Sous la pression, TikTok a annoncé mettre « en pause » le déploiement de ses nouvelles conditions d’utilisation en Europe, qui devait intervenir à partir de mercredi, a annoncé au site spécialisé Techcrunch, mardi 12 juillet, un porte-parole de la Data Protection Commission (DPC), l’équivalent en Irlande de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) française. La suspension a été confirmée ensuite par un porte-parole du réseau social.
En théorie, cette mise à jour des conditions d’utilisation de la plate-forme, annoncée le 8 juin, devait permettre à l’application chinoise de partage de vidéos, utilisée par plus de 100 millions d’Européens chaque mois en 2020, d’afficher des publicités personnalisées sur les appareils de tous ses utilisateurs de l’Union européenne, de Suisse et du Royaume-Uni, et ce sans leur accord préalable, ce qui n’était pas possible jusqu’ici. Pour justifier ce revirement, l’entreprise invoquait ses intérêts légitimes à « mettre en relation les annonceurs avec des utilisateurs susceptibles d’être intéressés par leurs produits ou services ».
Avertissement de la CNIL italienne
Plusieurs voix se sont très vite élevées contre cette mesure forcée, notamment celle de la Garante per la protezione dei dati personali, la CNIL italienne, qui, dans un communiqué diffusé lundi, adressait un « avertissement formel » à TikTok et concluait que le changement opéré par le réseau social était incompatible selon elle avec la directive européenne « ePrivacy » de 2002 sur la protection de la vie privée sur Internet ainsi que le règlement général sur la protection des données (RGPD).
« Tiktok a accepté de mettre en pause le déploiement de ces changements afin de permettre à la DPC de faire ses analyses », a détaillé le porte-parole de l’institution irlandaise au site Techcrunch. La division européenne de TikTok étant sise en Irlande, c’est en effet de la DPC que dépend l’entreprise chinoise en ce qui concerne sa politique en matière de données personnelles.
Les publicités personnalisées sont une pratique répandue sur les réseaux sociaux, qui tirent la majeure partie de leurs bénéfices des annonces diffusées auprès de leurs utilisateurs. TikTok, qui a déjà déployé ses nouvelles conditions d’utilisation partout en dehors de l’Europe depuis le mois d’avril 2021, n’est d’ailleurs pas le seul à imposer cette pratique à ses clients. Instagram ou Twitter, par exemple, recourent déjà à un tel ciblage, sans que leurs usagers ne soient toujours au courant.
Légalement, le Digital Service Act, sur lequel les institutions européennes se sont mises d’accord le 23 avril, interdit uniquement le ciblage publicitaire des enfants ou utilisant des données sensibles, comme la religion ou encore l’orientation sexuelle. La pratique, désormais commune à tous les plus grands réseaux sociaux en Europe, est donc légale mais fait débat.