La fin de la saga TikTok aux États-Unis ? Après des mois de bras de fer, la plateforme chinoise a bien accepté de céder une partie de son entité américaine à un trio américano-émirati, pour éviter son exclusion du marché américain.
Après des années de négociation, le réseau social chinois TikTok accepte finalement de céder une partie de son entité américaine à une coentreprise. Sa maison-mère, le géant chinois ByteDance, a conclu un accord avec deux sociétés américaines, Oracle et Silver Lake, ainsi qu’avec un fonds d’investissement émirati, MGX. Selon le mémo interne consulté par plusieurs médias dont Axios et l‘AFP, jeudi 18 décembre, le trio détiendra un peu moins de la moitié de la nouvelle co-entreprise (45 %), pendant que ByteDance en conservera 19,9 %. Le reste sera détenu par ses investisseurs actuels, dont des fonds américains (30,1 %).
L’accord s’appliquera de manière progressive jusqu’au 22 janvier 2026. Dans le détail, la nouvelle société s’appelle « TikTok USDS Joint Venture LLC ». Elle agira indépendamment de TikTok, et sera responsable de « la protection des données » des utilisateurs américains, de « la sécurité de l’algorithme (et de) la modération des contenus», est-il précisé dans le mémo. À noter que que la nouvelle co-entreprise sera chargée de « réentraîner l’algorithme de recommandation de contenu sur les données des utilisateurs américains afin de garantir que le flux de contenu est exempt de toute manipulation extérieure ».
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Les données des Américains et la sécurité nationale des États-Unis préservées ?
Selon son auteur, Shou Chew, directeur général de la société, « la coentreprise américaine sera détenue majoritairement par des investisseurs américains, gouvernée par un nouveau conseil d’administration de sept membres dont la majorité sera américaine, et soumise à des conditions qui protègent les données des Américains et la sécurité nationale des États-Unis ». « Un partenaire de sécurité de confiance sera chargé de contrôler et de valider la conformité aux conditions de sécurité nationale convenues, et Oracle sera le partenaire de sécurité de confiance une fois la transaction finalisée », est-il encore précisé.
TikTok conserve toutefois la gestion de l’interopérabilité des produits à l’échelle mondiale et certaines activités commerciales, notamment le commerce électronique, la publicité et le marketing. Le mémo vient mettre fin à une saga qui aura duré plusieurs années, pendant laquelle TikTok, accusé d’être à la solde du parti communiste chinois par Washington, a été poussé à vendre ses activités américaines à des Américains.
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Des procédures judiciaires en cours en Europe
Si le sujet est sur la table depuis plus de cinq ans, le tempo s’était accéléré l’année dernière, lorsque le Congrès avait adopté une loi interdisant l’application, à moins qu’elle ne soit vendue. La Cour suprême avait ensuite donné son feu vert en janvier dernier, avant que Donald Trump ne reporte à plusieurs reprises son application.
Le document interne fait suite à l’accord de principe trouvé entre Pékin et Washington en septembre dernier, et sur lequel les questions restaient nombreuses. En Europe aussi, la plateforme est surveillée de près. Elle est l’objet de plusieurs enquêtes et procédures, sur le terrain de la santé mentale des adolescents.
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En France, une plainte a été déposée après le suicide d’une adolescente, en septembre 2023. Un recours collectif a ensuite été initié en novembre 2024. En novembre 2025, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête sur l’algorithme de TikTok qui serait susceptible de pousser les plus « vulnérables vers le suicide ». En février 2024, c’est la Commission européenne qui a initié une enquête, sous l’égide du DSA, le Digital Services Act. Aux États-Unis, la plateforme est également attaquée par plusieurs États américains pour ses impacts allégés sur la santé mentale des jeunes. Une procédure similaire a été lancée au Royaume-Uni, en mars dernier. Mais aucune de ces procédures n’a, pour l’instant, abouti.
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