Combien certains sont-ils prêts à payer pour obtenir le pseudonyme parfait sur Instagram, Discord, Telegram ou Twitter ? Un qui corresponde, par exemple, à leur nom de famille, leur surnom, ou en un seul mot comme « président », « star », ou « étoile » ? Combien « vaut » une adresse facile à retenir, évocatrice et « cool » sur un réseau social ?
La réponse est : beaucoup d’argent. Depuis plusieurs années, un lucratif marché noir, principalement sur des forums spécialisés, permet d’acheter et de revendre des « @ », souvent piratés à leur propriétaire original, pour des sommes pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros. Mais depuis un an, les grands réseaux sociaux et messageries eux-mêmes se mettent à proposer d’acheter ou de racheter les noms d’utilisateurs les plus recherchés.
Le patron de Twitter, Elon Musk, a ainsi annoncé, le 8 mai, que les vieux comptes inactifs sur la plate-forme seraient bientôt purgés pour qu’ils puissent être réattribués. Le milliardaire n’a pas précisé quels comptes seraient concernés, ni si ceux ayant une valeur historique (comme les anciens comptes officiels) ou ayant appartenu à des personnes mortes seraient aussi supprimés. Surtout, il n’a pas spécifié si les comptes seraient simplement à nouveau proposés, permettant à tout un chacun de réserver leur adresse, ou s’il faudrait payer pour obtenir les comptes les plus attrayants. En janvier, le New York Times révélait justement que des discussions concernant un projet de mise en vente aux enchères des adresses les plus intéressantes avaient eu lieu au sein de l’entreprise.
Un système de ce type a été mis en place, à l’automne, par la messagerie Telegram. L’entreprise a préempté plusieurs milliers de noms d’utilisateurs, comme « @blue » ou « @hero », qui ne peuvent être utilisés lorsqu’on crée un compte ; pour les obtenir, il faut les acheter aux enchères sur la plate-forme Fragment, où les paiements se font exclusivement en utilisant un cryptoactif développé sur la blockchain TON, originellement créée par Telegram.
Plus d’un million d’euros pour un « @ »
Les tarifs oscillent entre quelques dizaines ou centaines d’euros pour les noms modérément prisés (200 euros environ pour @lemonde2 par exemple), quelques centaines ou milliers d’euros pour les noms plus recherchés (800 euros pour @lemonde) ; et plusieurs millions d’euros pour les mots courts utilisés dans plusieurs langues et qui ont un fort potentiel commercial. Un même acheteur anonyme a ainsi acheté @game pour près d’un million d’euros, mais aussi @visa ou @ebay, visiblement dans le but de spéculer sur ces adresses prisées – et qui peuvent aussi être utilisées facilement pour monter des escroqueries.
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