Apple va devoir changer beaucoup de choses en profondeur pour respecter le DMA, la législation européenne sur les marchés numériques. Le texte prévoit ainsi, entre autres, d’autoriser l’installation d’applications en dehors de l’App Store. Alors que les premières mesures doivent apparaitre en début d’année prochaine, Bruxelles fait un nouveau coup de pression.
Le DMA, pour Apple, ce n’est pas une simple petite brèche dans son écosystème, c’est un véritable coup de masse sur un modèle économique férocement protégé depuis le lancement de l’App Store, en 2008. Le texte européen, qui cherche à rééquilibrer le marché du smartphone en l’ouvrant beaucoup plus largement à la concurrence, porte en effet en lui des modifications profondes pour l’iPhone.
Tim Cook plaide sa cause, sans succès
Avec le DMA, la plupart des applications par défaut peuvent être remplacées par d’autres, les développeurs peuvent utiliser n’importe quel système de paiement, les messageries doivent devenir interopérables, les utilisateurs ont la possibilité d’installer des apps en dehors de la boutique officielle (sideloading)… Bref, tout ce qu’Apple a toujours rejeté. Et la mise en œuvre de ces dispositions, prévue pour fin mars 2024, va obliger Apple à cravacher pour tenir compte des obligations européennes.
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Le constructeur informatique cherche bien à échapper à certaines des mesures du DMA, tandis que Tim Cook est en première ligne pour plaider sa cause. Reuters rapporte ainsi que le CEO d’Apple était à Bruxelles où il a rencontré Thierry Breton, l’omniprésent commissaire européen au marché intérieur. Et il n’a pas dévié d’un iota : « La prochaine mission pour Apple et pour les autres géants de la technologie, dans le cadre du DMA, est d’ouvrir la porte aux concurrents ».
Et le commissaire de donner quelques exemples du chantier qui attend Apple : « Que ce soit le portefeuille électronique [Wallet], les navigateurs ou les boutiques d’applications, les consommateurs qui utilisent un iPhone devraient pouvoir bénéficier de services compétitifs proposés par de nombreux fournisseurs ».
Le constructeur oppose au DMA la sécurité et la confidentialité des données, qu’il ne serait plus possible d’assurer avec les règles européennes (en particulier le sideloading). Mais pour Thierry Breton, « la régulation européenne encourage l’innovation, sans compromis sur la sécurité et la vie privée ». La patate chaude est donc dans le camp d’Apple, qui a déjà dû concéder une défaite en troquant le Lightning par un port USB-C dans l’iPhone sur pression européenne, sans que cela provoque de drame.
Source :
Reuters