La descente aux enfers se poursuit pour SFR. Au fil des mois, la fuite des abonnés ne semble ne devoir jamais s’arrêter. S’il a réduit un peu l’hémorragie, l’opérateur au carré rouge aura encore laissé partir 109 000 abonnés dans le mobile au troisième trimestre, alors que tous ces rivaux en gagnaient. Si la perte est moindre qu’au deuxième trimestre – 343 000 abonnés dans le mobile – plus d’un million de clients a quitté la filiale du groupe Altice en un an.
En dépit d’une croissance des revenus dans le fixe, cette baisse de l’activité mobile pèse sur les résultats. SFR a connu une baisse de son chiffre d’affaires de 4,7 % au troisième trimestre pour atteindre 2,54 milliards d’euros. Sa rentabilité en souffre. L’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) baisse de 9,9 % pour s’établir à 897 millions d’euros.
Si SFR a lancé à la rentrée un plan de reconquête pour remobiliser ses troupes, ses résultats décevants ne sont pas, pour l’heure, de nature à réduire son niveau abyssal d’endettement. Au 30 septembre, la dette nette consolidée s’élevait à 24,28 milliards d’euros.
La place de numéro deux contestée par Bouygues Telecom
Sa maison mère, Altice, multiplie pourtant les cessions d’actifs. Après avoir vendu ses datacenters, son pôle médias (BFM TV, BFM Business, RMC…) et le spécialiste de la publicité vidéo en ligne Teads pour respectivement 535 millions d’euros, 1,55 milliard d’euros et 1 milliard de dollars, Altice s’est désengagé, selon Les Echos, de Geodesia, sa filiale allemande en charge de développer la fibre outre-Rhin.
Altice empochera aussi sa quote-part (49 % du capital) de la cession de La Poste Mobile à Bouygues Telecom, négociée environ 950 millions d’euros. Le groupe télécom qui contestait le mode de répartition des fruits de la vente a visiblement fini par accepter le deal quitte à renforcer un concurrent direct.
Avec les 2,4 millions de clients de La Poste Mobile, Bouygues Telecom approche, en effet, le portefeuille de SFR dans le mobile, avec 18,3 millions d’abonnés contre 19,5 pour le numéro deux du marché.
XpFibre, le joyau de la couronne, mis à l’abri
Sur le papier, ces cessions d’actifs devraient réjouir les créanciers d’Altice. Après leur avoir demandé de faire une croix sur un tiers de la dette, Patrick Drahi, son patron fondateur, semblait lâcher du lest. Mi-novembre, il proposait à ses prêteurs un paiement en cash de 2,6 milliards d’euros et une participation de 18 % à son capital. La partie adversaire était d’accord sur la somme en espèces mais souhaitait détenir une participation minoritaire de 34 %.
En fait, les négociations seraient interrompues depuis une dizaine de jours, selon BFM Business. Comme le révélait, par ailleurs, L’Informé, Patrick Drahi aurait placé le joyau de SFR – XpFibre, opérateur d’infrastructures de son réseau fibre – dans une fiducie.
Un moyen de pression classique pour le tycoon des télécoms. Il avait déjà logé le l’argent des cessions des datacenters et du pôle médias dans des sociétés, les mettant à l’abri de l’appétit de ses créanciers. A quand la prochain coup de poker menteur ?