sur les réseaux sociaux, l’extrême droite attise la haine

sur les réseaux sociaux, l’extrême droite attise la haine


« Y a des gens ici qui habitent près de King’s Heath et qui sont prêts à aller défoncer des Pakis ? » Difficile de trouver un message qui n’appelle pas à la violence ou ne déborde pas d’injures racistes, mardi 6 août, dans le canal Telegram « Southport Wake Up » (« Réveille-toi Southport »). C’est de ce groupe de discussion, créé par un internaute anonyme juste après l’assassinat de trois enfants par un jeune homme de 17 ans, le 29 juillet, que sont partis les premiers appels à organiser une manifestation d’extrême droite dans la ville, qui a viré à l’émeute. Depuis, ce même canal a servi de point de départ à d’autres violences, constatées tous les jours, dans plusieurs grandes villes du pays.

A chaque fois ou presque, les manifestations semblent s’organiser de manière spontanée, sans appels de figures politiques ou de partis. Des messages publiés ces derniers jours, faisant état de rassemblements suspects de jeunes issus de l’immigration ou, à l’inverse, de militants d’extrême droite, semblent jouer un rôle majeur dans les violences – quand bien même ces messages sont, dans leur écrasante majorité, faux.

Un exemple parmi d’autres : mardi, en début d’après-midi, le compte X ActivePatriotUK (138 000 abonnés) affirme que des musulmans prévoient de lancer une émeute à Scunthorpe (72 000 habitants) et recommande aux « Blancs d’éviter le secteur ». Il cumule près de 1 000 likes et 350 partages en trente minutes. La police a pourtant publié, juste avant, un message sur Facebook expliquant que « rien ne semble confirmer » ces rumeurs. Parmi les 135 commentaires, d’autres ragots : le musée de la ville serait en flammes (il ne l’est pas) ; une émeute serait prévue mercredi soir à Hull… « Tous ces commentaires, dans 99 % des cas, sont de fausses alertes 😂😂 », écrit un résident.

Liste de cibles

Il y a bien, malgré tout, des raisons de craindre des violences ce mercredi soir : sur Telegram, et plus discrètement sur d’autres plates-formes, une liste de « cibles » tourne beaucoup. « MANIFESTATIONS MERCREDI SOIR. FIN DE L’IMMIGRATION. 20 H. PORTEZ DES MASQUES », commence un texte, suivi d’une liste d’une quarantaine de refuges pour migrants ou de services publics de l’immigration. Qui l’a établie ? Difficile à dire : le message n’est pas signé et est copié-collé de canal en canal. Mais la menace est prise au sérieux par les différentes polices locales.

Car même faux, les on-dit entraînent des violences bien réelles. Dimanche, quelque 400 manifestants anti-immigration se sont rassemblés à Weymouth (sud), après la diffusion en ligne d’une rumeur affirmant que des demandeurs d’asile allaient être logés dans des hôtels de la cité balnéaire. C’était faux, mais deux policiers ont été blessés dans des heurts. A Birmingham, le lendemain, un groupe de jeunes musulmans, pour certains portant des drapeaux palestiniens, ont menacé une journaliste et dégradé un pub dans lequel se trouvait, selon les ouï-dire, un émeutier d’extrême droite. La fausse information avait émergé, là encore, dans le canal Telegram « Southport Wake Up » : un participant avait affirmé un peu plus tôt être prêt à « descendre [à Birmingham] avec une cinquantaine de gars ». Les « cinquante gars » ne sont jamais venus, mais un groupe de jeunes venu pour en découdre avec eux, si. « Southport Wake up » a depuis été fermé, sans que l’on sache pourquoi, et a réapparu sous un autre nom.

Il vous reste 42.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.