Le smartphone haut de gamme 2022 d’Asus reprend la philosophie « petit, mais costaud » de son aïeul, le Zenfone 8. Appelé fort logiquement Zenfone 9, le nouveau rejeton de la marque taïwanaise repose sur les mêmes fondamentaux. Dans le gabarit d’un « petit » écran 5,9 pouces (la même dalle AMOLED que celui du Zenfone 8) pour un poids inférieur à 170 grammes, l’appareil est propulsé par la puce la plus haut de gamme de chez Qualcomm. Mais loin d’être une simple resucée de l’an dernier, le Zenfone 9 non seulement consolide ses acquis, mais va surtout tenter de corriger les défauts de son prédécesseur.
Snapdragon 8+ Gen 1 : plus de puissance que les autres flagships
Alors que tous les fleurons des marques concurrentes sont sortis en intégrant le Snapdragon 8 Gen 1 de Qualcomm, Asus arrive en retard sur le marché, mais avec la version « plus » de la puce (le Snapdragon 8+ Gen 1). Alors qu’elle n’était qu’un détail par le passé, cette version + a un atout majeur cette année : elle chauffe beaucoup moins et promet plus de puissance pour moins de Watts dégagés – un élément crucial dans les smartphones, et encore plus dans un terminal compact comme le Zenfone 9.
Pour la petite histoire, Qualcomm était passé de TSMC à Samsung pour le Snapdragon 888 (5 nm) et ce 8 Gen 1 (4 nm), mais la qualité de la gravure du Coréen est clairement inférieure à celle du Taïwanais. Alors que les deux Snapdragon 8 Gen1 (non-plus et plus) sont tous les deux gravés en 4 nm, la version « + » produite par TSMC permet, tout à la fois, de monter plus haut en fréquence et de consommer moins d’énergie. Côté performances, Asus promet que cette mouture sera « 15% plus puissante côté CPU et jusqu’à 50% plus puissante côté GPU » que le Zenfone 8 en Snapdragon 888.
Même avec cette puce « + », Asus n’a pris aucun risque quant à la dissipation thermique et l’énergie : par rapport au Zenfone 8, la batterie offre plus de capacité (4 300 mAh contre 4 000 mAh) et le système de dissipation est 230 % plus grand. Et s’avère très complexe avec du cuivre, une chambre à vapeur, une couche de graphite, etc. La tendance à la surchauffe et l’endurance moyenne du précédent terminal devraient être de l’histoire ancienne. Espérons-le !
Gimbal et capteur Sony
Alors que la partition photo du Zenfone 8 était assez médiocre, le Zenfone 9 va plus loin. S’il se contente toujours de deux modules caméra arrière, mais les ingénieurs d’Asus l’ont équipé de deux capteurs de qualité signés par Sony et ont intégré une stabilisation de type gimball sur le module caméra principal. Ce module reçoit donc l’IMX 766 50 Mpix (12,5 Mpix en usage classique) codéveloppé par Oppo et Sony.
Si Asus ne peut accéder à toutes ses fonctions intrinsèques (lire notre interview du chef de la photo d’Oppo), il profite cependant ici d’un composant de grande qualité déjà très éprouvé par plusieurs marques. Sans être un capteur géant, c’est déjà un modèle grand format qui a démontré ses qualités dans le Find X5 Pro. Asus promet ici une belle qualité d’image, si le traitement d’image et la qualité de l’optique – un équivalent 23,8 mm f/1.9 – suivent.
Mieux encore qu’une stabilisation mécanique classique du capteur, ce module principal est tout entier stabilisé au sein d’une « cage » de type gimball. Embarquant à la fois le capteur et l’optique (elle aussi stabilisée par une lentille, OIS), la gimball qui offre ici une stabilisation six axes est, de loin, le meilleur dispositif pour corriger les mouvements de l’opérateur. Si cela est vrai en photo, c’est surtout en vidéo que cela devrait se percevoir le plus. Une vidéo que le capteur est capable de produire jusqu’en 8K24p. Mais en étant réaliste, les usages seront plus centrés sur la 4K30/60p ou la Full HD 30/60p. Il reste à voir pendant le test si la gimball est active dans les modes à haut débit de trame qu’Asus semble réserver à un usage de production de ralentis (4K120, 1080p240, 720p480).
Le second module caméra ne profite pas d’un capteur aussi luxueux, mais d’un déjà très décent IMX363 de Sony. Un capteur 12 Mpix alimenté en photons par une optique ultra grand-angle, équivalente à un 14 mm f/2.2. Ses photodiodes de 1,4 micron promettent des photos assez peu bruitées de nuit. Espérons que le traitement d’image d’Asus a connu des progrès de ce côté-ci. En façade aussi, Asus fait confiance à Sony pour capter la lumière de son équivalent 27 mm f/2.45 : les 12 Mpix de l’IMX663 immortaliseront vos affreux duckfaces et autres égoportraits.
Pas de recharge rapide et presque deux jours d’endurance
En matière d’énergie, Asus est très conservateur. Par rapport aux marques chinoises telles que Oppo, Honor, Vivo et les autres qui montent parfois à plus de 100 W avec des charges ultra rapides, Asus se contente d’une recharge 30 W…. qu’il ne recommande même pas ! Livré avec un chargeur (si, si !) de 30W, le Zenfone 9 dispose de trois modes de recharge : normal (30W), Steady (18W) et Ultra-Steady (10W). Pourquoi charger moins vite ? « Pour préserver la durée de vie de la batterie », nous explique-t-on chez Asus France, tandis que le guide de test du terminal invite même à limiter la recharge de la batterie à 80%.
« Plutôt que de mettre l’accent sur le fait de recharger très vite votre terminal, chez Asus, nous préférons promettre une excellente durée de vie de la batterie, tant en endurance d’usage que dans le temps. En usage normal, le Zenfone 9 peut tenir presque deux jours », nous promet Asus France. « Il vaut mieux recharger les batteries plus lentement pour qu’elles durent », assurent les équipes d’Asus, arguant que la perte de capacité maximale ne serait que de 7% sur 500 charges si on se limite à 80%, contre 15% pour une recharge à 100% sur la même durée. En ce point, Asus est aussi conservateur qu’Apple, qui fait lui aussi l’impasse sur les recharges ultrarapides des marques chinoises.
Asus sérieux sur le son
Très « geek » de par son ADN PC, l’entreprise taïwanaise n’est pas avare en détails pour un élément rarement détaillé aussi précisément par les constructeurs : le traitement du son. Renouvelant son partenariat avec les ingénieurs logiciels suédois de Dirac, Asus est l’un des rares constructeurs de smartphones à continuer à proposer un environnement sonore « custom ». Une partition sonore qui est en partie pilotée par une autre puce de Qualcomm, le WCD9385, une puce appelée « audio codec » dans le jargon et qui intègre son propre convertisseur numérique analogique (DAC). Lequel a la grande joie de pouvoir s’exprimer via… une magnifique prise jack 3,5 mm. Oui, en 2022, tel un Gaulois imperturbable, Asus se paye le luxe d’intégrer une prise mécanique dans son terminal flagship. Et de trouver de la place dans ce qui devrait être le plus compact des smartphones haut de gamme. Chapeau.
Côté Bluetooth (oui, parce qu’on est quand même en 2022), le terminal est compatible LDAC/aptX/aptX HD/aptXAdaptive/AAC. En clair : tous les codecs et technologies modernes pris en charge par Qualcomm. Le Zenfone 9 serait-il un smartphone pour audiophiles ? Peut-être pas, les baladeurs des FIIO et autre Cayin embarquant de plus gros DAC et des circuits optimisés pour « cracher » des signaux audio analogiques plus propres et puissants qu’un smartphone. Mais sans doute suffisamment de qualités pour les utilisateurs avec un seuil d’exigence supérieur à la moyenne.
Un terminal « physique »
Sans être un nain, le Zenfone 9 est un terminal plus compact que les fleurons concurrents. Et de surcroît un appareil très « physique ». Outre la présence de cet anachronisme qu’est la prise jack (merci Asus !), on a droit à un appareil plus anguleux que par le passé, protégé par du verre Gorilla Victus et certifié IP68. Asus n’invite pas à un usage sous-marin – et enjoint d’éviter les eaux salées et chlorées – mais l’appareil devrait survivre à tous les mauvais temps et mauvaises chutes.
Physique, le Zenfone 9 l’est aussi dans certains équipements – lecteur d’empreintes sur le bouton on/off sur la tranche de l’appareil et non sous l’écran – ainsi que dans des usages. L’appareil dispose ainsi du « Double Tap », un mécanisme qui utilise le gyroscope et l’accéléromètre pour détecter un tapotement du dos de l’appareil qui sert de raccourci au lancement d’application ou de fonctionnalité (paramétrable).
Toujours dans cette approche ergonomique, Asus promet une interface photographique entièrement pilotable à une seule main (One Hand Camera UI). Une « prouesse » grandement facilitée par le format de l’appareil, les 5,9 pouces permettant un accès à une plus grande surface utile que les dalles de plus grande taille.
Pour mettre la main sur ce petit champion, il faudra bourse délier :
799 euros pour la version 8 Go RAM/128 Go de stockage (la seule disponible dans les quatre coloris)
849 euros pour la version 8 Go RAM/256 Go de stockage (le cœur de cible)
899 euros pour la version 16 Go RAM/256 Go de stockage (pour les gamers et les nerds)
Si vous précommandez l’appareil entre le 28 juillet et le 28 août, Asus vous offrira un système de coque et d’attache au sac à dos qui s’appelle Smart Backpack et qui permet, notamment, d’utiliser l’appareil comme une caméra d’action. Ce qui est plutôt bien vu avec la gimbal intégrée.