Un temps uniquement peuplé par Samsung, le tout petit marché des smartphones pliants à clapet a été très tôt investi par Motorola. Depuis, Xiaomi s’est investi à son tour avec son MIX Flip. Face aux deux géants de la téléphonie, qui sont, on le rappelle premier et troisième des ventes mondiales, comment s’en sort le petit poucet Motorola ? Réponse dans ce test complet du Razr 60 Ultra.
Prix et date de sortie
Le Razr 60 Ultra coûte 1299 euros dans son unique configuration, 16 Go de RAM et 512 Go de stockage.
Motorola Razr 60 Ultra 16+512 Go au meilleur prix Prix de base : 1 299 €
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Quatre coloris sont disponibles : Pantone Cabaret (rose), Pantone Mountain Trail (bois), Pantone Rio Red (Rouge bordeaux) et Pantone Scarab (vert foncé).
Design : il fait feu de tout bois
Le Motorola Razr 60 Ultra reprend est donc un smartphone à clapet. Comprendre par là qu’il adopte peu ou prou le design d’un smartphone classique qu’on aurait plié en son centre. Une fois plié, en plus de produire un petit bruit de clapet satisfaisant, il laisse apparaître un large écran externe qui coule sur toute la moitié du téléphone, y compris derrière les deux modules photo. Ces deux-là jouent la carte de la sobriété.
Le smartphone arbore divers types de matériaux, ici du verre, là du cuir végan, et même du bois pour le modèle que nous testons, compléter par un coloris bronze sur les tranches en aluminium. La charnière ne comporte pas de détail visible et joue la sobriété, tandis que le logo Motorola comporte un léger effet d’épaisseur pas désagréable.
L’écran externe et le dos du smartphone sont légèrement incurvés et donnent sur des tranches plates. Ce côté un peu plus arrondi marque une différence avec le Galaxy Z Flip 6, dont les tranches sont bien plus carrées. À droite, vous trouverez le bouton de verrouillage et les boutons d’alimentation (ces derniers sont un peu petits). Le capteur d’empreinte est intégré directement au bouton de verrouillage, ce qui est plutôt pratique sur ce format de smartphone. À gauche, le bouton IA s’invite. Sur la tranche basse, on trouve un port usb-c au centre, un des deux haut-parleurs et le tiroir à SIM.
La charnière est du genre un peu lâche, même si elle a gagné en dureté depuis quelques générations. On peut ouvrir sans peine le smartphone à divers degrés pour adapter son inclinaison à l’envi.
Une fois ouvert, l’écran interne se révèle. Smartphone pliant oblige, la dalle est parfaitement plate, entourée de bordures noires assez présentes, puisque nous avons un ratio corps-écran de 86,1 %, lorsqu’un smartphone haut de gamme approche généralement des 90 %.

Pour ce qui est de la pliure, celle-ci est sans doute l’une des plus invisibles du marché. Le téléphone parvient à la masquer presque intégralement lorsqu’il est ouvert à 100 %. On la sent à peine sous le doigt et elle s’oublie donc rapidement.
Pour terminer le tour du design, un mot sur la robustesse. Le Razr 60 Ultra est certifié IP 48. Cela signifie qu’il est étanche face à l’eau mais seulement résistant à la poussière. Une petite concession classique pour un smartphone pliant. Côté verre protecteur, vous n’aurez évidemment pas le droit à du verre pour l’écran interne, mais bien du plastique. Attention de ne pas décoller le film plastique qui le protège. À l’extérieur en revanche, Motorola s’est équipé de verre Corning Gorilla Victus. Il ne s’agit pas du verre le plus récent proposé par Corning, qui équipe du Victus 2 ou du Armor chez certains concurrents, mais cela devrait tout de même protéger votre smartphone contre un bon nombre de rayures.
Écran : bien lumineux, un peu foufou sur les couleurs
L’écran du Motorola Razr 60 Ultra mesure 7 pouces. Cela paraît énorme, lorsque les plus grands téléphones montent généralement à 6,9 pouces. Mais attention, la diagonale est à mettre en perspective avec le ratio de l’écran.
Dans le cas du Razr 60 Ultra, il est de 21,4/9, lorsqu’un téléphone classique tourne autour de 20/9. Conséquence ? Cela donne un aspect un peu plus allongé à l’écran, ce qui explique qu’il lui soit plus simple d’afficher 7 pouces. En l’occurrence, un écran de 6,9 pouces comme celui du S25 Ultra propose une plus grande surface d’écran, d’environ 18,1 pouces carré, contre 17,5 pouces carré sur le Motorola.

Un tel ratio d’écran pose problème dans un monde où tous les contenus sont pensés pour être regardés en 16/9. Plus on s’éloigne du 16/9, plus la fenêtre d’affichage réelle va être réduite. Résultat malgré une grande surface d’affichage et une résolution excellente de 464 ppp, nous n’en profitons pas vraiment autant que cela le laisse penser de prime abord.
Il en va de même pour le rafraichissement très élevé du smartphone, qui monte pour ses deux écrans à 165 Hz. Cela ne sert pas à grand-chose puisque la seule façon d’en profiter est de passer par le mode jeu du téléphone et de forcer le rafraichissement maximal.
Passons maintenant aux mesures du 01lab. Nous commençons par l’écran interne, puis nous regarderons l’écran externe.
Luminosité de l’écran Luminosité min de l’écran Fidélité des couleurs (delta E 2000 moyen)
Pour commencer, l’écran est aussi lumineux que celui du Xiaomi Mix Flip, mais pas autant qu’un Z Flip 6. Ceci étant, la valeur de 1513 cd/m² de moyenne n’est pas du tout honteuse et permet d’assurer une belle lisibilité même en plein soleil.
La luminosité minimale en revanche est un poil élevée, avec 2,76 cd/m², on active volontiers le mode “moins lumineux” d’Android pour descendre un peu plus bas. Quant à la colorimétrie, nous avons mesuré un delta E 2000 moyen trop élevé en mode vif. A l’œil nu cela ne devrait pas vous choquer, mais les puristes des couleurs devront passer leur chemin.
Quant à l’écran externe, nous avons également pu mesurer ses performances. Là, le Motorola Razr 60 Ultra offre la meilleure luminosité, 1514 cd/m² contre 1481 cd/m² chez Xiaomi et 1025 cd/m² pour le Z Flip 6.
Logiciel : Motorola a bien bossé
Ce n’est pas particulièrement nouveau, mais c’est toujours le cas en 2025, Motorola demeure le seul constructeur à offrir une expérience aussi complète sur son écran externe en sortie de boîte. Par complète, nous entendons que son écran externe est capable d’utiliser n’importe quelle application sur votre téléphone. Samsung propose bien une solution assez proche (qui devrait être généralisée avec One UI 8 d’après certaines rumeurs), mais celle-ci demande un peu plus de bidouille.
Jusqu’alors, c’était bien là l’atout principal de l’interface du Motorola Razr 60 Ultra, qui se contentait pour le reste de proposer une interface épurée inspirée de la Pixel Experience, une sorte d’Android Stock en plus moderne.
Pour cette nouvelle mouture, Motorola a bossé et a intégré l’IA à tous les étages. Attendez, ne partez pas. Car contrairement à nombre de ses concurrents qui se contentent d’une intégration assez paresseuse des solutions de Google, Motorola est allé beaucoup plus loin.

C’est ce que vient souligner l’intégration d’un bouton IA sur la tranche gauche du téléphone d’ailleurs. Vous nous direz, ce n’est pas le seul à le faire, un Nothing Phone (3a) Pro le fait déjà. Là où Moto va, il nous semble, un poil plus loin, c’est qu’ils tentent d’offrir avec Moto AI un complément pertinent à Gemini, l’agent conversationnel de Google. En appuyant sur ledit bouton, diverses options vous sont offertes, comme la possibilité de résumer les dernières notifications ou encore de noter quelque chose pour plus tard. Il est même possible d’adjoindre une photo à ce pense-bête. Pas bête.
Autre bonne idée d’intégration, il est possible de configurer le Razr pour qu’il lance automatiquement Moto AI lorsqu’il est posé en mode chevalet et qu’on le regarde. Une bonne idée pour transformer son smartphone en hub une fois rentrée à la maison.
Tout ce ci n’est certes pas une révolution, mais Moto AI dépasse le niveau moyen d’intégration de l’IA du marché. C’est déjà pas mal pour un constructeur encore relativement mineur en France (malgré son passé glorieux), même s’il commence à titiller gentiment les 4e et 5e places des ventes. Dommage cependant que la voix de Moto AI ne soit pas disponible en français au lancement.
Pour le reste l’interface est toujours assez simple et fonctionnelle. On peut regretter la présence de quelques bloatwares, c’est des applications préinstallées comme Opera, LinkedIn, Amazon Music ou Facebook. Perplexity aurait pu compter parmi celles-ci, mais Motorola offrant 3 mois d’abonnements gratuits à la version Pro de l’IA
Quant à l’écran externe, on l’a dit plus haut, il permet donc de lancer n’importe quelle app après une rapide manipulation pour l’ajouter à la liste des applis du launcher. Par défaut, elles ses lancent sur la partie supérieure, mais il est possible qu’elles occupent tout l’écran, en coulant de fait derrière les deux modules photos. Il est également possible de passer d’une app à l’autre à l’aide du multitâches. Bref c’est une véritable interface Android classique que vous avez là en façade de l’appareil, un vrai bonheur pour quiconque est client.
Malheureusement, tout cela est un peu gâché par un point : la durée de mise à jour promise par Motorola n’est pas franchement très bonne. Alors que le smartphone est livré sous Android 15 et qu’Android 16 s’apprête à être annoncé, le constructeur ne promet que 3 ans de mises à jour majeures et 4 ans de patch de sécurité. Cela devrait donc nous emmener jusqu’à Android 18. Alors certes, tout cela représente un coût important en développement pour les constructeurs, mais lorsqu’on demande 1200 euros pour un smartphone en 2025, il est compliqué de faire la fine bouche sur ce sujet alors que des concurrents montent à 7 ans.
Photo : deux capteurs seulement
Voici la configuration photo du Razr 60 Ultra :
- Module grand angle avec capteur 50 Mpx de type 1/1.56 pouce, ouverture f/1.8, focale 24 mm, PDAF multidirectionnel, OIS ;
- Module ultra grand angle avec capteur 50 Mpx, ouverture f/2.0, focale 12 mm, 122°, PDAF ;
- Module selfie avec capteur 50 Mpx, ouverture f/2.0.

À noter que ce dernier capteur ne sera pas forcément utile, puisqu’un des attraits du format clapet est justement de pouvoir réaliser des égoportraits à l’aide du capteur principal. On se sert de l’écran externe comme retour et le tour est joué.
Pour la vidéo, le bloc photo arrière peut tourner en 8K/30 FPS, en 4K à 30/60/120FPS, en 1080 à 30/60/120/240FPS. Il support en outre la capture en Dolby Vision HDR, tout comme le module selfie qui lui peut shooter en 4K à 30/60FPS et en 1080p à 30/60 FPS.
Scène photo
Commençons notre analyse par une comparaison de prise de vue de la scène photo du 01lab avec le module grand-angle.
Ici, dans des conditions lumineuses favorables, on constate que le Motorola a un rendu assez lissé, qu’il supprime beaucoup de bruit, mais perd au passage pas mal de détails par rapport à son concurrent. Au niveau colorimétrie, le Samsung est plus bleuté là où le Motorola est plus jaune. Si vous regardez les stickers 01net éloignés du centre de la scène, ils tendent largement vers les jaunes. Au niveau du piqué, on constate que les deux sont très proches, même si le Motorola voit apparaître du moirage un peu plus tôt sur les mires numérotées, dès le 10, contre le 12 pour le Z Flip. Ceci étant, le moirage est beaucoup plus visible côté Z Flip.


À gauche, le Galaxy Z Flip 6, à droite le Razr 60 Ultra.
On passe à la scène photo en conditions d’éclairage faible. Là le Motorola reprend l’avantage sur le piqué avec une scène certes moins naturelle, car plus lissée, mais qui conserve bien plus de détails.


À gauche, le Galaxy Z Flip 6, à droite le Razr 60 Ultra.
Grand angle
En conditions réelles, le Motorola Razr 60 Ultra affiche une colorimétrie qu’on jugera flatteuse ou un peu poussée selon ses goûts, notamment dans les tons bleus et verts. Le résultat n’est pas désagréable à l’œil et est servi par un bon niveau de détails.
De nuit, la colorimétrie devient un peu plus aléatoire, comme vous pouvez le constater avec cette rose. En mode macro, le rouge est plus poussé alors que le mode normal donne un résultat plus jaune.
Ultra grand angle
Un mot sur l’ultra grand-angle qui propose des clichés légèrement plus sombres, mais au niveau de détail tout à fait correct. Nous avons là un vrai module secondaire utilisable et non un gadget comme cela peut parfois être le cas. Il s’en sort d’ailleurs très bien de nuit.
Performances : le petit truc qui coince
Le Snapdragon 8 Elite anime l’ensemble du smartphone. Ce SoC est tout simplement l’un des plus puissants sur le marché. Il est aidé par 12 Go de RAM et 512 Go (UFS 4.0) permettent de stocker les applications et fichiers. Une configuration plutôt musclée donc qui fait mécaniquement un peu gonfler le prix.
Au quotidien, pour des usages communs, le smartphone possède plus de puissance que nécessaire et se montre donc très fluide.
Si on se penche sur les benchmarks, sans surprise, le Snapdragon 8 Elite dépasse sans problème le Snapdragon 8 Gen 3 de 2024 présent chez ses concurrents.
SoC AnTuTu 10 Score AnTuTu 10 CPU AnTuTu 10 GPU
Du moins sur Antutu. Car sur Geekbench, le Xiaomi avait surperformé sur la partie single-core. Le GPU du Motorola le place toutefois bien devant.
SoC Geekbench 6 Single-Core Geekbench 6 Multi-Core Geekbench 6 Compute Score (GPU)
Et en parlant du GPU justement, le smartphone a rencontré quelques tracas sur d’autres benchmarks, comme 3DMark par exemple, qui le sollicitent beaucoup. En effet, l’application n’a pas pu aller au bout de son test du fait d’une chauffe trop importante.
Nous pouvons l’affirmer puisque le smartphone lui-même nous a affiché un message d’avertissement avant de fermer l’application. Pour les usages les plus demandeurs donc, il semble y avoir un problème de dissipation thermique provoquant un throttling important. Nous espérons que Motorola ajustera dans les mois à venir la puissance disponible pour son téléphone afin d’éviter ce désagrément.
Côté connectivité, le Razr 60 Ultra offre ce qui se fait de mieux ou presque avec du WiFi 7 et du Bluetooth 5.4, sans oublier le support de l’eSIM.
L’autonomie n’est plus un obstacle pour un smartphone pliant
Le Motorola Razr 60 Ultra livré avec 4700 mAh de batterie
Malheureusement, notre nouveau protocole d’autonomie datant du début d’année 2025, nous ne sommes pas en mesure de comparer les performances du Razr 60 Ultra avec celle du Galaxy Z Flip 6 ou du Xiaomi MIX Flip. En revanche, nous pouvons voir qu’il se place très bien face à des smartphones “classiques”. Il surpasse un Samsung Galaxy S25 Ultra et n’est pas très éloigné d’un OnePlus 13, comptant pourtant parmi les meilleurs appareils que nous ayons testé sur ce sujet.
Capacité de la batterie Autonomie mixte Charge en 10 min Temps de charge
Côté charge, le Motorola Razr 60 Ultra n’est pas un flèche. Disons qu’il se place parmi les meilleurs des moins bons, atteignant 29 % d’autonomie après 10 minutes. Il lui faut 58 minutes pour faire le plein complet, ce qui est en dessous de la moyenne des appareils testés. Nous avons utilisé un chargeur Anker 67 W pour ce test, ce qui s’approche de la capacité maximale de 68 W promise par le constructeur. Le pic maximum mesuré lors du test s’établit à 42,5 W, ce qui est en dessous de la promesse.

Le Motorola Razr 60 Ultra supporte 30 W de charge sans fil et 5 W de charge inversée.
Audio : un peu dégradé
Comme bien des smartphones, le Razr 60 Ultra possède bien deux haut-parleurs, mais l’un d’eux n’est là que pour offrir un appui. Dans un souci d’esthétisme, ce haut-parleur d’écoute est caché entre l’écran et la bordure haute de ce dernier. Résultat, le son peut être un peu déséquilibré entre les deux haut-parleurs. Sans aberration non plus, rassurez-vous.
Pour ce qui est de l’expérience sonore, le son se tourne plutôt vers les registres aigus même à mi-volume. Le son n’est pas trop déformé pour la majorité de la courbe, mais finit par perdre en précision à mesure qu’on s’approche des 80 %.
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