Sur le marché du vélo électrique, Urtopia est un quasi inconnu. À l’exception de ceux qui ont suivi ou participé à sa campagne de financement participative sur Indiegogo, peu de personnes connaissent le fabricant chinois. Et pourtant, avec un vélo électrique léger et ultra-connecté, Urtopia (contraction de urban et utopia) mérite qu’on s’y attarde. À l’heure où les premiers vélos commencent à être livrés aux différents « backers », nous avons mis la main sur l’un d’eux. Résultat : un test complet après près de 200 km d’utilisation du vélo.
Premier contact avec Urtopia
Le vélo électrique d’Urtopia n’est pas vendu en magasin. Comme la plupart des nouveaux arrivants sur le marché du cycle, les commandes se font en ligne et le futur propriétaire reçoit quelques jours plus tard un énorme carton d’une vingtaine de kilos. Le premier contact avec le vélo donne lieu à une séance d’assemblage assez sommaire.
Les outils sont fournis et le montage consiste simplement à monter la roue avant, la selle et les pédales au bon endroit. Rien de bien compliqué en somme et si jamais l’exercice n’était pas familier, le fabricant propose sur son site des tutoriels vidéo parfaitement clairs. Une fois le vélo assemblé, il ne reste plus qu’à télécharger l’application Urtopia, créer un compte et lancer le processus de synchronisation. Dès lors, il n’y a plus qu’à rouler.
Design : remarquable et remarqué
Le coup de crayon du vélo Urtopia ne peut laisser indifférent. Le VAE arbore un design très recherché qui fait l’impasse sur le tube vertical qui relie généralement la selle et la boîte de pédalier. En lieu et place, le cadre forme un « S » qui se prolonge jusqu’à la roue arrière et qui est devenu la signature visuelle de la marque. Cette simple originalité vaudra aux propriétaires de vélo Urtopia quelques remarques plutôt agréables des badauds et quelques coups d’œil appuyés lorsque le VAE est garé. Par ailleurs, cette forme si particulière permet au propriétaire de porter son vélo sur son épaule. Mais il ne s’agit pas là de la seule originalité d’Urtopia. L’autre source d’étonnement se trouve sur le guidon, avec un écran qui abrite l’ordinateur de bord du vélo et ce qu’il est convenu d’appeler une « I.A ».
La batterie, quant à elle, est bien cachée dans le tube diagonal. Elle peut être extraite pour être chargée plus facilement, et se fond dans le cadre. Enfin, de manière générale, l’Urtopia est un vélo fabriqué avec soin et un certain sens du détail. Ce dernier constat peut être fait en observant les passages de câbles millimétrés. Ceux-ci sont parfaitement intégrés et donnent à l’ensemble une impression de simplicité. Or ce niveau de détail et de finitions n’est généralement disponible que sur des vélos haut de gamme. Assurément, sur ce point, l’Urtopia ne fait pas son prix. Mais la plus grande surprise du vélo n’est pas visible… Il s’agit de son poids. Celui-ci est de 15 kg, ce qui fait d’Urtopia l’un des VAE les plus légers du marché.
Equipement : quelques fulgurances et d’autres absences
En matière d’équipement, Urtopia se rapproche beaucoup d’un Cowboy. Son ADN semble être celui d’un vélo tourné vers une utilisation majoritairement urbaine tout en étant très accessible. L’équipement traduit cette volonté, mais se confronte également à certaines limites. En effet, on ne peut que féliciter le fabricant d’avoir opté pour un cadre en carbone, des freins à disques hydrauliques, et des optiques de qualité. À ce propos, on salue l’intégration soignée du phare avant et on applaudit des deux mains la présence d’un module de feux clignotants à l’arrière. En effet, ceux-ci s’activent via la commande sur le guidon et projettent sur le sol deux flèches indicatives de la direction choisi. Seul bémol : cette fonctionnalité est uniquement utile en pleine nuit, de jour ces projections ne sont tout simplement pas visibles.
Quant à la transmission, elle est automatique, un capteur de couple se charge de définir la vitesse à adopter en fonction de la cadence de pédalage du cycliste et de sa vitesse. Il n’est donc pas surprenant de voir ce choix complété d’une courroie Gates à la place de la chaîne traditionnelle. Là aussi, l’orientation urbaine est assumée. Les avantages de la courroie sont connus, elle ne tâche pas les pantalons avec de la graisse et ne nécessite aucun entretien si ce n’est un remplacement tous les 30 000 km en moyenne.
C’est sans doute assez paradoxal, mais alors qu’Urtopia affiche un équipement assez poussé sur certains aspects, il en oublie l’essentiel pour un vélo urbain, à savoir des gardes-boue et une béquille. Ceux-ci existent, bien sûr, mais ils sont vendus en option à, respectivement, 99 euros et 35 euros.
Le plus connecté des vélos électriques ?
Urtopia n’est pas le premier vélo électrique à se dire connecté. D’autres, parmi lesquels les incontournables Cowboy et VanMoof se sont déjà imposés sur le marché en utilisant, entre autres, cet argument. Mais le nouveau venu va encore plus loin en dotant son cycle d’une panoplie de fonctionnalités assez uniques.
La partie connectée du vélo porte un nom : Smartbar. Trois éléments constituent l’ensemble. L’écran, qui forme la partie centrale du guidon, et deux sélecteurs de part et d’autre du cintre. Celui de droite permet de démarrer Urtopia, il intègre un capteur d’empreintes tactile qui permet au vélo de reconnaître son propriétaire et de se s’activer. Cette fonctionnalité n’est pas indispensable, le vélo peut également être démarré via l’application, mais elle est fonctionnelle et peut même servir à partager le vélo pour peu qu’on ait enregistré plusieurs profils d’empreintes digitales dans l’application. En revanche, comme la plupart des capteurs d’empreintes, celui d’Urtopia souffre lorsqu’il pleut ou lorsque l’utilisateur a les doigts humides. Dans ces cas, il est nécessaire de passer par son smartphone pour activer le VAE.
Ce même bouton sert aussi de sonnette (avec une sonorité qu’on croirait sortie de Wii Sports) et de bouton d’activation pour la dictée vocale. Car oui, il est possible de commander le vélo à la voix, et en anglais pour l’instant. Vous pouvez tout du moins lui demander d’allumer ses feux ou de changer de niveau d’assistance. Néanmoins, compte tenu des bruits de la circulation et de la simplicité des commandes tactiles, on oublie assez vite qu’il est possible de parler à son vélo pour privilégier un rapport plus traditionnel.
Le second sélecteur, à gauche, prend la forme d’une croix multi-directionnelle, comme sur une manette de console de jeu. Ici le fonctionnement des touches diffère selon que l’on choisit un appui court ou un appui long. Exemple : les touches haut et bas permettent de changer le niveau d’assistance, mais un appui long sur la flèche haute allume ou éteint les feux. Les flèches de gauche et droite permettent d’activer les clignotants, mais un appui long sur la flèche droite amorce le mode walk qui permet au vélo de rouler au pas lorsque son propriétaire marche à côté.
Une application aux petits oignons
À ces options assez originales s’ajoutent des fonctionnalités plus classiques pour un vélo connecté qui sont liées à l’application Urtopia. Ainsi, le vélo est localisé en permanence grâce à une puce GPS dissimulée dans son cadre. Il dispose d’une alarme qui peut dissuader une personne mal intentionnée de s’en emparer. Enfin, il est personnalisable sur certains points comme sur les sons qu’il émet (à l’allumage, lorsqu’on utilise la sonnette et même lorsqu’on change de niveau d’assistance).
L’application Urtopia est l’assistant qui permet d’avoir accès à ces données. Celle-ci est très dense en informations, mais aussi très complète. Si on n’est pas spécialement emballés par la partie sociale de l’outil (les stories des autres utilisateurs ou leurs photos), on est beaucoup plus séduits par la partie statistique. Celle-ci regroupe tous les trajets effectués par le vélo, dans une présentation fort agréable, et donne également des informations complémentaires comme le taux d’humidité, la force du vent, le nombre de calories ou le CO2 « économisé » pour avoir effectué chaque trajet en pédalant.
Enfin, une mention spéciale pour la fonctionnalité « diagnostique ». Celle-ci permet en un clic, et quelques secondes d’analyse, de vérifier que toutes les parties connectées du vélo fonctionnent correctement. La concurrence ferait bien de s’en inspirer.
Que vaut l’Urtopia sur la route ?
Avec son cadre en carbone particulièrement léger, des roues fines et sa géométrie plutôt sportive, Urtopia ne fait pas vraiment le choix de la polyvalence. Le terrain de jeu préféré du vélo connecté, c’est la ville et même si quelques escapades sur des petits sentiers sont envisageables, elles ne sont pas conseillées. Pour être plus précis, nous pourrions même ajouter qu’Urtopia est un vélo adéquat pour les petits trajets en ville, moins de 10 km idéalement, sur lesquels l’absence de suspension et le relatif inconfort ne se feront pas trop sentir. Il est bien sûr possible d’allonger la distance, la batterie suivra, mais des VAE urbains plus classiques seront plus à l’aise à mesure que le kilométrage augmentera. En revanche, pour des petits trajets courts, ou qui nécessitent de porter son vélo sur certains passages, l’Urtopia s’en sort mieux.
Dans son style, le vélo connecté chinois est donc plus proche d’un Cowboy que d’un VanMoof. Dans ses limites aussi, il nous rappelle les premières versions du vélo belge. C’est notamment le cas du moteur à moyeu arrière qui ne développe « que » 35 Nm de couple. En ville, c’est souvent suffisant, mais dès que le terrain est plus vallonné, l’absence de transmission oblige le cycliste soit à augmenter le niveau d’assistance, soit à s’en remettre à la bonne volonté de ses cuisses. En conséquence, Urtopia fait partie de ces VAE sportifs sur lesquels il faut parfois appuyer sur la pédale. Sa chance dans ce genre de situations, c’est évidemment son poids, ses 15 kg étant très inférieurs à la moyenne de sa catégorie. Enfin, pour ceux qui souhaitent réduire l’effort physique au maximum, le vélo dispose d’un mode « Turbo » qui s’active avec un maintien long sur la flèche haute du sélecteur. Dans cette configuration, les 35 Nm de couple sont disponibles en permanence, mais l’autonomie s’en ressent vivement.
Quant à la conduite à proprement parler, elle est nécessairement dynamique. Certes, il est possible de se balader simplement en Urtopia, mais le VAE invite vraiment à l’engagement tant il est facile et léger à manœuvrer. Enfin, un dernier bon point : le vélo connecté dispose d’une fonction de navigation sur l’écran. Entrez une adresse dans l’application et celui-ci vous guidera à l’aide de ses flèches directionnelles et d’un indicateur de proximité.
Une autonomie adaptée à son usage
En autonomie, Urtopia annonce 100 km avec une seule charge, ce qui avec une batterie de 360 Wh, même issue de chez Samsung, semble plutôt ambitieux. Bien sûr, le poids réduit du vélo entre en compte, mais il ne fait que s’ajouter aux autres facteurs habituels (gabarit du cycliste, niveau d’assistance utilisé, type de terrain, température, pression des pneus, etc). Il nous paraît que cette valeur de 100 km ne peut être obtenue que dans des conditions idéales de roulage. Pour notre part, nous estimons l’autonomie d’Urtopia entre 60 et 65 km en moyenne. Cette valeur reflète une utilisation plutôt classique, qui oscille entre le premier et le second mode d’assistance, mais qui ne bascule que rarement en mode Sport ou Turbo.
Ce score d’autonomie plutôt mesuré est adapté au type d’usage pour lequel Urtopia est destiné. En effet, les trajets urbains quotidiens excèdent rarement les 60 km, et même en restant uniquement en mode Sport et en limitant cette autonomie à 40 km, le vélo s’en sort convenablement pour une utilisation classique. Ajoutons également un bon point : le fabricant permet d’acheter une batterie supplémentaire sur son site. Si vous ne souhaitez pas attendre les 3h de charge nécessaires pour repartir à plein, il est possible d’alterner entre deux accumulateurs.