès significatifs réalisés par le nouveau conseil d’administration et nous sommes confiants dans la direction de l’entreprise », déclare la firme de Redmond.
Son rôle d’observateur, acquis en novembre 2023 après l’épisode du limogeage puis du retour de Sam Altman, a permis de mieux comprendre le travail de transition du conseil d’administration sans compromettre son indépendance, prend soin de préciser Microsoft. Le conseil d’administration d’OpenAI aurait acquis suffisamment de stabilité pour que la participation du géant des logiciels ne soit plus nécessaire, ajoute-t-elle encore.
Microsoft cherche à montrer patte blanche
Et si l’entreprise américaine prend la peine de parler d’indépendance et de stabilité, cela est loin d’être anodin. L’entreprise cherche à rassurer, soupçonnée de pratiques anticoncurrentielles depuis son investissement massif dans OpenAI, la société qui a lancé ChatGPT et la vague d’engouement autour de l’IA générative.
Cet investissement de janvier 2023 de 13 milliards de dollars n’a pas échappé aux différentes autorités de la concurrence. Outre Atlantique, la Federal Trade Commission cherche à savoir si Microsoft a structuré son rapprochement avec OpenAI pour éviter de tomber sous le coup d’une enquête antitrust. Au Royaume-Uni, la Competition and Markets Authority se demande si ce partenariat doit être considéré comme une fusion. À Bruxelles, même questionnement : la Commission européenne s’interroge sur une possible application des règles européennes relative au droit de la concurrence en cas de fusions ou acquisitions, précisait-elle en janvier dernier. Fin juin, elle a finalement estimé que Microsoft n’avait pas acquis un contrôle durable sur OpenAI, sans pour autant clôturer le dossier. Bruxelles étudie désormais l’accord entre les deux entreprises et ses clauses d’exclusivité, qui pourraient avoir un effet négatif sur la concurrence.
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Bien que Microsoft n’ait officiellement aucun pouvoir décisionnel au sein d’OpenAI, et que son poste au conseil d’administration soit limité à une fonction d’observation sans droit de vote, son rôle joué pendant la crise interne de novembre dernier a montré que l’entreprise de Satya Nadella était un partenaire qui pesait lourd, voire très lourd. Ce siège au sein du conseil d’administration lui permettait de connaître la stratégie interne du groupe, ainsi que d’autres informations confidentielles. Pour Microsoft, son partenariat avec OpenAI a au contraire favorisé l’innovation et la concurrence dans le domaine de l’IA, tout en préservant l’indépendance des deux entreprises. La place laissée vacante va-t-elle être occupée par un autre partenaire clef ? La réponse serait négative, avance le Financial Times.
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Source :
Reuters