Un influenceur condamné à sept ans de prison pour des escroqueries au fonds de solidarité pendant la pandémie

Un influenceur condamné à sept ans de prison pour des escroqueries au fonds de solidarité pendant la pandémie


La mention « En prison actuellement » ainsi qu’un émoji montrant des chaînes figurent à présent sur la biographie de ses comptes Instagram et Snapchat. L’ex-influenceur « PA7 », Paul Antony de son vrai nom, ne devrait plus poster de message pour longtemps : le jeune homme de 24 ans a été condamné, mercredi 6 juillet à Paris, à sept ans d’emprisonnement et 80 000 euros d’amende pour avoir organisé par les réseaux sociaux une fraude aux aides destinées aux entreprises touchées par la pandémie de Covid-19.

Celui qui a été arrêté à Dubaï en juillet 2021 s’est aussi vu infliger une interdiction définitive de gérer une entreprise, une inéligibilité de cinq ans et une interdiction de sortie du territoire pour la même durée après avoir été reconnu coupable d’escroquerie et de blanchiment en bande organisée. « Le tribunal a voulu faire un exemple, il en a fait un exemple », a regretté son avocate, Me Carole Foissy, en sortant de la salle d’audience, affirmant étudier l’opportunité de faire appel.

Détournement d’aides mises en place durant le confinement

Le début de l’escroquerie remonte à mars 2020, au moment où la France se confinait en raison de la pandémie de Covid-19. Sur Snapchat, Paul Antony poste des messages et des vidéos pour inciter ses abonnés à falsifier des formulaires de demande d’aides publiques en se faisant passer pour des autoentrepreneurs ou des travailleurs indépendants.

Beaucoup de tentatives échouent, mais d’autres fonctionnent : le tribunal estime que le jeune homme est lié à près de 700 demandes frauduleuses, pour 33,8 millions d’euros réclamés et 7,5 millions effectivement versés entre mars 2020 et juillet 2021. Sur l’argent versé, il prenait une commission. La présidente, Isabelle Prévost-Desprez, estime qu’avec une commission d’environ 40 %, il aurait touché plus de 3 millions d’euros. Le prévenu conteste toutefois les montants issus des investigations, affirmant avoir, en réalité, touché une somme bien moindre.

« Le trouble à l’ordre public, économique et social est extrêmement grave s’agissant de cette délinquance opportuniste [consistant] à piller les fonds publics par pur esprit de lucre », a déclaré la présidente du tribunal en rendant sa décision, parlant d’une « délinquance extrêmement lucrative et très organisée ». Relevant une « absence totale de remise en cause », le tribunal a jugé que son « comportement », notamment au procès à la mi-juin, était « celui d’un individu profondément ancré dans la délinquance rémunératrice », avec un « risque majeur de réitération ».

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Un « réseau structuré »

« PA7 » est suivi par plus de 51 000 abonnés sur Snapchat et 13 000 sur Instagram. Son casier judiciaire comportait une peine de neuf mois de prison avec sursis pour un démarchage illégal – une partie de ce sursis a été révoquée – et une sanction de deux mois pour avoir eu un téléphone portable pendant sa détention provisoire.

Le tribunal a, par ailleurs, conclu qu’il existait bien un « réseau structuré » autour de lui, qui avait un temps « recruté une dizaine de personnes chargées de remplir les dossiers dans des bureaux à Asnières », en région parisienne. Lui était le « front office », ses coprévenus, le « back office », a conclu la juridiction. Julien M., qui avait suivi en décembre 2020 son ami à Dubaï, où ils ont « flambé » pendant quelques mois, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement et 80 000 euros d’amende, avec la même inéligibilité et interdiction de gérer. Le tribunal a jugé que ce jeune homme de 24 ans sans casier, qui comparaissait lui aussi dans le box, avait été le « bras droit » de « PA7 » « à tous les stades et niveaux des faits ».

« La peine me paraît d’une dureté extrême », a réagi son avocat, Me Mourad Battikh. « La peine a vocation à être exemplaire. L’implication de mon client ne méritait pas une telle sévérité. Il s’est réinséré, a regretté cet accident de parcours. Cette peine le prive de toute voie de réinsertion à court et moyen terme. »

Pour avoir rempli des dossiers d’aides, participé à la « logistique » ou au « blanchiment » des fonds, trois hommes et une femme se sont également vu infliger des peines de deux à quatre ans ferme, avec des amendes allant jusqu’à 80 000 euros. Trois d’entre eux, absents au prononcé de la décision, sont visés par des mandats d’arrêt.

Enfin, un « client » de « PA7 » a été condamné à six mois avec sursis. D’autres procédures se poursuivent concernant les autres bénéficiaires indus présumés. Le tribunal a choisi des peines légèrement en deçà des réquisitions du ministère public, qui avait notamment demandé sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende pour l’influenceur, six ans et 80 000 euros d’amende pour Julien M.

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Le Monde avec AFP



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