La négociation sur la rétribution pour la diffusion des chaînes de télévision gratuites de la TNT du groupe TF1 (TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films et LCI) n’a pas abouti avec le groupe Canal+, à la différence d’autres distributeurs comme les opérateurs télécom ou certaines plateformes de diffusion comme Molotov.
Accusant TF1 d’abuser de sa position dominante, le groupe Canal refuse de payer le montant réclamé et a décidé de couper le flux de TF1 dans ses offres. Les abonnés Canal+ n’ont donc plus directement accès aux chaînes télévisées du groupe de Bouygues.
S’il reste possible d’y de les retrouver par la TNT hertzienne ou en passant pour les applications et sites internet, la situation est problématique pour les abonnés en zone blanche pour lesquel l’accès par satellite n’a pas d’alternative simple.
TF1 en quête de revenus autres que publicitaires
De son côté, TF1 compte beaucoup sur la rétribution de la diffusion de ses chaînes gratuites dans un contexte de concurrence grandissante avec les plateformes de diffusion vidéo du Web (Netflix, Amazon, Disney+…).
Le groupe vient de perdre l’opportunité de fusionner avec M6 pour constituer un grand groupe de l’audiovisuel qui aurait peut-être été mieux armé face à l’évolution du marché et ces revenus de diffusion sont donc cruciaux.
D’où l’acharnement à ne pas céder sur le montant, même si l’arrêt de la diffusion de ses chaînes chez Canal+ depuis le 2 septembre impacte significativement son audience et par extension ses revenus publicitaires.
S’adapter en attendant de trouver un accord
Dès les jours qui ont suivi l’interruption du flux des chaînes du groupe, les baisses d’audience ont été nettes, même si elles se sont un peu reprises depuis. Aucune émission de divertissement n’est épargnée et même les temps rassembleurs du journal télévisé (JT) sont touchés, ce qui fait, au passage, les affaires de France Télévisions.
Pendant que Thierry Lhuillier, directeur de l’info chez TF1, estime qu’il manque 10% du potentiel d’audience à chaque lancement, tandis que le JT de France 2 fait régulièrement de meilleurs scores d’audimat.
Pour limiter l’impact, et puisque la situation semble devoir perdurer, une astuce a été mise en place depuis le 20 septembre : le jeu télévisé Les 12 coups de midi supporte désormais deux coupures publicitaires au lieu d’une, l’une positionnée à 12h10 et l’autre à 12h40
Cette seconde pause publicitaire permet d’enchaîner directement la fin du jeu de Jean-Luc Reichmann avec le démarrage du JT de 13 heures de Marie-Sophie Lacarrau, afin d’éviter la dispersion des téléspectateurs entre les deux.
La période pré-JT, qui cumulait pauses publicitaires et bandes-annonces d’émissions à venir, est donc abandonnée pour limiter les transferts d’audience vers le « 12.45 » de M6 ou vers le journal de France 2.
Le Mondial de Football rassemblera-t-il les deux camps ?
Pour le moment, ce dernier n’a pas modifié son heure de lancement et continue de profiter de records d’audience, tandis que la ruse de TF1 depuis quelques jours ne semble pas avoir d’effet marquant sur l’audience.
La problématique d’un accord sur la rétribution contre la diffusion des chaînes de TF1 reste entière et rien ne semble pouvoir la faire évoluer pour le moment. TF1 a fait appel de la décision du tribunal de commerce de Paris qui n’impose pas à Canal+ de relancer la diffusion et une nouvelle décision doit être formulée le 6 octobre.
Pas sûr qu’elle change la donne. L’espoir pourrait venir de la diffusion de la Coupe du Monde de Football qui démarrera le 20 novembre prochain.Pour que chacun puisse être devant son téléviseur, les deux groupes ont intérêt à ce que l’événement sportif soit transmis aussi largement que possible.
Les quelques semaines qui viennent seront donc décisives pour relancer le flux des chaînes TV, peut-être avec l’aide de l’Arcom (ex CSA), régulateur du secteur audiovisuel, qui reste ouvert à un rôle de médiateur. A moins de s’enfoncer dans un conflit long et destructeur…