VivaTech (Paris) – Difficile de manquer le stand de Scaleway dans les travées du salon. Il trône au centre du Hall 1 de Paris Expo Porte de Versailles.
Une position qui a valeur de symbole. Le cloud provider français entend devenir un leader européen du cloud public et « incarner une alternative souveraine aux hyperscalers américains ».
S’adossant au groupe iliad, maison mère de Free, Scaleway a les moyens de ses ambitions. Après avoir annoncé disposer de « la plus grande puissance de calcul cloud IA déployée à date en Europe », le fournisseur de services cloud étend sa toile sur le Vieux Continent.
Capitaliser sur la présence européenne d’iliad
En s’appuyant sur les infrastructures et la présence commerciale d’iliad, Scaleway va ouvrir dans les prochaines semaines deux nouvelles régions en Italie (Milan) et en Suède (Stockholm) renforçant sa stratégie de multi-zonage (Multi-Availability Zone).
Iliad est déjà présent dans ces deux géographies via ses activités télécoms. Le groupe opère en Italie depuis 2018 sous sa propre marque et est, depuis 2024, l’actionnaire de référence de l’opérateur suédois Tele2, implanté en Suède et dans les pays baltiques.
Fin avril, Scaleway s’est, par ailleurs, associé à Play, la filiale polonaise d’iliad, pour proposer ses solutions cloud et IA aux entreprises et aux institutions publiques de Pologne à travers sa marque B2B, Play Business Solutions.
Intégrer l’écosystème IA de Nvidia
Afin que la bande passante suive, le cloud provider va prochainement intégrer ses clusters IA à la plateforme DGX Cloud Lepton de Nvidia.
Présenté lors du dernier salon Computex, ce nouveau service consiste à connecter les développeurs aux dizaines de milliers de processeurs graphiques (GPUs) du fabricant de puces répartis dans son réseau de partenaires cloud.
Les clusters Nvida de Scaleway seront ainsi accessibles aux startups et aux entreprises qui souhaitent concevoir, affiner et déployer leurs modèles d’IA en utilisant des ressources de calcul basées en Europe, tout en restant dans l’écosystème Nvidia.
L’approche cloud native a séduit France Télévisions
Engagé dans le processus de qualification SecNumCloud de l’Anssi qu’il espère décrocher d’ici la fin de l’année, Scaleway surfe sur le sujet très tendance de la souveraineté technologique. Ce positionnement lui a permis de signer deux contrats avec deux acteurs publics.
France Télévisions a ainsi retenu le cloud provider pour assurer l’hébergement des données liées à ses programmes (fictions, divertissements, magazines…) mais aussi codévelopper les outils permettant de traiter et diffuser des contenus audiovisuels.
Le groupe audiovisuel public cite le traitement vidéo à grande échelle, l’indexation et l’enrichissement par l’IA, le sous-titrage automatisé ou l’absorption des pics de charge du streaming. L’intégralité des données sera hébergée en France.
Au-delà de l’enjeu de souveraineté, Frédéric Brochard, directeur des technologies et des systèmes d’information de France Télévisions, explique son choix par l’approche open source et cloud native (Kubernetes, micro-services) de Scaleway. « Il y a une vraie complicité entre nos deux équipes techniques ».
Un partenariat public-privé unique en Europe
Le second accord est plus original. Ce partenariat public-privé qualifié d’unique en Europe lie Scaleway au CNRS et au Genci (Grand Équipement National de Calcul Intensif). Il s’agit de proposer un continuum souverain entre la recherche publique et l’industrie privée, les passerelles entre ces deux mondes étant trop rares.
Avec notamment le supercalculateur Jean Zay du Genci à l’Idris, le centre de calcul du CNRS, la recherche publique française dispose d’une puissance de calcul parmi les plus puissantes sur le Vieux Continent.
Ce calcul intensif est accessible gratuitement aux chercheurs réaliser des travaux scientifiques relevant d’une mission de service public de recherche ou d’enseignement supérieur. Qu’en est-il ensuite quand le projet rentre dans la phase de la recherche appliquée et le développement d’applications « business » ?
Des passerelles entre la recherche académique et l’industrie
C’est là que le partenariat intervient. Plutôt que de se jeter dans les bras d’un hyperscaler américains, les chercheurs et entrepreneurs pourront basculer sur les clusters IA de Scaleway. En assurant l’interopérabilité des deux environnements, la migration des travaux et usages IA (apprentissage, fine tuning, inférence à grande échelle) doit se faire sans obstacle.
Ce partenariat permettra aussi d’utiliser les capacités GPU de Scaleway en débordement lorsque les ressources publiques de calcul sont saturées. Enfin, les deux acteurs vont mettre en place un laboratoire commun, dédié à l’optimisation des charges IA et à la réduction de l’empreinte carbone du calcul intensif.
Cette collaboration s’inscrit dans le prolongement du projet AI Factory France, piloté par le Genci. Retenu par le programme communautaire EuroHPC, il vise à doter l’Europe d’une infrastructure de calcul de pointe optimisée pour les besoins de l’IA.