ROI des projets numériques de l’État : la grande inconnue

ROI des projets numériques de l’État : la grande inconnue



La startup nation tarde à se glisser dans les rouages des projets informatiques de l’État. C’est ce que suggère un rapport de la Cour des Comptes intitulé “Mieux suivre et valoriser les gains de productivité de l’État issus du numérique.”

Car dans ce secteur, la marge de progression demeure plus que conséquente. Alors même que l’État “doit désormais consentir des efforts importants pour redresser la situation des finances publiques”, ces défaillances tombent mal.

La productivité rarement un objectif des projets

Pour les auditeurs de la Cour des Comptes, l’amélioration de la productivité n’est ainsi “que rarement un objectif à l’origine des grands projets numériques de l’État.” Mais la quête de productivité n’est pas la seule oubliée.

Les services de l’État négligent trop souvent encore de poser la question du ROI des initiatives numériques menées. « L’équation économique des projets n’est pas toujours posée, alors qu’elle permettrait d’objectiver les bénéfices espérés et de proportionner les investissements à ces gains futurs”, note le rapport.

L’intervention de la Dinum dans la gestion des grands projets (plus de 9 millions d’euros) n’y change rien. Si la direction du numérique est amenée à se prononcer en amont, son avis “s’avère centré sur les enjeux techniques et méthodologiques.”

Les gains attendus, simples données déclaratives

“Les gains attendus, et notamment ceux de productivité, ne font presque jamais l’objet de constats ou de recommandations dans ces avis”, ajoutent les rapporteurs. Et ces aspects ne sont pas plus traités ultérieurement, notamment dans le panorama des grands projets remis deux fois par an au Premier ministre.

Pourtant, l’État investit des montants très conséquents dans ses projets, par exemple depuis 2017 via le fonds de transformation de l’action publique. Avec ses plus d’un milliard d’euros de crédits, le FTAP est censé définir ses priorités sur la base des gains de productivité.

“Les porteurs de projet doivent renseigner l’information sur les gains attendus, qui est discutée mais n’est pas expertisée au fond (…) Il ne s’agit que de données déclaratives, tout comme celles renseignées pendant le déroulement du projet dans les bilans intermédiaires”, indique le rapport.

Des bénéfices revus à la baisse auprès des utilisateurs

Le constat des magistrats est sans appel : “l’évaluation des gains en amont (…) apparaît souvent lacunaire ou théorique.” L’État est ainsi amené à lancer des projets présentant des bénéfices bien insuffisants ou en tout cas moindres qu’anticipé.

La Cour signale que “les projections théoriques sont revues à la baisse lorsqu’elles sont confrontées aux services utilisateurs.” Cette observation lui inspire d’ailleurs une recommandation, à savoir de confronter les utilisateurs aux futurs outils, puis aux premières réalisations, dès la phase de cadrage des projets.

Le rapport préconise aussi l’intervention des services interministériels (dont la Dinum) afin “de consolider les fondamentaux des projets numériques de l’État.” Les pouvoirs publics ont en outre besoin “d’indicateurs analytiques précis.”

“Dans le cas contraire, d’autres outils peuvent suffire à répondre aux besoins, tels que des enquêtes régulières au plus près des agents”, concluent les rapporteurs. A quand le changement et la rigueur alors que se déploie une cure d’austérité ?



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