Une juge fédérale de Californie a débouté l’autorité américaine de la concurrence, la FTC, de sa demande de suspension immédiate de l’acquisition de l’éditeur de jeux vidéo Activision par Microsoft, infligeant un premier revers au gouvernement américain dans ce dossier. La décision, datée de lundi et publiée mardi 11 juillet, ne concerne que la procédure d’urgence intentée par la FTC et non le fond de l’affaire, qui sera tranché ultérieurement. Une audience est prévue fin août dans ce dossier.
L’autorité de la concurrence avait lancé cette procédure en référé sur la base d’articles de presse « suggérant que [Microsoft et Activision] envisageaient sérieusement de finaliser l’acquisition » malgré l’opposition de plusieurs régulateurs, selon le document déposé mi-juin. Outre la FTC, son équivalent britannique, la CMA, a mis son veto à ce mariage au nom de la concurrence sur le marché du « cloud gaming » (jeux vidéo joués à distance, sans téléchargement).
Le président de Microsoft, Brad Smith, a néanmoins annoncé mardi que le groupe allait soumettre à la CMA des propositions pour tenter de « répondre [à ses] inquiétudes » quant au rachat d’Activision « d’une manière acceptable ». « Nous sommes prêts à examiner toute proposition de Microsoft pour amender la transaction », a fait savoir la CMA dans une réaction transmise à l’Agence France-Presse (AFP), tandis que Microsoft a choisi de suspendre l’action intentée devant la justice britannique contre le veto initial du régulateur.
Une opération valorisée 69 milliards d’euros
La Commission européenne a, elle, approuvé, en mai, ce rachat. Il ferait du géant de l’informatique le troisième acteur mondial du secteur, moyennant une opération valorisée 69 milliards de dollars (62,6 milliards d’euros), selon l’estimation publiée lors de l’annonce initiale, en janvier 2022.
S’il ne s’agit que d’une décision en référé, les attendus du jugement californien constituent bien un camouflet pour la FTC et augurent d’un parcours judiciaire difficile pour le régulateur. « La FTC n’a pas démontré qu’elle était capable de prouver que cette opération était susceptible d’affaiblir la concurrence dans cette industrie », a écrit la juge fédérale Jacqueline Scott Corley.
« Nous sommes reconnaissants au tribunal de San Francisco pour cette décision rapide et approfondie et espérons que d’autres juridictions continueront à œuvrer à une résolution rapide » des contentieux encore en cours, a réagi dans un communiqué le président de Microsoft, Brad Smith. Le responsable a réaffirmé la volonté du groupe de « répondre aux préoccupations des régulateurs ». Sollicitée par l’AFP, la FTC n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat.