Augmenter la production de puces électroniques en Europe, c’est devenu une obsession pour Thierry Breton. Le commissaire européen de la politique industrielle et du numérique a dévoilé ce week-end à plusieurs médias européens les grandes lignes de ce qu’il va désormais falloir appeler le Chips Act, un plan de soutien au secteur.
Actuellement, l’Europe contribue à hauteur de 10% du marché mondial. Il s’agit de doubler ce chiffre d’ici 2030. Mais comme la demande est exponentielle, cela imposera de quadrupler la force de productivité.
Concrètement, il y aura beaucoup d’argent sur la table, provenant des fonds européens, mais aussi des Etats membres. Il y aurait un nouveau cadre pour faciliter les aides dans ce domaine. Mais il ne s’agira pas d’augmenter simplement la productivité actuelle.
Priorité aux puces de moins de 5 nanomètres
Les sociétés bénéficiaires, qui seront financées donc, devront présenter un plan d’investissement et d’innovation sur cinq à dix ans. Il est notamment question de créer des plates-formes de conception et des lignes de production pilotes pour les puces de moins de cinq nanomètres, voire de moins de deux nanomètres. Celles qui s’imposeront demain.
Thierry Breton ambitionne également d’imposer de nouvelles règles d’approvisionnement en cas de crise avec un outil de contrôle des exportations.
Pour le commissaire, ce Chips Act répond à une urgence géopolitique.
« Sans semi-conducteurs, pas de transition numérique, pas de Pacte vert. Les voitures, la 5G, la santé, la défense… Les puces sont partout et joueront un rôle de plus en plus critique », a-t-il déclaré notamment aux Echos.
Il s’agit donc de devenir moins dépendant de la production asiatique. D’autant que la pénurie des composants met en évidence notre grande vulnérabilité.
« Si nos importations depuis Taïwan devaient rencontrer un problème, les usines européennes seraient en rupture de puces en trois ou quatre semaines seulement », explique le commissaire européen.
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Si ce pari réussit, Thierry Breton pense que c’est tout un cercle vertueux qui s’enclenchera.
« Si nous maîtrisons la production des microprocesseurs les plus avancés, nous aurons naturellement tout un écosystème qui se créera autour. Nous réduirons ainsi nos dépendances. Nous favoriserons la transition de l’ensemble de notre industrie. Nous créerons les emplois qualifiés de demain, et l’Europe pourra à nouveau être une puissance exportatrice de semi-conducteurs ».
Le Chips Act devrait être dévoilé officiellement le 8 février prochain.
Source : Les Echos