Pourquoi s’embarrasser d’un énorme camping-car, difficile à manœuvrer et gourmand en diesel, lorsqu’on peut partir en vacances en famille à bord d’un véhicule « compact » ? Entendons-nous, par compact, il ne faut pas imaginer une Twingo, on reste dans le domaine du véhicule de loisir. Mais avec ses 5,99 m de long, le F&S de Chausson fait partie des petits gabarits de sa catégorie. Petit, mais costaud, pourrait-on dire lorsqu’on se penche sur sa fiche technique et, plus largement, sur son offre. Car, malgré sa compacité apparente, le F&S permet de voyager et de vivre à cinq, voire six personnes. C’est ce mix des contraires, compact et familial, que nous avons voulu tester. Comment ? En embarquant à quatre, deux adultes et deux enfants, pour une virée de 2 000 km. Une semaine de vanlife avec l’un des modèles les plus originaux du marché, c’est ce que nous allons vous raconter.
Commençons par le commencement. À quoi ça ressemble, un fourgon aménagé compact ? À un fourgon, tout simplement. Extérieurement, s’il n’y avait pas quelques indices bien visibles et un design van affirmé, notre modèle de test aurait pu se confondre avec un utilitaire professionnel. Le savoir-faire de Chausson, et du groupe Trigano dont la marque française dépend, consiste justement à transformer un véhicule utilitaire classique en véhicule de loisir (VDL). Dans le cas de notre F&S, le challenge est un peu plus complexe dans la mesure où l’espace à bord ne permet pas de prendre ses aises. Chaque centimètre gagné en aménagement est une petite victoire, nous le verrons plus tard, et de certains choix ergonomiques dépendent en réalité bien des aspects de la vie à bord.
Dans notre cas, la base mécanique est un Fiat Ducato (140 ch), un modèle très répandu dans ce segment, tellement robuste et polyvalent qu’on pourrait presque aller à la guerre à son volant. Seul problème : ce tank sur roues donne également l’impression de dater de la dernière guerre en matière d’équipement, nous y reviendrons.
Présentation du van : le très atypique F&S
Ce qui ne change pas entre le F&S et un camping-car plus « classique », c’est bien que le véhicule est partagé en deux espaces bien distincts. La cabine de pilotage d’une part (le siège conducteur, le siège passager et la planche de bord) et la cabine de vie dans laquelle on retrouve généralement les autres passagers mais aussi tout l’équipement du van aménagé.

À l’avant, comprenez au niveau du pilote, c’est du grand classique avec un Fiat Ducato qui fait dans l’extrême sobriété. Ici, pas la peine de chercher des écrans 21:9, un système d’éclairage LED qui se commande à la voix ou encore des caméras pointées vers le conducteur. L’habitacle du F&S date de 2019… et ça se voit. La qualité des plastiques, l’équipement de la planche de bord et même la partie multimédia fleurent bon le passé. Un passé récent, certes, mais qui tranche avec les véhicules que nous testons tout au long de l’année. Résultat : au volant du F&S on a parfois l’étrange sensation d’avoir loué une camionnette pour le déménagement d’un copain.
La définition de l’écran, la qualité de la caméra de recul (en option, s’il vous plait) ou encore l’intégration du micro pourraient surprendre quiconque est monté dans une voiture neuve récemment. Fort heureusement, le F&S est compatible avec CarPlay et Android Auto, il suffit donc de brancher son smartphone à une prise USB pour faire un bond… dans le présent.

Rassurez-vous, c’est absolument normal et c’est ce qui fait la différence, par exemple, entre le travail d’un préparateur comme Chausson et un van d’un constructeur traditionnel comme le Marco Polo de Mercedes. Nos observations sur le niveau d’équipement dans la cabine de pilotage ne sont donc pas une critique. D’autant plus que, côté cabine de vie, nous sommes sur un tout autre niveau de prestation. Mais il convient de souligner qu’il existe une grande dualité entre l’avant et l’arrière du véhicule et que celle-ci peut surprendre.
Un aménagement aux petits oignons
Venons-en à présent au plus intéressant, c’est-à-dire ce qu’il y a derrière le siège du conducteur. C’est ici que le savoir-faire de Chausson est le plus visible.

Le premier constat, et pas des moindres, c’est que l’aménagement intérieur du F&S est de toute beauté. Les matériaux utilisés, bois et plastiques, sont de bonne qualité, les menuiseries bien finies et l’intégration semble avoir été étudiée au millimètre près. De fait, comme dans un petit appartement, le van de Chausson parvient à segmenter différents espaces bien précis :
- La cuisine : elle se compose de deux foyers de gaz et d’un petit évier avec son mitigeur rétractable, d’un meuble et d’un tiroir pour rangement ainsi que d’un petit réfrigérateur. Sa particularité : elle donne sur l’extérieur lorsqu’on ouvre la porte latérale du F&S, ce qui pourrait paraitre étrange. Mais c’est tout le contraire, et le fait de s’affairer en cuisine tout en ayant une vue dégagée, mais aussi de pouvoir rester au contact des autres, souvent installés devant cette porte latérale, est un vrai plus.
- Les salles d’eau : entre l’espace central et le coffre se trouvent de part et d’autre les deux pièces d’eau. D’un côté, la douche et son système de fermeture coulissant pour éviter d’inonder le van. De l’autre, les toilettes et un petit évier pour faire sa toilette. Une porte à l’entrée et à la sortie de l’espace central entre ces deux pièces permet de former une seule grande salle de bain, isolée du coffre et de l’espace du salon/cuisine. L’idée est ingénieuse et très facile à exécuter. Seul bémol : l’accroche de la porte lorsqu’on roule n’est pas des plus efficaces et celle-ci peut claquer dans les virages un peu serrés.
- Le salon : c’est la pièce centrale de ce puzzle complexe, l’endroit de vie par excellence et le principal abri lorsque la météo se couvre et qu’on ne peut plus profiter de l’extérieur. Là encore, l’ingéniosité du F&S nous a bluffés. Le salon est organisé autour d’une table réglable en hauteur et en largeur, mais aussi coulissante, ce qui permet de la positionner très facilement, que ce soit près des passagers arrière ou au centre lorsque tout le monde est réuni. Les sièges conducteur et passager, eux, sont pivotants et peuvent se tourner vers l’intérieur du van aménagé. Ainsi tout le monde se fait face et profite de l’espace commun.

Vie à bord : tout à portée de main
C’est davantage à l’arrêt que le F&S doit être jugé. Non pas que la conduite soit accessoire, mais dans la mesure où le van aménagé représente avant tout un espace de vie, cet aspect de ses caractéristiques doit être irréprochable. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le F&S se plie en quatre pour faire de la place à ses occupants. Malgré un espace relativement réduit du fait de son petit gabarit, il parvient tout de même à faciliter la vie à bord et les déplacements à l’intérieur.

Entendez-nous, partir en van ou en camping-car implique nécessairement qu’on ait parfois besoin de rentrer le ventre ou de se contorsionner pour passer ou laisser passer un autre occupant, mais là où le van de Chausson nous a surpris, c’est qu’il ne demande pas plus d’effort que dans un camping-car « traditionnel ». La raison, c’est évidemment la qualité de l’aménagement, mais aussi une certaine créativité dans la gestion de l’espace. Ainsi, où que l’on se trouve dans le F&S tout semble à portée de main, même si parfois certaines intégrations étonnent.
Il en va ainsi de l’allumage du boiler sous les pieds des passagers ou d’un tiroir de la cuisine, au-dessus de l’espace réservé à la bouteille de gaz, qui n’est accessible que lorsque la porte latérale est ouverte.

Pour le reste, tout a été pensé dans les détails. La grande majorité des fenêtres est équipée de moustiquaires, une double évacuation dans la douche facilite l’écoulement de l’eau, les prises de courant et autres ports USB (uniquement USB-A) sont présents en nombre, notamment près des couchages, et le marchepied électrique pour monter et descendre du van est parfaitement intégré.
Au rang des petites déceptions dans l’aménagement, nous n’en avons trouvé que deux qui méritent d’être soulignées. Il y a d’une part le souci quotidien de la gestion des échelles. Le F&S en compte deux, une petite pour accéder aux lits superposés à l’arrière et une plus grande, pliante, qui permet de monter, de l’intérieur, sur la tente de toit. Lorsque les échelles sont déployées, la circulation dans le van devient nettement plus compliquée, mais surtout c’est l’ouverture de la « grande » échelle qui peut être une tannée, notamment si vous devez rester à l’intérieur du van pour vous exécuter.

Notre autre regret concerne aussi la tente de toit, non pas pour son espace (il est tout à fait convenable), ni même pour son accès, mais tout simplement pour son ouverture et sa fermeture. Celle-ci est manuelle et demande un grand effort pour être activée. À n’en point douter, une ouverture électrique aurait été, ici, plus que bienvenue.
Les nuits à bord du F&S
En van ou camping-car, la nuit est au moins aussi importante que le jour. Et sur ce point, le F&S marque vraiment des points. La raison ? Une gestion de l’espace aux petits oignons et un atout majeur face à la concurrence. En effet, le van de Chausson exploite trois espaces pour la nuit. Comme pour la plupart des modèles concurrents, la table à manger peut être abaissée pour former un couchage central. La partie arrière, le coffre tout simplement, peut lui aussi accueillir deux lits superposés. Enfin, la tente de toit intégrée complète le « dispositif nuit ». Au maximum, et en se serrant quelque peu, on pourrait imaginer caser six occupants. Jusque-là, c’est très bien. Mais le petit truc en plus du F&S, c’est la possibilité d’isoler un ou deux de ces espaces de couchage.

En effet, en refermant la porte qui sépare la salle de bain du coffre, on forme une « chambre d’enfants » relativement isolée du reste du van. Idem avec le couchage sur le toit qui ne nécessite pas de transformer la zone centrale en lit deux places. En plus de l’aspect pratique et du gain de temps généré, ce dispositif offre également un autre avantage. En créant un espace de couchage isolé, le reste du van reste exploitable. Dans le cas de parents de jeunes enfants, c’est un atout précieux puisqu’ils peuvent continuer à « vivre » dans le van alors que les enfants dorment à l’arrière.
Quant à la cabine sur le toit, même si elle perd quelques degrés par rapport au reste du van, elle demeure un espace privilégié, assez spacieux au demeurant, et qui souligne le côté évasion du F&S.

Enfin, il faut également saluer l’excellent niveau d’isolation sonore du van aménagé de Chausson, là encore un atout précieux. Partir en van ou camping-car, ce n’est pas synonyme de réveil au lever du soleil. Grâce à un équipement qui permet de faire l’obscurité dans l’habitacle et avec des parois très bien doublées, le F&S permet de passer des nuits au calme et de recharger les batteries avant de reprendre la route.
Gestion de l’énergie : en quasi-autonomie
La gestion énergétique est relativement classique sur le F&S, mais elle n’en demeure pas moins bien maîtrisée. Compte tenu de la douceur du climat lors de notre essai, nous n’avons pas eu à utiliser le système de chauffage à air pulsé qui va puiser dans le réservoir de carburant, en l’occurrence du diesel. Mais il faut avoir en tête que cette option est disponible et qu’elle permet non seulement de voyager en hiver, mais aussi de s’endormir l’esprit tranquille sans avoir à se soucier de ses réserves d’électricité ou de gaz.

Le gaz, justement, c’est ce qui permet d’activer le chauffe-eau, indispensable si on souhaite éviter les douches glacées, mais aussi les plaques de cuisson dans l’espace cuisine. Il repose sur une bouteille de 5 L et sur un allumage électronique dont le positionnement relève de l’anomalie. Situé au pieds des passagers à l’arrière, il nécessite de se contorsionner pour être activé ou menace de l’être si les pieds des petits occupants à l’arrière se balancent un peu trop. En revanche, la consommation de gaz semble particulièrement maîtrisée. Au terme de notre semaine d’essai, notre bouteille de 5 L était toujours opérationnelle. Pas d’inquiétude de ce côté-là.

Enfin, le bilan est également très positif du côté de la gestion de l’électricité. Lorsque le F&S n’est pas branché au réseau électrique (dans un camping ou un jardin, par exemple), il peut se reposer sur des panneaux solaires situés sur son toit qui suffisent à son autonomie. Certes, dans cette configuration, il faut oublier l’idée de recharger son smartphone sur l’un des ports USB à sa disposition, mais pour le reste le van aménagé est presque autosuffisant sur cet aspect également.
En définitive, côté énergie, le F&S dispose de suffisamment d’atouts pour ne pas avoir à se soucier d’une panne ou d’un manque de ressources. Dans le cas d’une utilisation classique et raisonnée, il nous semble tout à fait adapté.
Conduite et consommation : des atouts majeurs
C’est un aspect qui pourrait paraître secondaire, mais qui reste malgré tout essentiel : un van ou un camping-car, ça consomme… plutôt beaucoup. Rien d’étonnant compte tenu du poids et du gabarit des bestiaux, plus de 3 tonnes en général.
C’est là pourtant l’un des atouts les plus intéressants du F&S. En effet, dans l’univers des vans et autres camping-cars, le petit dernier de Chausson est un « petit format ». Moins de 6 m de long (5,99 m), à peine plus de 2 m de large et tout juste 3 tonnes sur la balance, voilà pour ses mensurations. Cela confère au F&S une certaine vélocité, pour ne pas dire aisance de conduite, en comparaison des alternatives plus volumineuses.

En plus d’une conduite relativement aisée, le F&S affiche également une consommation vraiment maîtrisée. À l’issue de nos 2 000 km d’itinérance, nous avons observé une consommation moyenne de 9,3 L/100 km. Cette valeur, déjà intéressante en soi, doit en plus être nuancée dans la mesure où environ 40 % du parcours a été réalisé sur autoroute. À 130 km/h, la consommation du F&S avoisine les 12 L/100 km. En revanche, le van aménagé est nettement plus à l’aise sur son terrain de jeu privilégié, les petites nationales et autres départementales où, lorsqu’il est lancé, il affiche une consommation inférieure à 8 L/100 km.
Prix et options du Chausson F&S
Le prix d’un van aménagé peut grandement varier en fonction de l’équipement choisi lors de sa commande. En effet, pour peu que vous ayez besoin d’un téléviseur, de meubles spécifiques ou d’une autre finition pour les tissus, le montant de la facture pourra grimper de quelques milliers d’euros. Notre modèle d’essai, par exemple, ne comprenait que deux packs d’options :
- Pack accessoires (store extérieur, auvent, panneau solaire et store intérieur cabine) : 2 490 €
- Pack Connect FIAT (caméra de recul, système multimédia, commande au volant, antenne radio DAB) : 2 990 €
Malgré leur prix important, ces deux options nous semblent indispensables pour avoir un minimum de confort supplémentaire dans le cas du premier pack et pour mieux manœuvrer (caméra de recul) ou pouvoir profiter de CarPlay ou Android Auto dans le second cas.

Ces deux options s’ajoutent donc au tarif initial du F&S qui est de 64 490 euros. La somme est conséquente, évidemment, mais dans l’univers du véhicule de loisir, le petit van compact de Chausson fait plutôt partie de la catégorie des véhicules les plus « accessibles ». Si on ajoute à cela la qualité de l’aménagement intérieur, le niveau des finitions et l’ensemble des prestations, le F&S nous semble offrir un rapport qualité/prix vraiment intéressant.

Verdict de l’essai :
Le coup de foudre n’a pas été immédiat entre le F&S de Chausson et nous. Le van aménagé compact peut paraître un peu rustique au premier abord, notamment dans la cabine avant qui dispose d’un équipement assez archaïque. Mais cette petite réticence s’efface au bout de quelques kilomètres parcourus. Elle se transforme pour laisser place à l’étonnement et au plaisir d’utiliser le F&S au quotidien. C’est seulement au bout de plusieurs jours qu’on se rend compte de l’ingéniosité derrière chaque intégration, de la qualité générale de l’isolation sonore ou encore de la praticité de l’aménagement en trois espaces. La gestion du coffre quant à elle est une sacrée idée qui laisse en plus le choix à l’utilisateur : celui de privilégier l’espace de rangement ou de transformer la zone en couchage atypique. Il est possible de faire les deux, bien sûr, mais au prix de manœuvres quotidiennes pour remplacer les matelas et les sommiers.
Au final, tout au long de cette semaine et au cours des 2 000 km que nous avons parcourus avec le van aménagé de Chausson, celui-ci s’est avéré un excellent compagnon d’aventure, pratique, agile et d’un grand réconfort après les grandes balades de la journée. C’est là la mission première d’un van ou d’un camping-car, et sur cet aspect le F&S déborde d’atouts.
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