Le quantique, ça sert aussi à faire la guerre. Bien sûr, l’intérêt de ces technologies n’échappe pas au Ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Il a rappelé son ambition sur le sujet lors de son discours de clôture du salon France Quantum, retransmis sur YouTube. Il s’agit « d’accélérer », pour développer un secteur encore trop méconnu.
Contexte propice
Dans le monde de l’informatique, on parle beaucoup de technologies de calcul quantique et de leurs futurs effets sur la fiabilité des outils de chiffrement. Mais dans le domaine militaire, ce sont d’autres usages qui sont envisagés.
« On parle notamment de nucléaire, de communications et de capteurs. Quand on évoque les technologies de détection de masse métallique sous-marine, je vous fais pas un dessin » a résumé le ministre.
Face à ces usages, il a souligné que « tous les pays proliférant en termes nucléaire développent en parallèle des programmes quantiques ». Iran, Corée du Nord, Russie, les habituels trouble fêtes géopolitiques sont déjà engagés sur le développement de ces technologies, sans forcément annoncer clairement leurs axes de travail ou partager les informations sur leurs avancées.
Un campus et un labo
Pour soutenir le développement de ces technologies en France, le Ministère a donc annoncé deux initiatives :
- La création d’un campus quantique de la défense, qui sera installé sur plusieurs sites dont l’École Polytechnique d’ici 2027. Ce campus, d’une manière assez similaire à ce qui a été fait avec le campus cyber à la Défense, aura pour objectif de « décloisonner » les connaissances des différents acteurs impliqués dans le secteur. Le Ministre a bien noté que dans ce domaine et « contrairement au secteur de l’atome », la puissance publique ne peut agir seule. Elle devra s’appuyer sur des partenaires privés pour développer cette filière.
- Le deuxième volet de ce plan sera la mise en place d’un laboratoire quantique défense. Cette structure aura une vocation plus opérationnelle. « L’objectif est de rapprocher l’usager final de celui qui maîtrise la technologie » a expliqué Sébastien Lecornu. A titre d’exemple, il a cité les retours d’expérience de soldats en Ukraine avec le canon Caesar. Ces informations permettent d’améliorer les technologies d’IA embarquées dans le canon.
250 millions jusqu’en 2030
Reste à définir comment financer le développement des ces technologies. En la matière, le ministère a rappelé les engagements déjà pris par son ministère, soit 250 millions d’euros entre 2024 et 2030 entièrement dédiés au financement des technologies quantiques et de leurs applications.
Mais ce premier pas ne sera pas suffisant. « Il faudra aussi aller chercher les investissements du privé, et éduquer les fonds d’investissements sur ces sujets » explique le Ministre. Dans cette perspective, le rôle du campus et du laboratoire sera de « certifier » les cas d’usage concrets.
« Maintenant, il faut prendre plus de risques, il faut commencer à tester des choses » a dit Sébastien Lecornu.