« Je suis le plus normal-man au monde, mais j’ai la vie la plus extraordinaire que je pouvais avoir. » Cette phrase, c’est le youtubeur Squeezie qui la prononce, dans Squeezie. Merci Internet, documentaire réalisé par son ami Théodore Bonnet diffusé sur Amazon Prime Video, vendredi 19 janvier.
Difficile en effet de ne pas être frappé par le parcours exceptionnel de ce jeune homme de presque 28 ans, parti de vidéos tournées seul chez ses parents quand il en avait 15. Aujourd’hui à la tête d’un empire du divertissement en ligne, que même des stars du cinéma comme Marion Cotillard ou Pierre Niney s’arrachent pour faire leur promotion, Lucas Hauchard, de son vrai nom, réussit la prouesse de conserver une image très positive auprès de ses 18,7 millions d’abonnés. Et même de nourrir une proximité rare avec eux au fil des années. « On voit qu’il a vraiment mûri, que ses concepts sont de plus en plus travaillés, c’est génial », s’enthousiasme, par exemple, Alix, 18 ans, rencontrée devant le cinéma le Grand Rex, lundi à Paris, lors de l’avant-première du documentaire. On a un peu un sentiment de fierté, car on l’a vu évoluer en grandissant. »
Pour un créateur de contenus, survivre en ligne pendant plus de dix ans relève pourtant de l’exploit : parce que les modes passent, les codes évoluent et leur audience vieillit, beaucoup finissent par sombrer dans les limbes algorithmiques des plates-formes. Pas Squeezie. Depuis 2011 et le lancement de sa chaîne, il a toujours su se renouveler. Dernier exemple en date : le GP Explorer, course de formule 4 au cours de laquelle s’opposent une vingtaine d’influenceurs, organisée en 2022 et 2023 et qui détient le record de spectateurs sur Twitch, avec 1,3 million de personnes au pic de l’événement. Un succès colossal né de la fascination du youtubeur pour la série Netflix Formula 1 : Drive to Survive.
Comment celui qui n’était au départ qu’un simple passionné de jeux vidéo a-t-il réussi ce tour de force ? Malgré de multiples relances au fil des semaines, l’équipe de Squeezie n’a pas répondu aux sollicitations du Monde. De même que Théodore Bonnet qui, après un premier accord de principe, n’a finalement pas donné suite. Amis et collaborateurs, anciens ou actuels… Le Monde a contacté au total près d’une trentaine de personnes pour retracer son parcours. Beaucoup ont décliné, ou accepté de répondre uniquement de manière anonyme. Car en dépit de l’image de normalité qu’il est parvenu à cultiver, le poids que possède aujourd’hui ce pionnier du web et le contrôle corseté de son image rendent, paradoxalement, difficile d’accès le visage le plus connu de l’Internet français.
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