Une pancarte jaune sur laquelle sont dessinées des manettes de console et l’inscription « Keep out » (« ne pas entrer ») est collée sur la porte de la salle N-105 du collège Paul-Verlaine des Mureaux, dans les Yvelines. Elle pourrait décorer n’importe quelle chambre d’adolescent, à un détail près : l’inscription « Pédago Gaming Zone » (« zone de jeu pédagogique »). De quoi rappeler le cadre scolaire des ateliers mêlant apprentissage et jeux vidéo qui s’y déroulent chaque jeudi, de 14 heures à 18 heures.
A l’intérieur, sont branchées des PlayStation 5, des Nintendo Switch et des rangées d’ordinateurs. Des équipements financés par Seine-et-Yvelines numérique, l’opérateur numérique du conseil départemental, qui initie et subventionne les ateliers e-sport dans trois établissements : aux Mureaux donc, mais aussi à Chatou et à Trappes. Alléchante pour tout amateur de mondes vidéoludiques, l’installation laisse envisager que la vingtaine d’élèves qui compose chaque groupe va se ruer bruyamment dessus comme sur un goûter d’anniversaire. Mais, au contraire, les collégiens s’installent sagement à des tables disposées en U et attendent que l’intervenant fasse l’appel à chaque début d’atelier.
« Ici, il n’y a aucun problème de discipline », confirme Zoufir Harnoufi, professeur de sciences de la vie et de la Terre (SVT) depuis vingt ans dans ce collège classé réseau d’éducation prioritaire (REP). Tous les participants savent bien que le moindre écart sera sanctionné. « Quelque part, ils n’ont pas envie de décevoir car, nous, on ne les a pas déçus. On leur a promis des choses, on a du matériel et on est toujours au rendez-vous », détaille celui qui s’occupe des ateliers de façon bénévole, sous l’impulsion de la délégation au numérique de l’académie de Versailles qui copilote le projet lancé à la rentrée 2021.
Introduction à « LoL »
Chaque session dure une heure et rassemble des élèves de niveaux différents. Les quinze premières minutes sont consacrées à une présentation portant sur une facette de la pratique compétitive du jeu vidéo, l’e-sport. Elle est assurée par un membre d’ArmaTeam, qui figure parmi les pionniers de la discipline en France. Ce jour-là, Emmanuel Jocsan, chef de projet dans la structure francilienne, expose ainsi les bases de League of Legends, qui se joue à cinq contre cinq et qui permet de travailler la cohésion de groupe, la stratégie et la réactivité. Beaucoup connaissent déjà le jeu, dont les compétitions rassemblent des millions de spectateurs.
Il n’est donc pas question ici de paresser devant l’écran ou simplement de se divertir : il s’agit d’une véritable initiation aux exigences du sport électronique. « Quand elles s’intéressent à nos ateliers, la plupart des personnes extérieures songent tout de suite aux jeux vidéo de salon. Mais le jeu vidéo en compétition, ce n’est pas du tout la même chose. Là, il y a des défis à relever, de la stimulation et de l’émulation », souligne M. Harnoufi.
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