TikTok et sa maison mère chinoise ByteDance ont porté plainte mardi 7 mai contre les Etats-Unis, estimant que la loi qui pose un ultimatum à la populaire plate-forme de vidéos, et risque de la bannir du pays l’année prochaine, est « inconstitutionnelle », d’après le document judiciaire.
Washington a adopté fin avril un texte qui oblige ByteDance à vendre TikTok dans un délai de douze mois, faute de quoi l’application utilisée par 170 millions d’Américains serait interdite. Le réseau social et de nombreuses personnalités et ONG considèrent que cette loi viole la liberté d’expression de ses utilisateurs, garantie par le premier amendement de la Constitution américaine.
« Pour la première fois dans l’histoire, le Congrès a adopté une loi qui bannit une plate-forme d’expression, et elle seule, de façon permanente à l’échelle nationale, et qui interdit à chaque Américain de participer à une communauté en ligne unique comptant plus d’un milliard de personnes dans le monde », déclarent les avocats de l’entreprise dans la plainte déposée devant un tribunal fédéral de Washington.
Soupçons de manipulation et d’espionnage
Après le vote par les élus et la promulgation par la Maison Blanche, TikTok avait prévenu qu’elle utiliserait toutes les voies légales possibles contre la loi Protecting Americans From Foreign Adversary Controlled Applications Act (« protéger les Américains d’applications contrôlées par des adversaires étrangers »). Les promoteurs de ce texte font valoir des soupçons de manipulation et d’espionnage des utilisateurs américains par les autorités chinoises via TikTok.
Selon la loi, la plate-forme dispose de 270 jours pour trouver de nouveaux investisseurs non chinois, faute de quoi elle sera interdite aux Etats-Unis. La Maison Blanche peut accorder un délai supplémentaire de 90 jours. La bataille judiciaire pourrait monter jusqu’à la Cour suprême.
En 2020, TikTok avait réussi à bloquer un décret similaire de l’ancien président Donald Trump. Elle avait alors déposé un recours et un juge avait suspendu provisoirement le décret, estimant que les raisons invoquées pour l’interdiction étaient exagérées et la liberté d’expression menacée.
La nouvelle loi vise à contourner les difficultés précédemment rencontrées. Des experts estiment que la Cour suprême pourrait être sensible aux arguments de sécurité nationale avancés par les élus, sans certitude.