L’image est inédite. Et symbolise l’importance prise par l’intelligence artificielle (IA) depuis le lancement en novembre 2022 de ChatGPT : mardi 16 mai, Sam Altman, le PDG d’OpenAI, le créateur de ce robot conversationnel était auditionné au Congrès américain, par les membres de la commission des affaires juridiques du Sénat. Cet exercice politique et médiatique montre l’attention croissante dont fait l’objet ce dirigeant et, plus largement, l’intelligence artificielle générative, capable de produire des textes ou des images bluffantes.
Pour l’occasion, M. Altman avait mis de côté ses jeans et sweat-shirts typiques des start-up californiennes et endossé un costume cravate bleu classique… Malgré la pression politique et les nombreuses inquiétudes soulevées par ses produits, il a passé ce test sans trop de difficultés.
Un patron d’une entreprise de « tech » devant les représentants du peuple… Ce moment rappelle les multiples auditions, ces dernières années, des dirigeants de Facebook, Google ou Amazon. « Nous ne voulons pas refaire les erreurs du passé », a d’ailleurs noté Richard Blumenthal, le président démocrate de la commission, regrettant que les réseaux sociaux et le Web n’aient pas été régulés à leurs débuts. « Il faut démystifier l’IA et tenir les entreprises responsables », a-t-il estimé, listant de nombreux risques posés par les logiciels générateurs de texte et d’images : « Risque de biais et de décisions algorithmiques discriminatoires », « désinformation », « manque de transparence », « pertes d’emplois »… Il avait illustré son propos en diffusant un extrait audio créé avec des logiciels d’IA et imitant sa voix…
Une posture de bonne volonté
Mais le ton et l’ambiance étaient plutôt moins hostiles que lors d’auditions passées de patrons de géants du numérique… La lettre demandant une « pause » des recherches avancées en IA, signée par des milliers de personnalités − dont l’universitaire et entrepreneur Gary Marcus, qui était auditionné au même moment, ainsi que la chief privacy and trust officer du constructeur IBM, Christina Montgomery − a ainsi été très peu évoquée.
Le républicain Josh Hawley, assez offensif envers les entreprises du numérique, n’a pas non plus repris les reproches de « biais partisan » formulés par Elon Musk, le patron de Twitter envers ChatGPT, accusé, comme les réseaux sociaux, de « censurer » les voix conservatrices. Le sénateur a même noté que M. Altman avait grandi dans son Etat, le Missouri, avant de s’installer dans la Silicon Valley et d’y fonder l’incubateur de start-up Y Combinator, puis OpenAI, en 2015.
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