Des peines de trois à six mois de prison avec sursis ont été prononcées lundi 12 décembre à Paris contre onze personnes qui avaient harcelé en ligne le chanteur Eddy de Pretto après un concert en juin 2021 dans une église parisienne.
Ces jeunes hommes ont été condamnés pour des messages qualifiant l’artiste de « gigantesque fiotte » et l’accusant d’avoir « souillé » leur foi catholique en interprétant un morceau sur l’homosexualité dans l’enceinte de l’église Saint-Eustache. Six prévenus ont par ailleurs été relaxés par le tribunal correctionnel.
Eddy de Pretto est « très satisfait » de la décision du tribunal, a déclaré à la presse un de ses avocats, M. Martin Lémery. « Le tribunal rappelle qu’on ne peut pas impunément se livrer au lynchage numérique d’une personne dont les engagements publics, l’orientation sexuelle ou la personnalité ont eu le malheur de heurter certains extrémistes », a-t-il ajouté.
Relativisant l’importance des relaxes, l’avocat a formé le vœu que cette décision puisse « être une nouvelle pierre à l’édifice jurisprudentielle dans la lutte contre les discriminations et le harcèlement de meute sur Internet ».
Cible de quelque trois mille messages
Lors du procès, ouvert début octobre, le chanteur de 29 ans était venu témoigner de l’impact dévastateur des quelque trois mille messages qui l’avaient ciblé sur les réseaux sociaux après son concert à Saint-Eustache. « Nous serons là à chaque date pour te rappeler que l’armée de Dieu ne laisse pas ce genre de blasphème impuni », « gros sac à merde à souiller notre religion », « à bas la République qui nous fabrique des sous-hommes de cette espèce », clamaient quelques-unes de ces publications sur Instagram.
« J’ai eu très peur de sortir de chez moi, des troubles du sommeil (…) des troubles dépressifs, je n’arrivais pas à comprendre cette violence », avait témoigné Eddy de Pretto.
Présentant des profils très divers mais revendiquant, pour la plupart, leur attachement au catholicisme, les prévenus avaient affirmé s’être sentis « humiliés » par le terme de « sodomite » utilisé par Eddy de Pretto dans une des chansons interprétées à Saint-Eustache. Certains avaient également tenté de se justifier en récusant toute intention violente et en mettant en avant leur volonté de poser « un cadre juridique » pour « la défense de notre société ».
Lors de l’audience, la procureure avait qualifié leurs messages d’« abus à la liberté d’expression » et rappelé que le « blasphème et les atteintes à la religion ne sont pas réprimés par le droit ».