C’est l’une des annonces les plus inattendues de l’histoire de la Silicon Valley. Pour tenter de refléter le sentiment de surprise ressenti, certains connaisseurs de la tech convoquaient, vendredi sur X, le souvenir du limogeage du PDG d’Apple, Steve Jobs,en 1985, pourtant considéré comme l’un des patrons les plus emblématiques du secteur. Vendredi 17 novembre, le conseil d’administration d’OpenAI a démis Sam Altman, son directeur général et cofondateur. Quasiment un an, jour pour jour, après le lancement à succès du robot conversationnel ChatGPT, qui a ravivé l’intérêt dans l’intelligence artificielle, le patron de la start-up la plus en vue du secteur a été poussé vers la sortie. Cette mise à l’écart est le résultat d’un coup interne qui trouve ses raisons dans des divergences sur la stratégie d’OpenAI, tournée, aux yeux de certains de ses collègues, vers un développement commercial trop rapide et imprudent. Le changement de tête reflète aussi l’ambiguïté du projet d’OpenAI, à la structure atypique, et du discours de Sam Altman, qui s’annonce, lui, déjà prêt à rebondir.
Une chose est certaine : aucun signe avant-coureur extérieur n’annonçait le communiqué d’OpenAI proclamant « une transition du leadership » au nom du fait que « le conseil d’administration n’a plus confiance dans la capacité de Sam Altman à diriger la structure ». Vendredi matin, le PDG envoyait encore des e-mails professionnels, rapporte l’agence Bloomberg. La veille, il faisait partie des VIP invités au forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), à San Francisco, et avait participé à une réunion avec Microsoft, le partenaire et investisseur majeur dans OpenAI. Selon plusieurs médias américains, le géant de Seattle n’était pas non plus au courant du changement à venir. La semaine précédente, Sam Altman était sur scène à présenter des nouveautés pour la première journée des développeurs d’OpenAI. Et, début novembre, il côtoyait tout le gratin du secteur et un parterre d’hommes et femmes d’Etat de vingt-huit pays pour le premier sommet sur les risques de l’intelligence artificielle, au Royaume-Uni.
Selon Greg Brockman, qui était président du conseil d’administration, mais a annoncé son départ en raison de l’exclusion de Sam Altman, le communiqué est le résultat d’un coup interne. « Sam et moi sommes choqués et triste de ce qu’a fait le conseil », a-t-il écrit sur X. Selon son récit, M. Altman a reçu, jeudi soir, un message d’Ilya Sutskever, un des membres du conseil et cofondateur d’OpenAI, le conviant, vendredi midi, à une visioconférence avec le conseil, au cours de laquelle son éviction lui a été signifiée.
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