Une enquête a été ouverte jeudi 7 avril sur les boucles de discussion Telegram du groupe d’extrême droite « FRDETER », qui y échangeait des propos racistes et des appels à la violence, ont annoncé vendredi à l’Agence France Presse une source proche de l’enquête et le parquet de Paris.
L’enquête a été confiée à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et aux gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH). L’enquête a été ouverte pour « apologie du terrorisme, menaces de mort ou autres crimes, incitation à la haine ou à la violence notamment », a précisé à l’AFP une source proche de l’enquête. Une autre source proche du dossier précise que c’est la Sous-direction antiterroriste (Sdat) qui a été saisie au sein de la DCPJ.
Lundi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avait dit travailler « aux suites judiciaires à donner » concernant ces groupes de discussion utilisés par le « groupe nationaliste Français Deter » (déterminés, N.D.L.R.) sur la messagerie cryptée Telegram.
Parallèlement, un signalement, via la plateforme Pharos, avait été adressé à Telegram pour obtenir leur fermeture. Depuis, la chaîne a été « fermée par Telegram », a assuré vendredi le ministère de l’Intérieur, sollicité par l’AFP.
L’avocat Nabil Boudi a de son côté déclaré à l’AFP avoir déposé – au nom de neuf personnes dont des personnalités politiques – une plainte contre X vendredi au Parquet national antiterroriste (Pnat) pour « association de malfaiteurs à caractère terroriste, divulgation de données personnelles d’un individu dans le but de lui nuire et provocation directe à la commission d’actes de terrorisme ». Le Pnat a fait savoir qu’il n’avait pas encore reçu cette plainte.
Des profils déjà connus des services de renseignement
L’existence du groupe FRDeter a été révélée le dimanche 2 avril par le compte Twitter Tajmaât, qui se présente comme une « plateforme collaborative pour les Maghrébins ». Dans une longue série de messages, il avait diffusé des captures d’écran de conversations dans plusieurs canaux de discussion Telegram, arborant des symboles néonazis et contenant des appels à des actions violentes et de nombreux propos racistes. Certains messages faisaient également état d’une liste de cibles potentielles, un document qui semblait, selon Libération, être une mise à jour d’un document déjà publié en 2021 sur le site d’extrême droite Fdesouche.
Ces groupes Telegram, sous surveillance depuis « fin 2022 », comptaient « plusieurs centaines de comptes », avait détaillé à l’AFP une source policière. Parmi ses utilisateurs, « certains profils étaient déjà connus des services de renseignement ». Selon cette source, ces boucles ont servi « de plateformes d’échange d’idées identitaires pour permettre aux sympathisants de ces idéologies de se retrouver par région ». Ensuite « des profils plus violents et extrémistes sont apparus », suscitant « d’ailleurs parfois la désapprobation d’anciens membres ».
Parmi les utilisateurs, certains se présentaient comme militaires ou policiers, « mais cela reste à démontrer car beaucoup de ces comptes n’ont pas encore été identifiés », avait encore dit lundi la source policière.