Un important centre d’arnaques en ligne vient d’être démantelé à la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande. Près de 1 600 travailleurs exploités ont été interpellés et plus de 100 kits Starlink ont été saisis. La junte birmane, au pouvoir depuis 2021, cherche surtout à apaiser Pékin.
Un nouveau centre d’arnaques en ligne vient de fermer ses portes en Birmanie. Entre le 18 et le 22 novembre 2025, les militaires birmans ont mis un terme aux activités d’un centre d’escroqueries situé à Shwe Kokko près de la frontière avec la Thaïlande. L’information est apparue dans un article du The Global New Light of Myannar, un média d’État birman souvent utilisé pour la communication et les annonces officielles du gouvernement du Myanmar.
« Le gouvernement considère la lutte contre la fraude aux télécommunications et les jeux d’argent en ligne comme une priorité nationale. Il s’engage à poursuivre sans relâche ses efforts pour éradiquer ces activités sur son territoire, en collaboration avec les institutions nationales et les gouvernements des pays voisins », peut-on lire dans le rapport du média.
Au cours de l’opération, les militaires ont interpellé « 1 590 ressortissants étrangers », qui sont entrés sans autorisation en Birmanie. Ces ressortissants servaient de main d’œuvre aux cybercriminels à la tête des centres de fraude. Sous la menace, ils sont obligés d’orchestrer des escroqueries sentimentales et commerciales sur internet, ciblant des victimes dans le monde entier. Le plus souvent, les ressortissants sont recrutés sous de faux prétextes, séquestrés puis contraints de travailler dans des conditions inhumaines.
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101 kits Starlink saisis et 200 bâtiments détruits
Dans la foulée, les militaires ont démoli près de 200 bâtiments construits sans autorisation à Shwe Kokko, l’un des principaux foyers pour la fraude en ligne en Asie du Sud-Est. Au cours des opérations, les autorités de la junte ont saisi une montagne d’équipements informatiques, dont des ordinateurs ou des smartphones. Ils ont aussi la main sur 101 kits Starlink.
Les cybercriminels à l’origine de centres birmans se servent massivement d’équipements Starlink pour échapper à la censure du gouvernement. La technologie Starlink permet ainsi aux groupes criminels, ainsi qu’à des entités rebelles, de continuer à se connecter à Internet même lorsque le réseau a été coupé sur ordre des autorités. Le mois dernier, SpaceX avait d’ailleurs désactivé 2500 kits Starlink exploités par des pirates en Birmanie.
Une opération de communication pour calmer la Chine
Les opérations de la junte birmane contre les centres d’escroqueries s’inscrivent dans le cadre d’une vague de répression internationale contre les rois de l’arnaque en Asie du Sud-Est. Les États-Unis ont mis sur pied une division spéciale, le « Scam Center Strike Force », pour mettre fin aux gangs qui se servent de centres d’arnaque pour dépouiller les internautes américains. La division comprend des agents de plusieurs agences fédérales américaines, dont le FBI et les services secrets.
De son côté, la Chine a été jusqu’à condamner à mort cinq membres d’un gang spécialisé dans les arnaques en ligne opérant depuis le nord du Myanmar. Les autorités chinoises ont aussi mené plus de 50 000 arrestations dans le sud du pays, à proximité de la Birmanie. Dans ce contexte, les militaires birmans ont multiplié les raids contre les empires de la fraude pour apaiser les tensions avec la Chine. Il s’agit surtout d‘opérations de communication. Derrière ces raids surmédiatisés, la junte birmane est connue pour fermer les yeux sur les activités des cybercriminels au Myanmar. Selon des rapports de l’Office des Nations Unies, des milices locales alliées à la junte protègent en effet les centres d’arnaques sur le territoire.
Pour rappel, la Birmanie a sombré dans le chaos en 2021. Suite à un coup d’État militaire, la junte a renversé le gouvernement civil et pris le pouvoir. L’opposition s’est vite structurée autour d’armées rebelles. En dépit des moyens déployés, la junte n’a jamais repris la main sur l’ensemble du territoire. C’est dans ce contexte que les centres d’arnaques se sont multipliés.
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