Seules 12 % des victimes de cyberviolences sexuelles ou sexistes portent plainte

Seules 12 % des victimes de cyberviolences sexuelles ou sexistes portent plainte



Les premiers résultats d’une enquête réalisée par trois associations en France (Féministes contre le cyberharcèlement, Point de Contact et #StopFisha) sont publiés ce jeudi 20 novembre. Absence de recours, méconnaissance des droits, diffusion d’images sexuelles ou intimes non consentie pour une victime sur quatre… Voici ce qu’il faut en retenir.

Harcèlement sexuel ou sexiste en ligne, insultes, menaces sur les réseaux sociaux, publications de photos intimes non autorisées… Prendre la température des cyberviolences sexuelles ou sexistes en France, comprendre leur contexte, leur impact et les éventuels recours formés, c’est tout l’objet d’une enquête qui sera publiée au premier trimestre 2026 par Féministes contre le cyberharcèlement, Point de Contact et #StopFisha.

Ce jeudi 20 novembre, ces trois organisations publient des premiers résultats qui démontrent une « dimension profondément genrée des violences en ligne ». Les associations se basent sur les réponses à un questionnaire en ligne rempli par 2 136 personnes, entre le 3 juin et le 3 août 2025, réalisé sans méthode d’échantillonnage.

Une victime sur quatre a subi une diffusion non consentie d’images sexuelles ou intimes

Premier constat : « les dynamiques d’agression observées hors ligne se prolongent dans les espaces numériques, révélant une continuité dans les rapports de domination et les stratégies de contrôle », écrivent les organisations. Ainsi, plus de 8 victimes de cyberviolences sexistes ou sexuelles sur 10 (82 % des victimes qui ont répondu au questionnaire) sont des femmes, pendant que plus de 8 agresseurs sur 10 (85 %), connus des victimes, sont des hommes.

Autre enseignement : une victime sur deux (52 %) a subi les cyberviolences dans le contexte d’une relation amoureuse ou de couple. Pour les trois associations, « confiance initiale, intimité partagée et proximité émotionnelle peuvent ainsi être détournées en moyens de pression ». Une victime sur quatre fait état de diffusion non consentie d’images sexuelles ou intimes. « L’image est utilisée comme une arme de la violence », expliquent les organisations, lors d’une présentation de ces chiffres ce jeudi, évoquant des « deepfakes, des photos montages, ou des envois consentis au départ ou extorqués sous menace ou chantage ». Chez les mineures, la diffusion d’images sexuelles ou intimes non consentie concerne une victime sur trois. Ces images sont diffusées en majorité sur les messageries privées comme WhatsApp ou Telegram (66 %), devant les réseaux sociaux (30 %).

Une mineure victime sur trois ne savait pas qu’elle pouvait porter plainte

Les premiers résultats font aussi état d’une méconnaissance des recours existants. Une victime sur trois estime d’ailleurs que porter plainte serait inutile, ou qu’un tel recours ne les aiderait pas. Ce chiffre peut s’expliquer par la lenteur de la justice face aux cas de violence en ligne, une lenteur depuis des années décriée.

Ainsi, seulement 12 % des victimes de cyberviolences sexistes ou sexuelles ont porté plainte. Cette enquête pointe aussi du doigt le fait que les cyberviolences touchent particulièrement les mineures. 55 % des victimes qui ont répondu au questionnaire ont en effet moins de 18 ans. Or, elles sont seulement 10 % à porter plainte, contre 15 % pour les majeures. Une adolescente victime de cyberviolences sur trois ne savait d’ailleurs pas qu’elle pouvait porter plainte. 

Pour les associations, il faut que la protection des mineurs soit renforcée car, « de par leur particulière vulnérabilité, (les moins de 18 ans) sont plus exposés aux violences numériques, alors qu’ils sont ceux qui rapportent le moins ces faits ».

Yann Lescop, de Point de Contact, estime de son côté que « les victimes se multiplient et les tendances s’affirment sans pour autant que le nécessaire soit fait, ni en amont, ni en aval. Plus de la moitié des répondants ne s’estiment pas suffisamment informés sur le sujet et des structures comme les signaleurs de confiance se heurtent souvent à des plateformes peu coopératives, il faut que cela change », tacle-t-il.

Face à cette « urgence de santé publique », il faut « une réponse immédiate et ambitieuse des pouvoirs publics »

L’enquête s’attache aussi aux conséquences des cyberviolences sur leurs victimes : ces dernières expliquent être « affectées dans de multiples aspects de leur vie ». 58 % d’entre elles dénoncent des « conséquences psychologiques », 40 % des « conséquences sociales » et 38 % des « conséquences sexuelles ». Une victime sur dix a des pensées suicidaires. Souvent, les cyberviolences se prolongent dans le monde physique, déplorent les organisations lors de la présentation de ces résultats préliminaires.

Pour Laure Salmona, confondatrice et directrice de Féministes contre le cyberharcèlement, il s’agit d’« une véritable urgence de santé publique qui appelle une réponse immédiate et ambitieuse des pouvoirs publics, à divers niveaux et dans une perspective féministe, depuis la prise en charge des victimes jusqu’à l’éducation au numérique dès le plus jeune âge en passant par la responsabilisation des plateformes ».

« En cas de nude de soi, chaque heure compte »

Pour davantage protéger les victimes de cyberviolences, en particulier lorsqu’il s’agit de « diffusion non consentie », Yann Lescop, de Point de Contact, plaide pour une généralisation des « mesures préventives (…) prises par certains réseaux sociaux et certaines plateformes pornos », à l’image du « retrait préventif dès lors qu’il y a un signalement en particulier de la part des autorités, des associations et des victimes ». Car « en cas de nude de soi, la moindre heure compte », explique-t-il lors de la présentation des premiers résultats.

En cas de cyberharcèlement (qu’il soit ou non sexuel ou sexiste), les mineurs peuvent s’adresser au numéro d’appel 30 18. L’association Féministes contre le cyberharcèlement a également mis en place un guide pratique à destination de toutes les victimes de cyberharcèlement, disponible sur ce site.

Note de la rédaction : cet article a été modifié pour ajouter le commentaire de Yann Lescop, de Point de Contact (avant dernier paragraphe). 

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