Lancé en avril dernier en France, Temu est devenu pour beaucoup de consommateurs la boutique de prédilection pour faire de bonnes affaires… C’est du moins la promesse de la plateforme, qui n’est pas toujours tenue. Sans oublier les soupçons persistants d’espionnite en faveur de Pékin…
Les consommateurs français étranglés par l’inflation galopante cherchent par tous les moyens à réaliser de bonnes affaires. C’est ce qui explique le succès de Shein, qui marchait déjà dans les pas de Wish, et désormais celui de Temu. Le site web et son application dédiée se sont lancés dans l’Hexagone au mois d’avril : fin août, la plateforme était le 6e site à engranger le plus de commandes, selon une étude Foxintelligence by NielsenIQ relevée par la publication spécialisée LSA.
Les Français dépensent en moyenne 35 € par commande
En quelques mois, Temu s’est donc imposé chez beaucoup de Français, pour une très bonne raison : les prix des produits qui s’affichent sur le site sont ridiculement bas. On y trouve de tout, des écouteurs Bluetooth à 12 € en passant par des baskets à 11 €, des vestes en « cuir synthétique » à 27 € et même… des articles gratuits.
Alors évidemment, il ne faut pas être très regardant sur le respect du droit des marques ni sur les délais de livraison. Ces derniers sont régulièrement pointés du doigt, et il arrive que les produits commandés n’arrivent tout simplement pas !
C’est grâce à son modèle économique que Temu peut proposer de tels prix. La plateforme envoie les produits directement depuis la Chine, ce qui supprime un intermédiaire et explique aussi les délais de livraison. En comparaison, Shein possède ses propres stocks. Temu joue aussi la carte de la gamification avec des jeux permettant de réaliser des économies supplémentaires ou de recevoir des cadeaux. Et l’entreprise n’oublie pas de faire appel massivement aux influenceurs pour promouvoir ses produits.
Selon NielsenIQ, le panier moyen en France se monte à 35 € sur Temu, contre 13 € sur AliExpress. Les Français commandent et achètent cependant moins que d’autres en Europe : ils sont 6e en termes de volumes, et 22e seulement pour la valeur des achats. En comparaison, les Italiens sont 2e au niveau des commandes et 3e en ce qui concerne les dépenses. Dernier enseignement : contrairement à ce que l’on pourrait penser, Temu attire surtout des consommateurs de plus de 40 ans ! Le poids de ces clients dans le chiffre d’affaires du site est 65 % supérieur au poids qu’ils représentent dans le secteur du commerce en ligne en général.
Un espion au service de Pékin ?
Outre son aspect ultra-consumériste qui tranche avec les préoccupations environnementales, Temu cache un autre aspect moins avouable : la plateforme est soupçonnée d’espionner ses utilisateurs. Le site appartient au groupe chinois PDD Holdings, qui exploite le site d’e-commerce Pinduoduo, l’équivalent de Temu en Chine.
Des chercheurs en sécurité ont découvert que Pinduoduo surveille les notifications et l’activité d’autres applications installées sur le smartphone, lit les messages privés, modifie des réglages, siphonne les données personnelles et bancaires, comme l’a rapporté CNN début avril. Qui dit que PDD Holdings ne fait pas la même chose avec Temu ?
L’inquiétude est donc de mise, ce d’autant qu’on ignore ce que l’entreprise fait de ces données. PDD Holdings transmet peut-être ces informations aux autorités chinoises, des accusations qui reviennent régulièrement contre Bytedance et son app TikTok, que ce soit aux États-Unis ou en Europe.