L’ordre vient de la Maison Blanche. Washington a demandé, lundi 27 février, à toutes les agences fédérales de supprimer, d’ici trente jours, l’application TikTok de ses appareils mobiles, invoquant des inquiétudes quant à la sécurité liée aux données des utilisateurs. Quelques agences, comme le département de la défense et la sécurité intérieure, avaient déjà mis en place de telles restrictions.
Ce même jour, le gouvernement canadien a annoncé qu’il allait bannir l’application TikTok des appareils mobiles qu’il fournit à son personnel à compter de mardi, évoquant « un niveau de risque inacceptable » pour la vie privée et la sécurité. Une interdiction mise en place en urgence.
« Sur un appareil mobile, les méthodes de collecte de données de TikTok donnent un accès considérable au contenu du téléphone », a expliqué la présidente du ministère du Trésor, Mona Fortier, précisant dans un communiqué que l’interdiction avait été prise « à titre préventif ». « Nous n’avons aucune raison de croire pour le moment que des renseignements du gouvernement ont été compromis », a-t-elle toutefois ajouté.
Une porte-parole de TikTok a réagi en déplorant, dans un courriel à l’Agence France-Presse, une décision « curieuse », prise « sans citer de problème de sécurité spécifique », et en regrettant que la plateforme n’ait pas été contactée par le gouvernement.
L’ultrapopulaire application de vidéos courtes et virales, propriété de l’entreprise chinoise ByteDance, est de plus en plus scrutée par les Occidentaux qui craignent que Pékin puisse ainsi accéder aux données d’utilisateurs du monde entier.
Dans le sillage de la Commission européenne
Cette interdiction au Canada survient quelques jours après une décision similaire de la Commission européenne, qui a interdit TikTok à son personnel pour « protéger » l’institution.
TikTok est également dans le collimateur des autorités américaines : une loi ratifiée il y a quelques semaines par le président Joe Biden interdit l’utilisation de cette application à la Chambre des représentants et au Sénat, ainsi que sur les appareils des fonctionnaires.
Les relations entre la Chine et le Canada se sont fortement dégradées ces dernières années, notamment après l’arrestation par le Canada à la demande des Etats-Unis de la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou en 2018.
Le commissariat canadien à la protection de la vie privée a annoncé la semaine dernière avoir lancé une enquête sur TikTok visant à établir sa conformité aux lois canadiennes. Elle vise notamment à vérifier que « TikTok a obtenu un consentement valable pour la collecte, l’utilisation et la communication de renseignements personnels ».
La présidente du ministère du Trésor a souhaité rappeler que le grand public n’était pas impacté par cette interdiction : « En ce qui concerne le grand public, la décision d’utiliser une application ou une plateforme de médias sociaux est un choix personnel. Toutefois, les lignes directrices du Centre canadien pour la cybersécurité du Centre de la sécurité des télécommunications recommandent fortement aux Canadiennes et Canadiens de comprendre les risques et de faire un choix éclairé avant de décider quels outils ils souhaitent utiliser. »