Négocier plutôt que se battre pied à pied. C’est ce que tente de faire Google dans l’enquête ouverte par la Commission européenne sur ses pratiques de publicité en ligne, jugées anticoncurrentielles. Le géant américain a proposé à Bruxelles de permettre à d’autres intermédiaires de proposer aux annonceurs de placer des publicités sur sa plate-forme de vidéos YouTube, a rapporté l’agence Reuters, lundi 13 juin. L’obligation de passer par les outils de Google pour afficher sur YouTube est justement l’un des reproches que soulève la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager.
Ce cas illustre une tendance : ces derniers mois, les « GAFAM » (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ont eu davantage recours aux « engagements ». Ces propositions formulées par l’entreprise visent à trouver un compromis avec les autorités de la concurrence. Leur but : raccourcir l’enquête et obtenir une peine réduite.
Dans cet esprit, Amazon cherche un « accord » pour clore les enquêtes ouvertes en 2019 par Bruxelles sur son utilisation des données, selon l’agence Reuters et le site Politico. Accusé d’utiliser les informations de sa place de marché pour favoriser ses propres produits et clients, le leader mondial de la vente en ligne aurait proposé de partager des données avec l’ensemble des vendeurs. Amazon serait aussi prêt à afficher une seconde offre, d’un commerçant concurrent, quand l’un de ses propres produits est sélectionné dans la « buy box », censée présenter la proposition la plus avantageuse.
Ces concessions doivent encore être acceptées par les autorités. Les négociations, secrètes, prendront plusieurs mois. Contactés, ni Amazon ni la Commission européenne ne font de commentaires.
C’est chez Google que la volonté affichée de collaborer est la plus évidente. Le leader mondial de la recherche en ligne cite en exemple « Privacy Sandbox », l’outil de ciblage publicitaire qui doit remplacer les cookies d’ici à 2023 : visée à ce sujet par une enquête de l’autorité de la concurrence britannique, l’entreprise a proposé – et fait valider en février, après modification – des mesures pour traiter équitablement les autres acteurs.
Une tactique pragmatique
En juin 2021, le groupe était déjà « entré en transaction », « sans contester les faits », dans une enquête sur la publicité en ligne, s’était félicitée l’autorité de la concurrence française – qui avait tout de même assorti les concessions d’une amende de 220 millions d’euros. Le moteur de recherche a aussi proposé des « engagements » à l’autorité dans l’affaire l’opposant à des éditeurs de presse sur le droit voisin rémunérant les extraits d’articles.
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