Au lendemain d’un ultimatum posé par Elon Musk, les départs se multipliaient chez Twitter jeudi 17 novembre, sans qu’on sache précisément combien. Le nouveau propriétaire du réseau social avait demandé aux employés rescapés de la première vague de licenciements de choisir entre se donner « à fond, inconditionnellement », et partir.
Selon plusieurs médias américains, des centaines d’employés ont choisi de partir. « Je suis peut-être exceptionnelle, mais (…) je ne suis pas inconditionnelle », a par exemple tweeté Andrea Horst, dont le profil LinkedIn affiche encore « responsable (survivante) de la chaîne d’approvisionnement chez Twitter ». Elle a ajouté le hashtag « #lovewhereyouworked », c’est-à-dire « aime l’endroit où tu as travaillé », comme de nombreux autres salariés annonçant leur choix.
D’après Zoë Schiffer, journaliste du média spécialisé Platformer, Twitter a prévenu jeudi après-midi tous les employés que les bureaux étaient temporairement fermés et inaccessibles, même avec un badge.
Jeudi soir, de nombreux utilisateurs du réseau social, notamment des ex-collaborateurs, des journalistes et des analystes, se demandaient donc si la fin de Twitter serait proche. « Et… nous venons d’atteindre un nouveau pic d’utilisation de Twitter, lol », a ironisé Elon Musk, qui a racheté la plateforme pour 44 milliards de dollars le 27 octobre.
Il a aussi tweeté un drapeau de pirate à tête de mort et un mème (image parodique), montrant un homme au visage d’oiseau bleu, posant devant une tombe aussi masquée d’un oiseau bleu, comme si Twitter assistait, hilare, à son propre enterrement.
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« Bâtir un Twitter 2.0 révolutionnaire »
Mercredi, Elon Musk, avait demandé individuellement aux employés du réseau social de s’engager à « travailler de longues heures à haute intensité », « pour bâtir un Twitter 2.0 révolutionnaire et réussir dans un monde de plus en plus concurrentiel ». Et de préciser :
« Seule une performance exceptionnelle vaudra une note suffisante. »
Les salariés avaient jusqu’à jeudi après-midi pour cliquer sur la case « oui », sous peine de devoir quitter Twitter avec une indemnité correspondant à trois mois de salaire. Une méthode qui détonne, même aux Etats-Unis, où le droit du travail est moins protecteur des salariés que dans beaucoup de pays développés.
Mais dans un e-mail jeudi, Musk a toutefois fait marche arrière concernant le télétravail, auquel il était opposé, braquant de nombreux employés. Il a fait savoir que, pour rester, il fallait que « [leur] supérieur prenne la responsabilité de s’assurer qu’[ils apportent] une excellente contribution ». Les travailleurs seraient également censés avoir « des réunions en présentiel avec [leurs] collègues à une cadence raisonnable, idéalement une fois par semaine, mais pas moins d’une fois par mois ».
Jeudi soir, des messages anti-Elon Musk ont été projetés sur la façade du siège de Twitter à San Francisco, juste à côté du logo de l’entreprise. On pouvait par exemple y lire « Elon Musk, ferme-la », « Stop au Twitter toxique » ou « En avant vers la faillite », comme en attestent les photos de Gia Vang, une journaliste de l’antenne locale de la chaîne NBC.
Licenciements après des critiques d’Elon Musk
La moitié des 7 500 employés du groupe ont déjà été licenciés il y a deux semaines par le multimilliardaire, tandis que d’autres sont partis volontairement dans les jours qui ont suivi. Quelque 700 salariés avaient déjà démissionné pendant l’été, avant même d’être sûrs que l’acquisition aurait lieu. Plus tôt cette semaine, Elon Musk avait également commencé à licencier un petit groupe d’ingénieurs qui l’avaient contesté publiquement ou dans le système de messagerie interne Slack de l’entreprise.
Des dizaines d’employés actuels et surtout passés se sont retrouvés jeudi soir dans un spaces, les salons audio de la plate-forme, pour se soutenir et évoquer de bons souvenirs. Des salariés qui ont choisi de rester ont évoqué leur attachement indéfectible au réseau social et leur désir de le voir survivre et même renaître.
« A tous les Tweeps [le surnom des employés de Twitter] qui ont décidé qu’aujourd’hui serait leur dernier jour : merci d’avoir été des collègues incroyables à travers les hauts et les bas. J’ai hâte de voir ce que vous ferez ensuite », a de son côté déclaré Esther Crawford, directrice des produits en développement de la plate-forme, une des rares responsables qui n’ont ni démissionné ni été congédiés, et qui soutiennent encore publiquement le nouveau dirigeant.
« Bravo à tous les travailleurs de Twitter. Vous avez bâti un lieu de connexion vital et vous méritiez tellement mieux. (…) Merci », a pour sa part tweeté l’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. Cette nouvelle série de départs intervient au moment où Twitter se prépare pour la Coupe du Monde 2022, l’un des événements les plus commentés sur Twitter qui pourrait potentiellement submerger ses systèmes.