Réseaux télécoms vulnérables, ce qu’il faut faire immédiatement p …

Réseaux télécoms vulnérables, ce qu’il faut faire immédiatement p ...



Vandalisme, sabotage, tempête, incendie de forêt, inondation, tremblement de terre…. Entre les actes de malveillance et les aléas climatiques, les réseaux de fibre optique ou mobiles 4G/5G sont exposés à une multitude de risques.

Avec des conséquences immédiates. Des câbles sectionnés par des activistes ou des poteaux couchés par une tornade et ce sont toute de suite des milliers de particuliers et d’entreprises qui se retrouvent sans accès internet ni téléphonie plusieurs heures durant.

L’actualité récente a montré que ces blackouts n’étaient pas exceptionnels. Au plus fort de la tempête Ciaran, en octobre 2023, plus d’un million et demi de Français étaient privés de tout moyen de communication. Plus récemment, en décembre, le passage dévastateur du cyclone Chido a coupé l’île de Mayotte du reste du monde.

La résilience de ces réseaux constitue donc un intérêt majeur afin d’assurer une continuité ou reprise d’activité rapide des communications en cas d’interruption. Dans un note de synthèse, l’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms présente les menaces qui pèsent sur les réseaux télécoms et émet des recommandations pour y faire face.

La multiplicité des acteurs complique la gestion de crise

Trois grands types de risques sont identifiés. Il y a tout d’abord les risques organisationnels. Le déploiement de la fibre optique a entraîné une démultiplication du nombre d’opérateurs déployant et exploitant ces réseaux sur le territoire national, entre opérateurs commerciaux et opérateurs d’infrastructure, sans compter leurs sous-traitants.

Il existe ainsi 85 opérateurs d’infrastructure fibre contre un seul (Orange) pour le réseau cuivre. Cette fragmentation dilue la responsabilité entre ces nombreux acteurs. Il en va de même pour les réseaux mobiles. Les opérateurs ont externalisé tout ou partie de leurs antennes relais et  pylônes à des sociétés spécialisées, les « tower companies » (ou towercos), « devenant ainsi dépendant  de la gestion qu’ils en feront ».

Avec la cloudification des infrastructures télécoms, les hyperscalers américains (Microsoft  Azure, Google Cloud et Amazon Web Services) sont désormais en mesure d’héberger les fonctions de cœur de réseau et de fournir aux opérateurs des services innovants. Une dépendance de plus.

Une meilleure coordination sur le terrain

Cette multiplicité d’acteurs complique la gestion de crise et les interventions sur site. Les plans ORSEC départementaux ne disposent pas toujours des contacts des différents intervenants de la chaîne. L’Arcep juge donc opportun « que les préfectures disposent d’une liste des contacts locaux chargés de la gestion de crise chez chaque opérateur d’infrastructure présent sur leur territoire. »

Il s’agit également d’assurer une meilleur coordination entre acteurs. « Selon le type d’incident, l’opérateur d’infrastructure peut ne pas en être informé d’un incident en l’absence de signalement transmis par les opérateurs commerciaux ou par leurs clients ». « La source du problème n’est pas toujours identifiable (poteau tombé, chute d’arbre…) ainsi, le niveau d’information relatif à une panne n’est pas identique pour tous les acteurs de la chaîne ».

La note rappelle que l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et la Banque des territoires ont présenté, en novembre 2023, un guide méthodologique pour aider les collectivités à élaborer un schéma local de résilience (SLR).

Le maillon faible des câbles sous-marins

La deuxième catégorie de risques est d’ordre technologique. « Le bon fonctionnement d’internet dépend notamment de la connectivité internationale. Dans ce contexte, l’infrastructure des câbles sous-marins qui achemine la majorité du trafic international de données, constitue un maillon essentiel de l’écosystème. » Un maillon parfois faible. Dans le contexte géopolitique actuel, les opérations de de sabotage se multiplient en mer Baltique.

Autre point de fragilité : la virtualisation croissante des réseaux. Définis par les logiciels (Sofware defined networking), ils deviennent des plateformes programmables qui peuvent être appelés par APIs (interfaces de programmation d’applications) pour monitorer l’infrastructure ou développer de nouveaux services.

Cette virtualisation et programmation logicielle augmente la surface des risques cyber. « Une telle ouverture augmente les possibilités d’attaque et de compromission du réseau par des tiers et il convient d’inclure ces nouveaux risques dans la stratégie de protection des opérateurs contre les menaces cyber. »

Vents violents, inondations, incendies, tempêtes solaires

Enfin, l’Arcep évoque les risques naturels. Des vents violents précipitent la chute des arbres sur les poteaux et les lignes aériennes. De fortes précipitations entrainent des inondations et des crues pouvant emporter des infrastructures enfouies.

Les épisodes de sécheresse et les fortes canicules facilitent, quant à eux, les incendies et sont susceptibles perturber les centres de données en poussant à leurs limites les systèmes de climatisation. Moins connues, les éruptions solaires et les tempêtes électromagnétiques qu’elles engendrent ont non seulement la capacité de perturber les communications, d’endommager les satellites mais également les équipements au sol.

« Facteur aggravant, les effets du changement climatiques devraient se traduire, d’une part, par une amplification des phénomènes connus en fréquence et en intensité et, d’autre part, faire peser de nouveaux risques climatiques sur des territoires jusqu’alors épargnés », alerte l’Arcep.

L’internet satellitaire, la roue de secours en cas de catastrophe naturelle

En cas de catastrophe naturelle, l’internet satellitaire se pose comme alternative quand les réseaux traditionnels sont à l’arrêt. Avec sa valise SafetyCase, Orange propose un kit d’accès permettant aux services de secours aux collectivités sinistrées de pouvoir communiquer dans l’attente d’un retour à la normale.

Plus structurellement, la résilience des réseaux passe par leur enfouissement alors que la France, à la différence de la Belgique ou de l’Allemagne, a fait le choix de s’appuyer sur plus de 500 000 kilomètres de réseaux aériens. Particulièrement vulnérables, les poteaux de téléphonie ou d’électricité servent de support pour assurer la desserte des câbles.

Au-delà de ces travaux lourds d’enfouissement qui se chiffrent en milliards d’euros, l’Arcep conseille de « renforcer les bracons d’antennes de faisceaux hertziens pour résister aux vents violents et éviter les dépointages », de surveiller les zones à élaguer et de sécuriser les éléments du réseau (backbone, nœuds de raccordement optique, locaux et chambres d’accès…).

Il s’agit également de mettre en place des dispositifs de surveillance météorologique et de renforcer les astreintes en amont d’un événement climatique hors normes afin d’intervenir plus rapidement et, enfin, de disséminer sur le territoire des stocks de matériels de rechange comme des  câbles de fibre, des armoires de rue ou des groupes électrogènes.

Crédit : visuel généré par IA, Microsoft Bing



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