C’est fait. Tibo InShape a atteint, dimanche 26 mai, plus de 18,9 millions d’abonnés sur YouTube. Et détrôné Squeezie, qui occupait depuis cinq ans la place de numéro 1 français. Une inexorable issue, puisque le trentenaire, basé à Albi, engendre ces derniers temps environ un million de nouveaux abonnés chaque mois, attirés par ses vidéos où cohabitent sport, humour, émotion, patriotisme, polémiques et performances.
La performance, c’est justement ce qui semble guider la vie de Tibo InShape. Le youtubeur martèle les vertus « de la patience, de la régularité et du travail », comme dans cette vidéo consacrée à la boxe. Des valeurs qui lui ont permis de se modeler le corps de Superman et surtout de devenir le youtubeur le plus suivi du pays.
Violente agression
Tout super-héros a son « origin story ». Celle de Tibo InShape a pour théâtre une ruelle sombre de Pibrac, près de Toulouse, un soir d’hiver. Nous sommes en 2009, Thibaud Delapart a 17 ans et se dirige avec quelques amis vers une pizzeria. Un homme plus âgé les interpelle, leur demande du cannabis, bientôt rejoint par deux autres. La situation dégénère, l’ado est frappé, mis à terre, roué de coups de pied et de batte. Interpellés dans la foulée, ses agresseurs seront condamnés à des peines de prison. La fin de « l’équipée sauvage de trois imbéciles », selon les mots du procureur. Et le début de la mutation de Thibaud Delapart vers Tibo InShape.
« Je me suis rendu compte, en l’espace de deux minutes, que non, le monde dans lequel on vit n’est pas un monde de bisounours, que le monde dans lequel on vit est dangereux, et qu’à tout moment, tout peut basculer », expliquera-t-il plus tard sur YouTube, après avoir mis la main sur les images de vidéosurveillance. C’est décidé : le jeune homme s’inscrit en salle de muscu, transforme son corps, gagne en puissance. Quatre ans plus tard, il met en ligne une toute première vidéo, qui expose son impressionnante évolution physique.
Le néoyoutubeur se prend au jeu. Il partage ses conseils de sèche, s’essaie aux sketches, et impose ses gimmicks : un énergique « DAMN ! » en début de vidéo ; un tonitruant « BOUM ! » en conclusion. Les internautes découvrent un jeune homme enjoué et survitaminé. Assez lourd aussi, quand il désigne les femmes comme des « petites » et qualifie leur poitrine de « meules ». Ce qui ne l’empêchera pas de bientôt devenir le premier youtubeur fitness du pays.
Un secteur auquel il aurait pu rester cantonné. Mais qui ne lui aurait jamais permis d’atteindre les sommets. « Les premiers youtubeurs à avoir eu du succès n’avaient pas une thématique aussi étroite », souligne Joseph Godefroy, enseignant chercheur au centre nantais de sociologie et auteur d’une thèse sur les influenceurs. « Squeezie, Cyprien ou Norman ont touché un public très large grâce à des contenus généralistes, comme des sketchs sur le permis de conduire. C’est un élément central du succès des influenceurs : ils s’attachent à avoir l’air ordinaires, ils se construisent une authenticité. Tibo InShape a décidé de prendre ça à bras-le-corps en diversifiant ses contenus. »
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