Un tableau a gagné le premier prix d’un concours au Colorado, mais son auteur a utilisé le système d’intelligence artificielle Midjourney pour le concevoir. S’agit-il alors d’un plagiat ou d’une véritable œuvre artistique ?
Lors de la foire d’art Colorado State Fair, l’œuvre Théâtre D’opéra Spatial a reçu le premier prix dans la catégorie Arts numériques/Photographie manipulée numériquement. Sauf que cette œuvre n’a pas été conçue par un être humain, mais par une intelligence artificielle. C’est ce qu’explique Jason Allen, un concepteur de jeux vidéo, dans un message posté sur le serveur Discord, puis repris dans une polémique sur Twitter :
We’re watching the death of artistry unfold right before our eyes — if creative jobs aren’t safe from machines, then even high-skilled jobs are in danger of becoming obsolete
What will we have then?— OmniMorpho (@OmniMorpho) August 31, 2022
Jason Allen a utilisé Midjourney, un système d’intelligence artificielle qui génère des visuels à partir d’un groupe de mots. Un concept que nous avons déjà vu avec Dall.E ou chez Google. Allen explique qu’il a généré des centaines d’images avec Midjourney, qu’il a choisi les trois plus belles et qu’il les a présentées au concours. Pour cela, il a augmenté leurs tailles grâce à Gigapixel A.I., puis les a fait imprimer sur des toiles.
En revanche, Jason Allen explique à nos confrères du New York Times qu’il a gagné honnêtement et qu’il n’a violé aucune règle du concours. En effet, il a soumis son œuvre sous le nom d’auteur Jason M. Allen via Midjourney. Toutefois, il semble que la mention de Midjourney n’était pas présente quand l’œuvre a été exposée.
Ce n’est pas l’avis de ses détracteurs qui se sont déchaînés sur les réseaux sociaux, comme en témoigne le tweet ci-dessus, qualifiant la démarche de « merdique ». Dans l’article du New York Times, un internaute écrit sur Tweeter (voir le tweet plus haut) : « Nous regardons la mort de l’art se dérouler sous nos yeux. Si les emplois créatifs ne sont pas à l’abri des machines, alors même les emplois hautement qualifiés risquent de devenir obsolètes. Qu’aurons-nous alors ? », tandis qu’un autre dit : « Je peux voir comment l’art par I.A. peut être bénéfique, mais prétendre que vous êtes un artiste en générant ce type d’œuvre ? Sûrement pas. »
Pour les organisateurs du concours, il n’y a pas de problème et Théâtre D’opéra Spatial rentre bien dans la catégorie, qui autorise l’utilisation de technologies numériques lors du processus de création. Certes, les juges ne savaient pas que Midjourney est une intelligence artificielle, mais ils auraient quand même octroyé le prix s’ils l’avaient su. À terme, il faudra peut-être créer une nouvelle catégorie dans les compétitions d’art, destinées aux œuvres créées par l’IA, afin de bien les distinguer de celles conçues uniquement par les humains.
Le problème est que l’intelligence artificielle utilise comme point de départ des œuvres d’artistes existants. D’une certaine façon, ce que crée l’IA pourrait être qualifiée de contrefaçon. Mais certains artistes voient les choses différemment et pensent que l’IA n’est qu’un simple outil au service des humains, qui restent les véritables créateurs. Pour Jason Allen, « L’éthique n’est pas dans la technologie. Elle est dans les personnes. » Mais il estime finalement que l’art est mort : « C’est fini. l’I.A. a gagné. Les humains ont perdu. »
Source :
New York Times