Comme à son habitude, Elon Musk a annoncé la bonne nouvelle dans un tweet sur X, anciennement Twitter, le réseau social dont il est le propriétaire. Starlink, son offre d’internet par satellite fournira gratuitement un accès aux services d’urgence à toute personne en détresse munie d’un téléphone mobile. Si cet accès sera possible dans les zones inéligibles aux réseaux mobiles, le milliardaire pense également aux plus démunis. « On ne peut pas laisser quelqu’un mourir parce qu’il a oublié ou n’a pas pu payer [son forfait] ».
Cette promesse d’un accès universel aux services d’urgence s’inscrit dans le cadre du service « Starlink Direct to Cell », conçu en partenariat avec l’opérateur T-Mobile, et présenté il y a moins d’un an. Comme le nom de l’offre l’indique, la filiale de SpaceX veut concurrencer les opérateurs de téléphonie mobile en permettant de réaliser des communications voix, texte et données depuis un smartphone lambda dans des zones blanches, en haute montagne, en plein désert ou au milieu de l’océan.
Avec une montée en charge progressive, Starlink doit commencer par l’envoi de SMS dès cette année, avant de passer aux appels et aux échanges de données ainsi qu’à la connectivité d’appareils connectés (IoT) à partir de 2025. La fonction SOS devrait être proposée lors du lancement de l’offre et, ce, dans le monde entier.
Apple et Google intègrent déjà une fonction SOS
Avec sa fonction « SOS d’urgence », Apple propose déjà sur ses iPhone 14 et 15 d’envoyer des messages de secours, en dehors de tout réseau mobile. « Pour vous connecter à un satellite, vous devez être à l’extérieur avec une vue dégagée du ciel et de l’horizon », précise la firme à la pomme sur sa page dédiée.
Google propose aussi un service similaire de « SOS par satellite » sur ses derniers modèles Pixel 9 mais accessible uniquement aux États-Unis (hors Alaska et Hawaï). Le fabricant de semi-conducteurs Qualcomm entend également rendre éligible à ce service les smartphones équipés de sa nouvelle génération de puces Snapdragon 8 Gen 2.
Séduire le régulateur américain
Pour en revenir à Starlink, l’annonce d’Elon Musk n’est évidemment pas dénuée d’arrière-pensée. En proposant cet accès gratuit aux services d’urgence, l’homme d’affaires entend amadouer la Federal Communications Commission, le gendarme américain du secteur des télécoms. Le régulateur doit approuver le lancement « Starlink Direct to Cell » envisagé cet automne.
AT&T et Verizon ont demandé à la FCC de rejeter la demande de Starlink, craignant que les satellites cellulaires Starlink ne génèrent trop d’interférences radio, rappelle PC Mag. Les deux opérateurs américains jugent que le débit de leurs réseaux cellulaires en serait affecté.
Starlink réfute cet argument qui vise, selon lui, à entraver le lancement de son service. Juges et parties, AT&T et Verizon ont annoncé, cet été, leur intention de lancer d’un service bêta de connectivité par satellite de type « sat-to-phone » à travers leur filiale commune, AST SpaceMobile.
Contrefeu médiatique
Enfin, avec cette annonce, Elon Musk endosse sa tenue favorite de grand humaniste alors qu’il est sous le feu de multiples critiques. X est notamment dans le collimateur du Digital Service Act (DSA), la réglementation européenne visant à contrôler les réseaux et les contenus diffusés.
L’Union européenne n’est pas la seule à se lasser des dérives de X. Ce week-end, le juge de la Cour suprême du Brésil, Alexandre de Moraes, a bloqué l’accès au réseau social. Le magistrat a fondé sa décision sur l’absence de représentation juridique de X au Brésil. La plateforme a fermé ses bureaux dans ce pays après avoir écopé de plusieurs amendes pour avoir laissé passer des campagnes de désinformation.
Plus surprenant Alexandre de Moraes a aussi ordonné la suspension de l’activité de Starlink au Brésil alors que l’internet satellitaire offre le seul moyen de communication possible dans les régions les plus reculées du pays. Dans la Guyane française voisine, couverte à 96 % par la forêt équatoriale, la gendarmerie communique grâce à la technologie de la filiale de SpaceX.