À l’instar de la répartition des numéros de téléphones fixes et mobiles en France, l’indicatif national et régional permet au monde entier de veiller à offrir à chaque ligne un numéro unique. En France, les numéros commencent par +33. Qui en a décidé ainsi ? Pour trouver une explication, il faut remonter dans les années 1950.
Avec la démocratisation des appels à l’étranger et des services internationaux, renseigner « +33 » devant un numéro de téléphone est devenu un réflexe habituel. Que l’on souhaite contacter un ami dans un autre pays ou renseigner son propre numéro de téléphone pour réserver un billet d’avion, l’indicatif 33 précédé par le symbole + s’invite partout, jusqu’à faire de l’ombre au « 06 ».
Son usage est moderne, mais son histoire est particulièrement ancienne et peu comprise. Le +33 remonte à bien des années avant l’émergence des appels internationaux, des téléphones portables et de l’ère d’Internet. De quoi se demander comment ces indicatifs ont été créés, par qui, et comment l’ordre a-t-il été pensé. Du +1 aux États-Unis, au +7 en Russie, +44 en Angleterre ou encore +998 à l’Ouzbékistan… la répartition semble illogique.
Avant de se pencher sur l’explication, rappelons ce qu’est (et ce que n’est pas) un indicatif téléphonique. Tout d’abord, le symbole + remplace en réalité 00. Un numéro en +33 s’écrit donc aussi 00 33. Pour un numéro français, l’indicatif se limite au 33 – ce qui veut dire que le reste des chiffres sont liés au numéro et non à l’indicatif.
En même temps, le 0 du « 06 » doit être enlevé quand l’on renseigne un indicatif et un numéro. Cela veut dire que l’on n’écrit pas « +33 06 » mais « +33 6 ». L’erreur n’est pas grave lors d’une composition, car votre opérateur devrait faire automatiquement la correction, mais il est important de bien l’écrire lors du remplissage d’un formulaire manuscrit par exemple.
Tous les pays ne possèdent pas deux chiffres dans leur indicatif. D’où l’importance de bien les connaître ou du moins celui que l’on est à même d’utiliser. Les indicatifs peuvent être avec seulement un chiffre (comme aux États-Unis avec le +1) mais aussi de trois chiffres (comme au Portugal avec le +351).
Qui est derrière la création du +33 et des indicatifs des pays ?
L’histoire derrière ces préfixes est riche de sens et d’intérêt. La création de l’indicatif téléphonique repose sur l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), née en 1865 après la signature de la Convention télégraphique internationale à Paris. Avec son intégration aux Nations unies en 1947, elle est devenue celle qui supervise, normale et réglemente les télécommunications internationales.
Le plan de numérotation avec les indicatif internationaux fut mentionné pour la première fois en 1956 et l’année de l’installation du premier câble transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis. Il fut ensuite déployé au cours des années 1960.
Pour veiller à ce que chaque numéro soit unique et que les communications téléphoniques puissent passer les frontières, l’agence a fait naître ces indicatifs. Ce fut l’un des principaux travaux qui suivit l’attribution des bandes hertziennes pour les radiocommunications.
Aujourd’hui, l’UIT travaille sur convergence fixe-mobile et poursuit l’assignation de l’orbite des satellites. Le domaine de l’’intelligence artificielle et de l’Internet haut débit, y compris de l’Internet par satellite comme Starlink, sont de gros sujets aussi, en plus de la démocratisation des accès dans les pays en voie de développement.
Pourquoi +33 ? Comment est déterminé l’ordre des indicatifs ?
La seconde grande question que l’on peut se poser concerne la répartition. Comment a-t-on choisi que la France soit le numéro 33 ? Existe-t-il une logique dans l’ordre ? La réponse est non. Mais cela ne veut pas dire que la répartition est aléatoire ou illogique. Les États-Unis ont par exemple hérité du numéro 1 comme indicatif, car ses organismes travaillaient déjà sur un système équivalent à l’échelle du pays : le NANP (plan de numérotation nord-américain) en 1947.
Grâce à son influence et son poids dans les négociations et dans l’industrie, le pays a pu garder le +1 après l’arrivée de la numérotation directe internationale (IDD) en 1957. Une conservation d’autant plus importante que d’autres pays s’étaient déjà greffés au système nord-américain, comme le Canada et plusieurs pays dans les Caraïbes. Aujourd’hui encore, tous se partagent l’indicatif et se différencient par des indicatifs régionaux, voire locaux, qui succèdent au +1. Aux États-Unis, on en compte plus de 900.
Le reste du monde a vu son indicatif téléphonique attribué en fonction de neuf zones qui ont permis de couvrir tous les continents (sauf l’Antarctique). L’Europe est devenue la zone 3 et 4, l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale la zone 5, l’Afrique la zone 2, la Russie la zone 7, le Moyen-Orient la zone 9, l’Asie la Zone 8 et l’Océanie la zone 8.
Certains pays, comme la France, qui avaient plus de poids dans les négociations dans les années 50/60, ont pu hériter d’indicatifs plus « simples », d’où la répétition du 3 dans l’indicatif français (+33). L’idée n’était donc pas d’être le 33e pays de l’ordre de répartition pour la France, mais le plus simple et rapide à composer de la zone 3. Cette logique se retrouve en zone 4 avec l’Angleterre, qui a récupéré l’indicatif +44.
En zone 9, l’indicatif +90 fut récupéré par la Turquie, suivie par l’Inde en +91 et +92 pour le Pakistan. En zone 2, pour l’Afrique, c’est l’Égypte qui hérite du +20. En Zone 3, le +30 est relatif à la Grèce.
Parmi les indicatifs, le plus éloigné du +1 est celui de l’Ouzbékistan, avec +998. Les indicatifs qui le suivent sont uniquement des indicatifs complétés de suffixes reliés aux régions. Cela concerne principalement les pays des Caraïbes sous le système nord-américain en +1. Sainte-Lucie, au sud de la Martinique, possède ainsi l’indicatif +1758.
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