La nomination de Michel Barnier à Matignon est-elle une bonne nouvelle pour les acteurs de la tech ? A priori, l’homme politique de 73 ans n’est pas connu pour son appétence particulière pour les sujets liés au numérique. Des différents postes ministères qu’il a occupé par le passé, le nouveau Premier ministre a avant tout développé une expertise dans les domaines de l’agriculture et de l’environnement.
Connaissant parfaitement les rouages de la Commission européenne, l’ancien commissaire européen au Marché intérieur et aux Services est toutefois connue pour ses prises de position en faveur de la souveraineté. Dans un discours datant de juillet 2013, Michel Barnier vantant les mérites d’un marché unique du numérique.
Près de dix ans plus tard, lors de sa candidature à l’investiture des Républicains à la présidentielle de 2022, le Savoyard entendait « restaurer la souveraineté de la France », en réduisant notamment sa dépendance à l’égard géants technologiques américains ou chinois. Il proposait la création d’un fonds souverain national, doté de 300 milliards d’euros, et le doublement des crédits de la recherche pour soutenir les secteurs stratégiques.
Un ardeur défenseur de la souveraineté
Plus récemment, dans une tribune publiée en avril 2023, l’ancien négociateur en chef du Brexit plaidait pour « une France souveraine dans une Europe indépendante ». « Nous avons besoin de l’Europe pour nous libérer de la position dominante de la Chine sur la production de biens essentiels comme les médicaments, certains composants électroniques et l’approvisionnement en matières premières stratégiques comme les terres rares », expliquait-il.
En cela, le nouvel homme fort de Matignon rejoint les positions d’un autre commissaire européen, Thierry Breton, visant notamment à renforcer le secteur des télécoms. Le discours de Michel Barnier entre également en résonance avec les propositions du rapport sur l’état du marché unique de l’Union européenne. Son rapporteur, Enrico Letta ancien Premier ministre italien, préconise d’harmoniser le cadre réglementaire afin de faciliter l’émergence d’opérateurs télécom paneuropéens.
« Avec Michel Barnier, Emmanuel Macron nomme un promoteur de la souveraineté européenne à Matignon », en conclut le site Contexte qui estime que celui-ci s’inscrit dans le projet d’une Europe « plus puissante et plus souveraine » telle que le président de la République l’avait formulé dans son discours « Sorbonne 2 ».
A quand un « vrai » ministère du numérique ?
PDG du provider français Clever Cloud qui se positionne sur le marché du cloud de confiance, Quentin Adam enjoint, dans un tweet, Michel Barnier à défendre cette ligne souverainiste afin de devenir « maître de notre destin numérique ».
« Trois mois d’inaction et de perdu cet été, et Elon Musk a déjà pris la tête des supercalculateurs. Pendant qu’on réfléchit, l’IA, la cybersécurité et l’informatique quantique avancent à toute vitesse. »
Pour « rattraper notre retard », le dirigeant défend la création d’un « ministère du numérique de plein exercice ». Une cause qu’il avait défendue lors des présidentielles de 2022 dans une tribune qu’il avait cosignée avec Gilles Babinet (CNNum), Michel Paulin (OVHCloud) ou Alexandre Zapolsky (Linagora).
Marina Ferrari reconduite dans ses fonctions ?
Une appel qui n’a pas entendu. Avec la nomination de Marina Ferrari en tant que secrétaire d’Etat au numérique, à la suite de Jean-Noël Barrot qui, lui, était ministre délégué, le numérique se voyait relégué au 31ème rang protocolaire au sein du gouvernement Attal.
Une Marina Ferrari qui souhaiterait visiblement être reconduite dans ses fonctions. La députée MoDem de Savoie et conseillère municipale d’Aix-les-Bains a immédiatement salué la nomination du natif de La Tronche dans l’Isère, ancien député de Savoie, élu à 27 ans.
Abonnée au profil de Michel Barnier sur X, au même titre que le compte « Souveraine Tech », elle a adressé, dans un tweet, ses vœux de succès et ses « chaleureuses félicitations » à Michel Barnier. « Je connais ses qualités et je sais qu’il mettra son enracinement local comme son expérience nationale et internationale au service de la réussite de notre pays. » Difficile de faire un appel de pied plus direct.
Crédit photo : Alexandra Lebon – Matignon
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