En guise de « mesure corrective », San Francisco a demandé à la société Cruise de réduire de moitié sa flotte, tout en publiant une mention pour que la Californie suspende sa décision et revienne à un cadre plus limité sur l’usage des robotaxis dans la métropole.
Un robotaxis de la société Cruise a percuté un camion de pompiers au milieu d’une intersection de San Francisco, alors que les feux étaient verts, jeudi 17 août dernier. En « code 3 », toutes sirènes hurlantes et avec les gyrophares, le fourgon d’incendie aurait dû avoir la priorité, mais il s’est fait barrer la route par la voiture autonome de la société mère General Motors qui pensait pouvoir traverser la chaussée avec le témoin lumineux du feu tricolore.
L’incident n’est pas le premier, alors que plus de 75 collisions ont été enregistrées dans la métropole par le Department of Motor Vehicles (DMV) de la Californie. Mais cet incident résonne davantage que les autres alors qu’il arrive une semaine à peine après le vote favorable des autorités californiennes pour étendre les droits des sociétés de taxis autonomes à San Francisco.
À trois contre un lors de la séance de la California Public Utilities Commission, Cruise et Waymo (Alphabet) ont pu commencer à facturer leurs passagers et étendre leur rayon d’action dans la ville, donnant aux voitures autonomes bien plus de libertés malgré les plaintes des habitants de la ville et des représentants. Conséquemment à l’incident de jeudi dernier impliquant un camion de pompiers, les autorités californiennes ont ordonné à Cruise de réduire sa flotte en circulation de moitié.
Globalement, San Francisco s’est montré contre le vote et certains représentants et élus ont fait part de leurs doutes sur la sécurité des voitures autonomes des sociétés de robotaxis. Les habitants, eux, ont montré leur mécontentement en se filmant placer des plots sur les capots des voitures, afin de les clouer à l’arrêt. Les vidéos ont particulièrement été diffusées sur les réseaux sociaux comme TikTok et Instagram, en guise de protestation et de prévention contre les incidents fréquents.
Parmi les limites de compréhension des voitures autonomes concernant le trafic à San Francisco, les véhicules d’urgence se positionnent en tête : en tout, 66 incidents impliquant des véhicules de pompiers, d’ambulance ou de police ont fait les frais de Waymo et Cruise depuis mai 2022.
La cheffe des pompiers avait déjà alerté sur le sujet
Jeanine Nicholson, qui est la cheffe des pompiers du département de la ville de San Francisco, déclarait il y a deux semaines au Los Angeles Times : « ils ne sont pas prêts », en implorant aux autorités de retarder le vote et faire en sorte que les sociétés soient plus avancées dans le développement de leurs véhicules avant que ces derniers puissent être aussi libres de circuler.
Désormais, avec les nouvelles restrictions dues à l’incident de jeudi dernier, Cruise ne pourra déployer que 50 véhicules autonomes la journée et 150 la nuit. La collision n’a pas été anodine, alors que la société annonçait sur les réseaux sociaux suite à l’incident : « notre voiture embarquait un passager qui a été soigné sur place et transporté par ambulance pour ce que nous pensons être des blessures non graves ».
David Chiu, qui est le procureur de San Francisco, a demandé à l’État de Californie de suspendre sa décision concernant les robotaxis.
Une motion de 84 pages dans laquelle nous pouvons lire l’avertissement que « San Francisco subira de graves dommages si Cruise est autorisé à s’étendre dans la ville sans limitation de zone géographique, d’heures de service et de taille de flotte. […] Comme la Commission l’a reconnu, les performances des véhicules sans conducteur de Cruise, actuellement en déploiement et en test limités, ont interféré avec les opérations des premiers intervenants, les transports en commun, les travailleurs de la construction de rues et le flux de trafic en général ».
Source :
Fortune