Dimanche 18 décembre, Aurélien Michel vibrait, depuis les tribunes du stade de Lusail, où il assistait à la finale de la Coupe du monde de football, idéalement placé pour filmer le tir au but réussi de Kylian Mbappé. Le point d’orgue d’un séjour de rêve au Qatar : grands hôtels, bons restaurants, et « dix matchs dont la finale, le meilleur match de ma vie », écrivait-il sur Instagram.
Trois semaines plus tard, le 4 janvier, changement d’ambiance radical : à sa descente de l’avion, à l’aéroport John F. Kennedy de New York, ce jeune Français de 24 ans est arrêté par la police. Après une nuit en garde à vue, il est présenté à un juge du tribunal fédéral de Brooklyn, qui décide de son maintien en détention dans l’attente de son procès.
Pour les autorités américaines, M. Michel est le principal cerveau d’une arnaque aux NFT (jetons non fongibles, non-fungible tokens en anglais) bien rodée, qui lui aurait permis de siphonner près de 3 millions de dollars (2,7 millions d’euros) auprès d’investisseurs crédules. D’après l’acte d’accusation, Aurélien Michel était le principal administrateur du projet « Mutant Ape Planet », une série d’images virtuelles de singes qui était un plagiat des célèbres « Mutant Ape Yacht Club », l’une des collections de NFT les plus cotées au monde. Le projet promettait aux premiers investisseurs de très nombreux avantages et récompenses, et leur assurait que la valeur de leurs images virtuelles exploserait grâce à une vaste campagne de marketing en ligne.
Sauf que tout était faux. Après avoir collecté plusieurs millions de dollars en cryptomonnaies, les créateurs du projet sont tout simplement partis avec la caisse au mois de février 2022 – un rug pull (littéralement « tirer le tapis » en anglais), dans le jargon du milieu des cryptoactifs. Le site Internet du projet tout comme le serveur de discussion Discord ont été fermés. Désormais invendables, les NFT du projet n’ont plus aucune valeur.
Selon les documents publiés par la justice américaine, Aurélien Michel, aux côtés d’autres personnes non identifiées, aurait ainsi soutiré l’équivalent de 2,9 millions de dollars en cryptomonnaie aux victimes de l’escroquerie. Les administrateurs du projet auraient également affirmé sur les réseaux sociaux qu’ils n’avaient initialement pas l’intention de partir avec l’argent des investisseurs, mais que « la communauté était devenue trop toxique ». Les enquêteurs sont parvenus à relier un numéro de téléphone et deux adresses e-mail appartenant à M. Michel au compte sur lequel ont été transférées toutes les cryptomonnaies des investisseurs.
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