Il a fallu attendre un mois : Sam Bankman-Fried, 30 ans, le fondateur de l’empire de cryptomonnaies en faillite FTX, a été arrêté lundi 12 décembre aux Bahamas où il résidait.
« Plus tôt dans la soirée, les autorités des Bahamas ont arrêté Samuel Bankman-Fried à la demande du gouvernement américain, sur la base d’un acte d’accusation scellé déposé par le district sud de New York. Nous prévoyons de lever les scellés sur l’acte d’accusation dans la matinée et nous aurons plus à dire à ce moment », a annoncé, sur Twitter, l’un des procureurs fédéraux de New York, Damian Williams.
Cette arrestation intervient quatre semaines après l’effondrement de FTX. La plate-forme d’échange de cryptomonnaies, qui était considérée comme l’une des plus sûres de la planète, avait fait faillite en quelques jours après qu’un de ses concurrents, Binance, leader du secteur, eut décidé de retirer ses fonds. Il s’est alors avéré que FTX prêtait les capitaux de ses clients à Alameda, une entreprise basée aux Bahamas et contrôlée par Sam Bankman-Fried, laquelle s’était lancée dans les paris spéculatifs les plus fous.
M. Bankman-Fried, profitant de la régulation particulièrement souple des Bahamas, s’était servi personnellement : selon le Wall Street Journal, il avait bénéficié d’un prêt personnel de 1 milliard de dollars (950 millions d’euros) tandis qu’un de ses lieutenants avait emprunté à FTX 543 millions de dollars.
Des milliards de dollars sont partis en fumée
La fine équipe des jeunes fanatiques de cryptomonnaies vivait dans une colocation de luxe à Nassau, la capitale des Bahamas, d’une valeur estimée à 30 millions de dollars. Tout était mélangé dans ce monde : Sam Bankman-Fried, 30 ans, fils de professeurs de Stanford en Californie, avait pour petite amie Caroline Ellison, 28 ans, directrice générale du fonds spéculatif Alameda. Aucune séparation entre les activités n’était organisée.
Cet empire champignon, qui fut valorisé 32 milliards de dollars il y a quelques mois dans son dernier tour de table avec des investisseurs, n’avait aucun contrôle interne sérieux. Il s’est effondré avec la chute du bitcoin et des cryptomonnaies, qui ont subi l’éclatement de la bulle boursière à Wall Street.
L’absence de réglementation dans ce monde abscons, l’inexistence d’un conseil d’administration digne de ce nom, en dépit des noms prestigieux de la finance qui avaient financé FTX, n’ont fait qu’aggraver le désastre : des milliards de dollars sont partis en fumée.
L’arrestation intervient à la veille du témoignage devant le Congrès des Etats-Unis de John Ray, administrateur provisoire de l’empire FTX et qui présida aux destinées finales d’Enron, entreprise en négoce d’énergie tombée en faillite frauduleuse en 2001.
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