L’administration taïwanaise impose de nouvelles restrictions au géant chinois Huawei, à SMIC et à plusieurs de leurs filiales dans le monde : un nouveau durcissement destiné à ralentir le développement de l’industrie des puces en Chine.
Un nouveau caillou dans la chaussure de Pékin, dans la course à l’intelligence artificielle (IA) : Huawei et Semiconductor Manufacturing International Corp (SMIC), deux entreprises de la tech chinoises qui fabriquent, entre autres, des semi-conducteurs dédiés à l’IA, ne pourront plus avoir accès aux puces, aux machines et à ses composants taïwanais. Depuis le 10 juin dernier, Taïwan, d’où provient une partie des matériaux et des semi-conducteurs dans le monde, a placé ces deux sociétés, ainsi que plusieurs de leurs filiales, dans sa liste des entreprises soumises aux restrictions, rapporte Bloomberg, samedi 14 juin.
« Le 10 juin, nous avons ajouté quelque 601 entités de Russie, du Pakistan, d’Iran, du Myanmar et de Chine, dont Huawei et SMIC, à la liste des entités (…) », a déclaré l’administration taïwanaise, dans un communiqué publié dimanche 15 juin, et dont nos confrères se font l’écho. L’objectif de cette mise à jour est « de lutter contre la prolifération des armes et de répondre à d’autres préoccupations en matière de sécurité nationale », précise Taipei.
Résultat, Huawei et SMIC pourraient avoir de plus grandes difficultés à acheter des composants nécessaires à la fabrication de puces dédiées à l’intelligence artificielle. Une fois sur cette liste, les entreprises de l’ile devront d’abord obtenir une autorisation (une licence) avant de pouvoir vendre n’importe quel produit à ces deux sociétés chinoises – une autorisation qui sera systématiquement refusée aux deux fleurons de l’industrie chinoise. De quoi constituer une nouvelle mesure destinée à freiner les efforts de la Chine qui cherche à devenir auto-suffisante en matière de semi-conducteurs.
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En 2023, des entreprises taïwanaises avaient aidé Huawei à développer des usines de fabrication de puces en Chine
Le pays est déjà touché par de nombreuses restrictions américaines, sur fond de guerre techno-commerciale. Depuis octobre 2022, Pékin et ses entreprises locales sont visées par les « contrôles aux exportations ». Il s’agit d’un ensemble de règles défini par Washington qui restreignent la vente de semi-conducteurs et de leurs équipements produits aux États-Unis – mais aussi chez leurs alliés, dont Taïwan fait partie.
Taïwan imposait déjà certaines restrictions générales à ses clients chinois. Depuis 2020, TSMC, le leader mondial (taïwanais) de semi-conducteurs, a, par exemple, cessé de livrer ses puces à Huawei, en raison des contrôles américains à l’exportation. Mais pour la première fois, deux champions de la tech chinois sont désignés par l’administration taïwanaise. Ce durcissement, qui a lieu plusieurs semaines après un énième durcissement des règles américaines, intervient sur fond de tension de plus en plus forte entre Pékin et Taipei.
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La Chine estime que l’île fait partie de son territoire : Pékin s’est engagée à s’unifier avec Taïwan, en recourant à la force, si nécessaire. De son côté, le président taïwanais, Lai Ching-te, a déclaré que la Chine est une « force hostile étrangère ».
Deux ans plus tôt, des entreprises taïwanaises avaient aidé Huawei à développer plusieurs usines de fabrication de puces dans le sud de la Chine, selon Bloomberg.
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Désormais, le champion chinois des télécommunications et des semi-conducteurs ne pourra plus acheter le moindre composant provenant de Taïwan, de même que ses filiales japonaises, russes et allemandes. Contactés par nos confrères, Huawei et SMIC n’avaient pas répondu à leurs demandes de commentaires.
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Source :
Bloomberg