un casse-tête pour enfin en tirer …

un casse-tête pour enfin en tirer ...


Entre la fin du plan France Très Haut Débit et l’arrêt programmé du réseau cuivre, le déploiement des infrastructures télécoms est au milieu du gué en cette année 2025. La nouvelle édition de l’Observatoire de la transition numérique des territoires fait une photographie de l’avancée du numérique en France. Il est publié par InfraNum, fédération des industriels du secteur, la Banque des Territoires et l’Avicca, association des collectivités engagées dans le numérique.

Avec 91 % des locaux raccordables en fibre à fin 2024 selon le dernier décompte de l’Arcep, la France se rapproche de ses objectifs. D’après un comparatif du site Zone ADSL&Fibre, elle est le pays européen qui dispose du meilleur taux de couverture. La moyenne européenne se situe à 73 %. Et à seulement 42 % pour l’Allemagne.

« Le déploiement pourrait atteindre 94,6 % en 2026, mais il est marqué par un ralentissement structurel », note l’étude. « Absence d’infrastructures existantes, coûts de génie civil élevés, linéaires plus longs à couvrir », les derniers raccordements à effectuer s’avèrent aussi être les plus complexes. Or, il il reste 4,1 millions de locaux à rendre raccordables.

RIP : 400 millions d’euros pour les raccordements complexes

L’équation économique sera particulièrement difficile à tenir pour les Réseaux d’initiative publique. Avec ses RIP, cofinancés par l’Etat, les collectivité territoriales développent leurs propres réseaux dans des zones peu denses, donc insuffisamment rentables pour les opérateurs privés. L’Observatoire évalue le coût moyen d’un raccordement complexe en zone RIP à 3 000 euros contre de 200 à 400 euros pour un raccordement simple. Soit un besoin total chiffré à 400 millions d’euros.

Le coût d’exploitation des réseaux RIP est, lui, évalué à un milliard d’euros d’ici 2030 en incluant leur entretien, leur renouvellement et leur adaptation pour faire face aux aléas climatiques. L’Observatoire pointe, par ailleurs, « des revenus inférieurs aux prévisions » et « des surcoûts d’exploitation non prévus ». Un effet ciseau qui fait peser un risque d’inégalité d’accès au très haut débit selon les territoires.

« Pour finaliser le déploiement partout en France, il est indispensable de revoir les tarifs et de mettre en place un véritable mécanisme de péréquation […]. Si les mécanismes financiers qui ont accompagné France Télécom puis Orange pour le cuivre sont refusés pour la fibre optique en zone rurale, c’est tout l’édifice du Plan France Très Haut Débit qui s’écroulera tôt ou tard », avertit Patrick Chaize, président de l’Avicca.

35 % des entreprises ne souhaitent pas migrer vers la fibre

La fin du déploiement de la fibre est d’autant plus urgente qu’elle doit coïncider avec celle du réseau cuivre. Cette infrastructure vieillissante, qui supporte la technologie ADSL, va progressivement s’éteindre. « À l’horizon 2030, le chantier s’annonce considérable : 20 millions de nouveaux abonnés fibre, 20 millions de changements d’opérateur, et la dépose de 43 millions de lignes cuivre. »

Cette opération industrielle de grande ampleur suppose une coordination étroite entre opérateurs, collectivités et pouvoirs publics. L’Observatoire plaide également pour une campagne de communication nationale pour convaincre le grand public de migrer vers la fibre.

En ce qui concerne les entreprises, il existe de fortes disparités par zones. 60 % des entreprises des communes rurales sont raccordées à la fibres contre 80 % pour celles situées en région Ile-de-France. Selon un baromètre de Covage, 35 % des entreprises ne souhaitent pas migrer vers la fibre. Elles mettent avant son coût, leur inéligibilité ou un manque de confiance à l’égard des opérateurs.

« Le manque de pédagogie et d’accompagnement freine les usages, comme l’illustre la fermeture du lot 1 du réseau cuivre, dont la mise en œuvre début 2025 n’a engendré qu’une migration effective de 25 % des entreprises concernées », pointe, elle, l’étude.

Des datacenters aux bornes de recharge électrique

Les infrastructures numériques ne se limitent pas aux télécoms. Alors que la majorité de contrats de délégation de service public (DSP) arrivent à échéance, les réseaux existants offrent l’opportunité de développer de nouveaux services dans la vidéoprotection, l’IoT ou la cybersécurité. Plus de 90 % des collectivités interrogées déclarent avoir au moins un projet en ce sens.

Autre axe de développement : les datacenters de proximité. Conçus comme une alternative locale aux grandes infrastructures de cloud, ils permettent l’hébergement des données publiques et offrent une alternative souveraine aux entreprises tout en limitant leur empreinte environnementale.

Et déjà les acteurs de la filière se tournent vers le nouveau chantier qu’est le déploiement des bornes de recharge électrique (IRVE). Il offre des similitudes avec les infrastructures numériques, partageant « les mêmes logiques d’aménagement, de contractualisation et de gouvernance des données que les RIP, confirmant le rôle structurant du numérique dans la transition écologique. »

Avec un coût moyen unitaire de 12 à 100 K€, l’installation des bornes de recharge ouvertes au public, donc hors logements individuels, représente un chantier de 1,6 milliard d’euros à horizon 2030. Un chantier qui permettrait de prendre le relais de celui de la fibre optique.



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