Pavel Durov, le fondateur de l’application controversée Telegram, croise le fer avec Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris. Après le partage d’un étonnant auto-portrait pour célébrer Pâques, le franco-russe a déploré sur son channel personnel sur Telegram les dernières déclarations du haut fonctionnaire français.
« Comme je l’ai déjà dit, Telegram préfèrera quitter un marché plutôt que de compromettre le chiffrement par des portes dérobées et de violer [ainsi] les droits humains fondamentaux, assure Pavel Durov. Contrairement à certains de nos concurrents, nous ne troquons pas la confidentialité contre des parts de marché. »
Telegram founder and CEO Pavel Durov has taken a page out of Signal’s book and says he’ll pull the app out of France if officials demand an encryption backdoor.
t.me/durov/410
— Catalin Cimpanu (@campuscodi.risky.biz) 21 avril 2025 à 23:17
Faire « mieux comprendre »
Le fondateur de Telegram faisait à la fois référence au débat législatif, actuellement clos, autour de la création de portes dérobées pour lutter contre le narcotrafic, et aux récentes déclarations du préfet de police de Paris. Interviewé par BFMTV, ce dernier avait signalé le besoin de faire plus de pédagogie pour expliquer pourquoi les services de police pourraient avoir besoin d’accéder au contenu de boucles Telegram, par exemple.
Laurent Nuñez avait au départ été questionné sur les attaques récentes contre les centres pénitentiaires revendiquées par une boucle Telegram dénommée « DDPF ».
« J’espère qu’à travers cette affaire, on va progresser et mieux comprendre pourquoi les services de renseignement et les services de police judiciaire veulent pouvoir accéder » aux contenus de ces chaînes, précisait le chef des policiers parisiens.
Redorer son blason
Une remarque aussitôt contestée par Pavel Durov. « Conformément à la législation européenne sur les services numériques, sur décision de justice valide, Telegram ne divulgue que les adresses IP et les numéros de téléphone des suspects, et non leurs messages », rappelle-t-il.
Une façon pour le fondateur de l’application, mis en examen par la justice française, de redorer son blason autour d’une cause faisant consensus, la défense de la vie privée. Au risque de mélanger les torchons et les serviettes. La plupart des messages de l’application Telegram ne sont en effet pas chiffrés. L’entreprise peut donc y accéder sur ses serveurs, sans besoin d’une porte dérobée. Quant au contenu des chaînes, il est le plus souvent public, accessible en rejoignant le channel.
En 2024, Telegram a répondu à 893 réquisitions judiciaires hexagonales concernant 2072 utilisateurs. Des demandes essentiellement envoyées au dernier trimestre, après le début des déboires judiciaires de Pavel Durov.. Ce dernier est accusé de laisser prospérer des criminels en ne coopérant pas assez avec la justice.