Twitter a ralenti les liens vers ses concurrents et certains médias américains

Twitter a ralenti les liens vers ses concurrents et certains médias américains


Cinq secondes avant que la page ne s’affiche : durant plusieurs jours, Twitter (récemment renommé X) a intentionnellement ralenti le chargement des sites de plusieurs concurrents et grands médias, lorsqu’un utilisateur cliquait sur un lien depuis le réseau social. Le ralentissement avait été remarqué au début du mois par au moins un internaute, avant d’être confirmé par de multiples tests mardi 15 août. Ces entraves semblent avoir été levées ce mercredi, après la publication de plusieurs articles sur le sujet aux Etats-Unis.

Parmi les sites touchés par ce traitement défavorable se trouvaient Threads.net, le concurrent de Twitter lancé par Meta (maison mère de Facebook et Instagram), son autre rival Bluesky ou la plate-forme de newsletters Substack, qui dispose d’une fonction de micromessages. Etaient également concernés les sites de l’agence de presse Reuters et du New York Times. Elon Musk, qui a racheté Twitter à la fin de 2022, s’est à plusieurs reprises emporté contre les deux grands médias américains. Selon les analyses du Washington Post, le début du ralentissement des liens vers le site du New York Times coïncide avec la publication par le quotidien américain d’un article sur l’Afrique du Sud, où M. Musk est né, et qui l’avait vivement critiqué.

La vitesse d’affichage des pages sur Internet est un facteur crucial du succès d’un site. De multiples études montrent que des ralentissements de quelques dixièmes de secondes peuvent avoir un impact notable sur sa fréquentation ; un ralentissement de plusieurs secondes conduit plus de la moitié des visiteurs à abandonner leur navigation.

Ce n’est pas la première fois que M. Musk, qui aime se présenter comme un champion de la liberté d’expression, prend des mesures pour réduire la visibilité de concurrents ou de sites qu’il n’aime pas. Les plates-formes Substack ou Mastodon ont déjà fait l’objet de mesures techniques de blocage partiel ou de ralentissement sur Twitter depuis l’arrivée d’Elon Musk à sa tête. En théorie, ces pratiques anticoncurrentielles peuvent être sanctionnées par les tribunaux.

Incertitudes économiques persistantes

Confronté à un exode de ses annonceurs, Twitter a par ailleurs annoncé cette semaine plusieurs mesures pour tenter de redresser ses comptes. Mercredi, le réseau social a commencé à bloquer l’accès à son outil Tweetdeck pour les utilisateurs n’ayant pas souscrit un abonnement payant Twitter Blue. Très populaire auprès des internautes les plus actifs sur la plate-forme, Tweetdeck permet d’utiliser plusieurs comptes simultanément, mais aussi de créer des colonnes de messages thématisées. La fin de l’accès gratuit à cet outil a pour but d’inciter davantage d’utilisateurs à souscrire un abonnement, mais pourrait aussi provoquer une baisse des statistiques d’usage de la plate-forme.

L’entreprise a également mis fin en début de semaine à l’un de ses formats publicitaires les plus courants, lequel permettait de promouvoir un compte pour inciter les utilisateurs à s’y abonner. Le réseau social n’a donné aucune explication précise sur les raisons de ce changement de politique.

Le Monde



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