Dans le cadre du neuvième vol d’essai de sa giga-fusée, SpaceX a réutilisé un booster Super Heavy, et a tenté de simuler une panne avant l’amerrissage. Un peu trop de risques pour le premier étage, qui n’a pas eu le temps d’amortir sa chute.
Starship est de retour après son dernier vol début mars, qui s’était une nouvelle fois soldé par une pluie d’étoiles filantes dans le ciel des Caraïbes, fruit d’une explosion du deuxième étape, et de ses centaines de débris en désintégration dans l’atmosphère. Pour son neuvième vol, les équipes de SpaceX n’ont pas cherché à se simplifier la tâche. Plutôt que de viser un vol sans défaut, l’entreprise américaine a détaillé une feuille de route risquée, comprenant à la fois la première réutilisation d’un booster entier, le premier étage Super Heavy appelé « Booster 14 » et qui avait été utilisé sur le septième vol.
Liftoff of Starship! pic.twitter.com/aXAwLkRbuK
— SpaceX (@SpaceX) May 27, 2025
Trois exercices à risque lors du vol 9 de Starship
La mission comprenait aussi un autre exercice de taille, planifié après la séparation du premier étage du second. Pour retourner le booster, SpaceX choisissait d’opérer une trajectoire avec un angle d’attaque plus élevé, afin de limiter la consommation de carburant au moment de freiner le mastodonte. En passant plus de temps à planer dans l’atmosphère, SpaceX comptait utiliser la friction de l’air pour ralentir davantage le booster sans devoir utiliser les moteurs. Ces derniers devaient donc être activés uniquement dans les dernières secondes, pour casser le reste de vitesse restante avant l’amerrissage.
« En augmentant la traînée atmosphérique sur le véhicule, un angle d’attaque plus élevé peut entraîner une vitesse de descente plus faible, ce qui nécessite moins de propergol pour la combustion initiale à l’atterrissage », a écrit SpaceX dans l’aperçu de la mission. « L’obtention de données concrètes sur la capacité du propulseur à contrôler sa chute à cet angle d’attaque plus élevé contribuera à améliorer les performances des futurs fusées, y compris la prochaine génération de Super Heavy. »
Comme si cela n’était pas suffisant, le vol 9 de Starship devait aussi être l’occasion de simuler une panne sur l’un des moteurs Raptor du premier étage. En laissant éteint ce dernier, un autre moteur devait prendre le relais en soutien. Un moyen de sécuriser, pour plus tard, les retours de Super Heavy sur son pas de tir, et la manœuvre de récupération par le bras articulé Mechazilla. Pour rappel, SpaceX a déjà réussi à récupérer trois fois son premier étage Super Heavy, mais n’a jusqu’à présent subi aucune panne qui aurait conduit à une explosion et des dégâts importants sur ses infrastructures à Boca Chica, où SpaceX possède sa nouvelle ville « Starbase ».
Starship’s Raptor engines ignite during hot-staging separation. Super Heavy is boosting back towards its splashdown site and preparing for its high angle of attack entry pic.twitter.com/aQBwsvSrl0
— SpaceX (@SpaceX) May 27, 2025
Une fuite, une perte de pression, puis un gigantesque plouf
Dans les faits, le neuvième vol de Starship, qui décollait le 27 mai en fin d’après-midi du Texas, et le 28 mai dans la nuit en France, n’a pas pu tenter de simuler une panne de l’un de ses moteurs, avant la phase d’amerrissage. Le premier étage du Starship n’a pas réussi à ralentir suffisamment avec son angle d’attaque et une fuite a entraîné une perte de pression dans le réservoir pendant la phase de descente et la rentrée atmosphérique, annonçait Elon Musk, qui déclarait aussi avoir « beaucoup de données intéressantes à analyser ». Il pouvait se réjouir, lui qui a obtenu, de la part de la FAA, l’autorisation de faire voler Starship une fois toutes les trois à quatre semaines dans les mois à venir…
En aval de la mission, SpaceX est revenu sur le sujet de la réutilisation complète de son booster 14 et a indiqué qu’elle se réjouissait de l’opportunité que cela lui offrirait à l’avenir, pour augmenter le rythme de décollages de la giga-fusée. « Les leçons tirées de la première remise à neuf du propulseur et des performances ultérieures en vol permettront des rotations plus rapides des futurs vols à mesure que des progrès seront réalisés vers des véhicules ne nécessitant aucune maintenance pratique entre les lancements », a écrit la société.
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