C’est un sujet qui touche tout autant à la sécurité numérique qu’à la fraude énergétique. Un homme d’une trentaine d’années, commercial en Seine-et-Marne, est accusé d’avoir trafiqué des centaines de compteurs Linky dans toute la France depuis 2022. Il devait comparaître hier devant le tribunal correctionnel de Valenciennes pour vol aggravé selon La Dépêche.
L’individu proposait à des particuliers de modifier le compteur Linky de leurs domiciles pour réduire les factures d’électricité. Une prestation rémunérée entre 200 et 400 euros. Il utilisait des réseaux sociaux comme Snapchat pour appâter ses futurs clients.
Dans le détail, en bricolant le compteur connectée, il faisait en sorte que celui-ci n’enregistre pas toute la consommation électrique du logement. De quoi réduire la facture de 50 à 70 %. Nul doute qu’avec l’augmentation du coût de l’énergie ces derniers mois, l’arnaque semblait intéressante.
Ses publications sur les réseaux sociaux épluchées
Enedis, le gestionnaire des compteurs Linky, juge la perte de revenus à environ 150 000 euros sur une période d’un an.
L’enquête a révélé que le suspect aurait modifié des centaines de compteurs sur l’ensemble du territoire. L’antenne de la gendarmerie spécialisée dans la cybercriminalité a épluché ses publications sur les réseaux sociaux. L’homme a été interpellé alors qu’il trafiquait un nouveau compteur à Valenciennes, dans le Nord. Une modification technique est « assez simple » selon les enquêteurs.
L’individu est accusé non seulement d’avoir accédé frauduleusement à un système de traitement de données, mais également d’avoir maintenu son accès de manière illégale, tout en mettant en danger autrui. Les peines encourues peuvent aller jusqu’à trois ans de prison et une amende pouvant atteindre 45 000 euros.
Une dérivation comme au bon vieux temps
En février dernier, l’arrestation d’un électricien de 36 ans dans le Gard mettait déjà en lumière le fait que les compteurs Linky sont tout aussi manipulables que leurs prédécesseurs non connectés.
Au mois de novembre 2023, sept personnes soupçonnées d’avoir eu recours à ce type de manipulation avaient déjà été mises en garde à vue pour « vol d’énergie » dans la ville d’Alès dans le Gard, après un signalement d’Enedis. La technique employée n’impliquait pas de vulnérabilité dans le fonctionnement du logiciel installé dans l’appareil. Mais le recours à une « dérivation » via la pose d’un câble électrique reliant deux bornes à l’intérieur du compteur.
Enedis expliquait alors avoir constaté « plusieurs dizaines de milliers de suspicions de fraude et plusieurs milliers de cas avérés qui font l’objet de dossiers déposés devant la justice » et estimait que le phénomène est « en hausse depuis ces douze derniers mois ».