une étude met en cause les verrous logiciels qui compliquent la réparation des iPhone

Apple attaquée pour la « sérialisation » de ses pièces détachées


Le site d’aide à la réparation iFixit a un message à faire passer. Dans un article du lundi 25 septembre, ce spécialiste qui fait référence en la matière attribue à l’iPhone 15 une note de simplicité de réparation de 4/10. Quelques jours plus tôt, ce même site rétrogradait la note de l’iPhone 14 sorti un an plus tôt, la faisant passer de 7 à 4/10. La même chose est reprochée à ces deux mobiles : leurs verrous logiciels qui compliquent leur remise en état.

Selon iFixit, le remplacement d’une pièce nécessite souvent de contacter Apple pour que la marque le déverrouille à distance, non sans avoir vérifié qu’il s’agissait d’une pièce officielle. Sans cela, le réparateur s’expose à divers problèmes : dans le cas le moins grave, le mobile fonctionnera mais émettra des alertes angoissantes comme « Impossible de vérifier si cet iPhone possède une batterie Apple d’origine (…) ». Mais d’autres pièces ne fonctionneront alors plus que partiellement, des fonctions étant bridées. Dans d’autres cas, l’application qui tire parti de la pièce détachée refusera de s’ouvrir.

Le site iFixit a réalisé des tests sur plusieurs exemplaires de chaque génération d’iPhone. Selon lui, la liste des pièces à problème s’allonge d’année en année : l’écran souffre de bridage depuis l’iPhone 8 (2017), la batterie depuis l’iPhone XR (2018), les caméras arrière depuis l’iPhone 13 (2021), le système de recharge sans fil depuis l’iPhone 14 (2022) et le scanner Lidar, qui améliore notamment la mise au point photographique, depuis l’iPhone 15 (2023).

« Vaste stratégie »

Pour le spécialiste de la réparation, « petit à petit, les pépins et les bugs se sont accumulés et laissent apparaître une vaste stratégie, un plan systématique visant à exiger l’autorisation d’Apple pour effectuer toute réparation d’iPhone ». Ce bridage entrave l’utilisation de pièces génériques ou le réemploi de pièces issues d’iPhone tombés en panne. En outre, elle pénalise lourdement les réparateurs indépendants, qui se voient appliquer des tarifs prohibitifs pour accéder aux pièces officielles, comme l’a montré une enquête du Monde en octobre 2022.

Sont au contraire favorisés les réparateurs agréés par la marque, qui peuvent contourner les restrictions en accédant aux pièces officielles à des tarifs avantageux, puis en les débloquant grâce à l’aide directe du constructeur. Les services de ces acteurs se monnaient généralement assez cher.

De nombreuses marques attribuent des numéros de série à leurs pièces détachées, relevait en mai Alexandre Isaac, fondateur de The Repair Academy, une entreprise qui forme de nombreux techniciens de réparation à déterminer si une pièce de remplacement est officielle ou pas. Mais, hormis chez Apple, il est extrêmement rare que le changement d’une pièce bride ainsi le fonctionnement d’un téléphone – la pratique est d’ailleurs théoriquement interdite en France depuis la loi antigaspillage de 2021. Le 15 mai, le parquet de Paris a ouvert une enquête à ce sujet, à la suite de la plainte déposée en décembre par l’association française Halte à l’obsolescence programmée.

Le Monde



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